22 juin 2023

Le défilé sulfureux et sombre d’Egonlab pour le printemps-été 2024

Dans l’espace de l’Élysée Montmartre illuminé de projecteurs, Egonlab présentait hier un défilé printemps-été 2024 sombre et festif portée par des silhouettes ultra sexy. L’une des collections les plus abouties du label, où soufflait le vent de liberté des années 80.

Nous sommes en 1984 et une nouvelle figure fait apparition sur la scène pop française. Cheveux courts minutieusement ébouriffés, mains gantées dans des mitaines, lèvres rouges et yeux cernés de noir… L’Italienne Jeanne Mas se démarque par son style ténébreux, à l’image de son premier morceau Toute première fois, tube aussi entraînant que mélancolique qui marquera la décennie. Emblème de la liberté des années 80 autant que l’amour de la fête et des rencontres sensuelles, cette chanson donne son titre – et le ton – à la nouvelle collection du label Egonlab. Une collection qui pousse d’un degré supplémentaire la plongée du jeune duo de créateurs vers la maîtrise d’un vestiaire sombre, chic et sensuel, où l’on ressent l’influence d’un Tom Ford chez Gucci ou d’un Anthony Vaccarello pour Saint Laurent.

 

Un tailoring ultra sexy et ultra précis

 

Si la saison dernière, le label parisien dévoilait déjà le corps à travers des ouvertures discrètes dans les pantalons au niveau des cuisses, l’exposition de la peau se fait ici bien plus franche. Dès le premier look, le haut du torse est exposé par une veste s’arrêtant en dessous de la poitrine, tandis que le nombril apparaît plus loin dans des chemises dont la découpe encadre le haut et le bas du ventre. Que cela passe par les blazers ouverts, les débardeurs courts et fluides, les foulards croisés autour du buste maintenus par les passants des pantalons, mais aussi une robe moulante en mesh transparente, un combishort à sequins dénudant le torse ou encore des photographies de corps nus imprimées sur une chemise, l’érotisme se manifeste à tous les niveaux, corroborée par des matières fluides et soyeuses qui glissent sur les corps avec sensualité. Parmi les pièces fortes de ce défilé, on retiendra particulièrement les pantalons à la taille ultra basse, à quelques centimètres seulement de révéler le sexe, qui ne sont pas sans rappeler les fameux bumsters d’Alexander McQueen. Particulièrement subversif au début des années 90, ces pantalons avaient créé le scandale, amenant les détracteurs du créateur britannique à l’accuser d’indécence.

 

Un défilé aux airs de fête à l’Élysée Montmartre

 

Présenté dans la salle de spectacle L’Elysée Montmartre ce mercredi 21 juin, au rythme du tube de Jeanne Mas remixé avec des beats techno, le défilé Egonlab avait plus que jamais des airs de fête, appuyé par les lumières jaunes des projecteurs qui auréolaient les mannequins. À l’image de la dernière collection, Kévin Nompeix et Florentin Glémarec continuent de proposer des pièces plus extravagantes, en intégrant notamment la fausse fourrure par des manteaux et sacs volumineux et encolures placées sur des trenchs en vinyle. Dans la lignée de cet esprit rassembleur, le duo développe encore ses collaborations en s’associant cette saison au jeune label de bijoux Persta pour créer des pièces subversives, inspirées par les cockrings, et en invitant le sculpteur Flávio Juán Núñes à concevoir la pièce chromée de la dernière silhouette, sorte de carrosserie imitant le mouvement d’un tissu brillant enserrant le torse qui s’envolerait dans les airs. Une belle manière de clore une huitième collection qui s’affirme comme l’une des plus réussies du label depuis sa création en 2019.