29 juin 2023

Les nouveaux parfums Santa Maria Novella, quintessence de l’élégance italienne

Fondée il y a près de 800 ans, la maison italienne de cosmétique et bien-être Santa Maria Novella dévoile pour la première fois une gamme de quatre somptueuses eaux de parfum, inspirée par les jardins des villas des Médicis. À cette occasion, Numéro a rencontré Gian Luca Perris, maître-parfumeur et PDG de l’institution. 

Propos recueillis par Delphine Roche.

© Santa Maria Novella. Photo : Léo d’Oriano.

Rares sont les maisons qui n’ont pas besoin de mentir sur leur storytelling. Santa Maria Novella, à cet égard, n’a rien à inventer. Née en 1221, l’Officina Profumo-Farmaceutica poursuit, 800 ans plus tard, sa vocation originelle : proposer des produits destinés au bien-être et au soin (notamment encore aujourd’hui, une collection de superbes liqueurs aux propriétés médicinales, et absolument délicieuses). Alors que le terme de pharmacie désignait à l’époque le domaine des potions et autres remèdes à base de plantes, et celui des cosmétiques, l’offre de la maison couvre aujourd’hui une vaste collection de savons, bougies parfumées, eaux de Cologne, ainsi que, notamment, la fameuse Acqua di Rose, qui au 14e siècle, pendant l’épidémie de peste, servit de désinfectant et de médicament léger. Aujourd’hui, cette belle référence existe toujours dans la gamme de Santa Maria Novella, développée en une gamme de soins pour la peau à textures légères, délicatement parfumées à l’eau de rose. 

 

Objet de culte dans le monde entier – comme en témoigne la foule internationale qui se presse chaque jour dans la boutique de la marque toujours installée dans son adresse historique – la maison, acquise en 2021 à 100% par la holding d’investissement Italmobiliare, conserve aujourd’hui toute l’aura acquise au fil de ses 800 ans d’histoire, tout en développant de nouveaux produits. Sous la houlette de son maître parfumeur et PDG Gian Luca Perris, Santa Maria Novella présentait l’année dernière sa première Eau de Parfum, L’Iris, en hommage à la fleur emblématique de la ville de Florence. Après son succès, la maison présente cette année une belle collection d’eaux de parfums, I Giardini Medicei. La gamme de quatre fragrances est inspirée de certaines variétés rares de fleurs et de plantes liées à l’histoire de Florence et de la famille Médicis. Au 16e siècle, le patronage de cette dernière a transformé la capitale toscane en un haut lieu de création, de raffinement et de culture, dont l’influence dans les arts, la musique, l’architecture, est inestimable. Son apport dans les domaines de la botanique et du paysagisme est moins connu. Pourtant, en 2013, l’UNESCO inscrivait les jardins de quatorze des villas de la puissante famille Médicis au patrimoine mondial de l’humanité. Présentées en juin au cours d’une expérience exclusive dans les jardins de la Villa Médicéenne de Castello, sur les collines de Florence, les eaux de parfums qui composent la collection I Giadini Medicei célèbrent les trésors botaniques uniques qui se nichent en ces lieux. Parmi les faits extraordinaires qui marquent l’importance historique de la Villa de Castello, figure notamment le fait que Botticelli ait peint La Naissance de Vénus et Le Printemps spécifiquement pour ce lieu – les tableaux furent ensuite transférés à la Galerie des Offices. À l’occasion de la présentation des quatre fragrances des Giardini Medicei, nous avons rencontré et interviewé Gian Luca Perris sur ces nouvelles et somptueuses créations. 

Portrait de Gian Luca Perris, maître parfumeur et PDG de Santa Maria Novella © Santa Maria Novella. Photo : Léo d’Oriano.

Numéro : Pourquoi vous a-t-il semblé, l’année dernière, qu’il était temps d’introduire des eaux de parfum chez Santa Maria Novella, qui comptait jusqu’alors uniquement des eaux de Cologne? 

Gian Luca Perris : Dans les siècles passés, le niveau de concentration et de construction des formules qui était apprécié, était celui des eaux de Cologne. Dans ce domaine, Santa Maria Novella a été très prescripteur. J’ai simplement pensé que le moment était venu, aujourd’hui, de commencer à créer des formules plus complexes et plus concentrées, avec un style plus appuyé. L’Iris, que nous avons présenté l’année dernière, est revisité pour être inclus dans notre collection I Giardini Medicei : son étiquette est nouvelle, sa formule reste inchangée. 

 

Pourquoi cette collection consacrée aux jardins des villas des Médicis? 

Il est bien connu que la famille Médicis était une grande mécène des arts, pendant la Renaissance. On ignore cependant souvent qu’elle a également aidé au développement de recherches importantes dans le domaine de la botanique. Les jardins de leurs villas constituaient pour eux à la fois une démonstration de puissance, et un endroit où profiter de la beauté de la nature. La Villa de Castello est le premier exemple de jardin à l’italienne [inspiration du jardin à la française, né au 17e siècle, le jardin à l’italienne s’est épanoui à la Renaissance]. La variété des plantes, leur beauté, leur organisation ordonnée, sont des éléments concourant à créer une allégorie du pouvoir des Médicis. Par exemple, de très nombreuses espèces d’agrumes sont ainsi présentes. Elles sont cultivées dans de grands vases à terre cuite, et à des fins uniquement esthétiques. Parce qu’ils produisent en permanence des fruits et des feuilles, ils sont considérés comme un symbole de la vie éternelle. 

 

Quelles sont les plantes qui ont inspiré les parfums de la collection I Giardini Medicei ? 

