Quelle maison de joaillerie réalise les médailles des Jeux Olympiques 2024 ?

La maison Chaumet dévoile les médailles des Jeux Olympiques 2024

Porter un morceau de tour Eiffel autour du cou, pouvoir le tenir près du cœur : il fallait y penser, Paris 2024 l’a fait. Après un an de travail entre le Comité oIympique, la maison Chaumet, la Monnaie de Paris (qui a fabriqué les 5 084 pièces) et la Société d’exploitation de la tour Eiffel, les médailles des prochains Jeux Olympiques made in Paris ( qui auront lieu du 26 juillet au 11 août 2024 ) nous ont été présentées place Vendôme, dans les murs de la maison du joaillier, ancienne demeure de Frédéric Chopin. 

Tout sauf un hasard, tant la conception de ces objets – six au total, trois pour les Jeux Olympiques, trois pour les jeux Paralympiques – fait appel à l’histoire du luxe autant qu’à celle de Paris.

Des morceaux de la tour Eiffel en guise de médailles

Si un bout de tour Eiffel de 18 grammes découpé en hexagone trône au centre de chaque médaille, c’est autant par souci de marquer les esprits que de proposer un design inédit. “Pour ces JO, nous avons pris l’habitude de créer des ruptures, comme la cérémonie d’ouverture en dehors du stade”, explique Joachim Roncin, directeur du design à Paris 2024. “L’échange avec la commission des athlètes, premiers concernés, a débouché sur cette idée très forte, autour du premier symbole universel parisien.” 

La Société d’exploitation de la tour Eiffel a ouvert l’accès à son stock de fer puddlé [ancien procédé d’affinage de la fonte], des morceaux originaux préservés au moment des rénovations. “On a pu récupérer exactement ce dont on avait besoin, au gramme près”, note Joachim Roncin. 

Chaumet est entré en jeu car “il nous fallait de l’excellence française”, poursuit Roncin, qui revendique une influence Art déco, esthétique en vogue au moment des derniers Jeux parisiens… en 1924. La plus ancienne maison de joaillerie parisienne, presque 250 ans d’existence, a consulté ses archives (plus de 66 000 dessins !) à la recherche de pépites, comme l’explique le conservateur Thibault Billoir. “Nous avons repéré des projets de bracelets années 50-60, mais aussi les diadèmes et les bijoux de cheveux réalisés au début du XXe siècle, prémices de l’Art déco chez Chaumet. On y trouve cette idée d’une pierre de centre, autour de laquelle se dessinent des rayons de manière géométrique, créant une alternance et un rythme.” 

L’idée majeure ? Provoquer un effet cinétique puissant. “Paris étant la Ville Lumière, nous avons travaillé sur un facettage irrégulier, pour que la lumière soit accrochée et renvoyée avec beaucoup de mouvement”, confirme Benoît Verhulle, chef d’atelier de Chaumet.

Un athlète fait tant de sacrifices qu’il fallait un objet à la dimension de son effort pour atteindre ce graal.” – Benoît Verhulle

L’objet est épuré, immédiatement lisible, portant un message que détaille la directrice du design chez Chaumet, Clémentine Massonnat-Schaller: “L’idée de ces médailles consiste à faire rayonner la France durant ces Jeux, mais aussi les athlètes qui les porteront. Il y a comme un double sens: ce rayonnement attire l’œil vers le morceau de tour Eiffel, alors qu’en même temps, tout part de lui.” 

C’est là qu’intervient une touche de haute joaillerie à la française, puisque l’insert tour Eiffel est serti via une technique particulière. “On appelle cela un serti griffe, explique Clémentine Massonnat-Schaller. On a traité ce morceau comme une pierre précieuse, un joyau. De plus, les griffes rappellent des rivets comme il y en a dans la tour Eiffel. Nous faisons un métier de détails.”

Si elles feront converger les regards du monde entier sur les podiums, les médailles de Paris 2024 incarneront aussi une histoire intime pour celles et ceux qui vont les remporter. Comme un bijou. “Un athlète fait tant de sacrifices qu’il fallait un objet à la dimension de son effort pour atteindre ce graal.” conclut Benoît Verhulle.

Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 auront lieu du 26 juillet au 11 août 2024 et du 28 août au 8 septembre 2024.