Dans le jardin de la villa de Castello, nous avons découvert une espèce d’agrume rarissime : bizzarria, une chimère périclinale très rare, mélange d’orange amère, de cèdre et de citron, dont l’existence dans ce lieu est attestée dès 1644. Les trois espèces s’expriment au cœur de la plante : parfois, les trois fruits sont présents sur l’arbre, et sinon, ils se combinent au cœur d’un seul fruit d’une forme unique, très étrange. Depuis trente ans que j’exerce le métier de créateur de parfums, la découverte d’une nouvelle espèce botanique est un moment absolument incroyable. Tous les parfumeurs ont travaillé sur la mandarine, sur la bergamote, mais cet agrume est absolument unique : ses notes fraîches de citrus se combinent naturellement à une rondeur fruitée, et aux notes boisées du cèdre. 

© Santa Maria Novella. Photo : Léo d’Oriano.

Pourquoi avoir inclus L’Iris dans cette collection ? 

L’iris est un symbole de Florence, et cette fleur est omniprésente dans les jardins des Médicis. Et en fait, quand nous avons créé L’Iris, l’année dernière, nous avions déjà en tête de développer toute une collection dédiée à Florence et à ses jardins. Plus tard est venue l’idée de créer un packaging spécifique, comme une collection de livres que l’on peut ranger dans une bibliothèque. Ces boîtes en carton, qui peuvent être utilisées ensuite pour stocker des bijoux ou de petits objets, sont inspirées d’une boîte utilisée au 17e siècle par Santa Maria Novella pour des huiles essentielles. 

 

Qu’en est-il de Magnolia, la troisième eau de parfum de cette collection ? 

Le magnolia est un casse-tête pour un parfumeur. Mais dans le jardin de la Villa de Castello, nous avons ces arbres magnifiques qui ont plus de 300 ans, gigantesques. Dans les générations suivant celle de Cosme de Médicis, est venue l’idée d’avoir cette fleur qui donne une touche estivale au jardin. Quand on passe sous les branches d’un magnolia à grandes fleurs – dont les pétales sont blancs, et non roses – flotte un sillage qui rappelle presque des bananes très mûres. L’extraction au CO2 permet d’obtenir une bien meilleure qualité. Cette fragrance est plus sensuelle que le reste de la collection. Disons que Bizzarria est sportive, énergique, L’Iris est élégant, et Magnolia a beaucoup de caractère. 

 

De quelle plante la dernière eau de parfum, Jasmin, est-elle inspirée ? 

Eh bien, je ne sais pas combien de jasmins j’ai senti dans ma vie. Je ne pensais pas qu’il en existait un dont je ne connaisse pas l’existence dans la famille des sambac. Mais dans le jardin de la Villa de Castello, j’ai découvert une petite fleur qui ressemble à une minuscule rose, et le botaniste qui m’accompagnait, à mon grand étonnement, m’a expliqué qu’il s’agissait du jasmin “Grand Duc de Toscane”. C’est une fleur née à Goa, en Inde, qui au 16e siècle, a été offerte par le roi du Portugal au Grand Duc de Toscane, Cosme III de Médicis. Il a immédiatement été fasciné par ce jasmin, incroyablement plus intense que tous ceux que j’ai jamais sentis. Il est devenu tellement obsédé par cette fleur qu’il l’a implantée dans un petit jardin secret au cœur du grand jardin de la villa, auquel seul son meilleur ami et lui-même avaient le droit d’accéder. Il a y a construit des serres pour abriter cette fleur pendant l’hiver. Le sillage de ce jasmin est véritablement unique, doté de notes presque marines, vertes, beaucoup moins animales et charnelles que ne l’est généralement le jasmin. 

© Santa Maria Novella. Photo : Léo d’Oriano.

Quelle eau de parfum a été la plus difficile à composer, pour recréer avec d’autres ingrédients, la sensation exacte de la fleur ou du fruit évoqué ?

L’iris est toujours très difficile à traiter, car on ne peut rien extraire de la fleur, mais simplement de ses racines. J’ai dû reconstruire la fragrance de la fleur en en utilisant d’autres. J’aime écrire des formules très courtes, concentrées sur un ingrédient principal qui est ici un absolu de géranium. 

 

Sur les étiquettes des créations de Santa Maria Novella a longtemps figuré la date de 1612, marquant la naissance de la maison. Vous avez rectifié cette information en faisant désormais figurer la date de 1221. A quoi ces deux dates correspondent-elles ? 

En 1612, l’apothèque de Santa Maria Novella a reçu officiellement le titre d’“Officina Profumo-Farmaceutica” du Grand Duc de Toscane, à qui elle a commencé à payer des impôts. Mais la pharmacie existait depuis 1221, date à laquelle des moines dominicains se sont vu confier une petite église hors des murs qui définissaient à l’époque Florence, ainsi qu’un terrain cultivable, où ils ont planté des herbes et des plantes médicinales pour produire des médicaments et des baumes à destination de l’infirmerie du couvent. Il était important pour moi de revenir à cette date originelle, car dans la petite chapelle intégrée dans notre boutique de Via della Scala, on peut voir des fresques datant du 15e siècle – la chapelle étant un don de Dardano Acciaioli, un aristocrate soigné et guéri en 1332 par les moines dominicains. Dans notre effort pour retrouver l’ADN de la maison, nous avons aussi revu radicalement les formules de nos produits, car au fil des années, des composants chimiques étaient venus s’y immiscer. Nous sommes aujourd’hui revenus à la philosophie originelle de la maison, et des moines dominicains qui l’ont fondée, en proposant des formules composées uniquement d’ingrédients naturels.  

 

Les nouvelles eaux de parfum Santa Maria Novella sont disponibles en boutique et sur smnovella.eu.