Le jour où Britney Spears a enfin été libérée de la tutelle de son père
Après 13 ans de combats pour sa liberté, une pétition et deux documentaires à ce sujet, un tribunal de Los Angeles a décidé, le mercredi 29 septembre 2021, de retirer Britney Spears de la tutelle de son père. Un grand pas pour la pop star mais aussi pour toutes les femmes (de l’industrie musicale) qui sont trop souvent traitées comme des objets… Alors que Britney Spears vient de sortir son autobiographie, The Woman In Me (La femme en moi), retour sur ce moment important de la pop culture.
Par Violaine Schütz.
On n’osait plus y croire. 13 ans après que le début du calvaire vécu par Britney Spears, la pop star ne vit plus sous le joug surréaliste de son père, Jamie Spears. En effet, le mercredi 29 septembre 2021, à Los Angeles, la juge Brenda Penny a remplacé la tutelle paternelle dont la star faisait l’objet pour sa prétendue « démence » par une tutelle exercée par des professionnels choisis par la chanteuse. Pendant l’audience, Mathew Rosengart, l’avocat de Britney Spears, a plaidé : “Cet homme (Jamie Spears, ndr) n’a pas sa place dans sa vie un jour de plus. Il doit être suspendu aujourd’hui, Britney Spears plaide pour cela. C’est une décision très facile à prendre. Ma cliente sera extraordinairement désemparée si M. Spears reste conservateur un jour de plus.” La juge a entendu ses arguments et déclaré : “Cette décision s’inscrit dans le meilleur intérêt de la personne sous tutelle, ce qui est mon objectif”. La fin de la mise sous tutelle de la star se termine officiellement lors d’une audience ultérieure se déroulant le 12 novembre 2021, à Los Angeles, alors qu’une foule de fans vient soutenir la star.
La fin de la tutelle de Britney Spears en 2021 : un grand pas pour la chanteuse
Il s’agit là d’une avancée considérable pour Britney Spears, qui malgré son statut d’immense pop star mondiale se retrouvait sous l’emprise d’un homme. Pendant des années, l’artiste ne pouvait rien faire sans l’aval de son père et des hommes qui travaillaient avec lui. Placée sous tutelle en 2008 après des signes de troubles mentaux – Britney est bipolaire-, la star n’avait pas le droit de conduire, d’avoir un enfant (elle devait porter un stérilet) ou de dépenser son argent comme elle l’entendait. Un véritable cauchemar qui a mené les fans de la chanteuse à lancer le mouvement “Free Britney.” Des détails perturbants concernant cette situation ubuesque jugée abusive par la pop star avaient déjà été révélés par le bouleversant documentaire Framing Britney Spears (2021) produit par le New York Times. On apprenait notamment que le père avait placé des caméras de surveillance dans la chambre de sa fille. Puis un film diffusé par Netflix en 2021, Britney vs Spears, dévoilait d’autres faits particulièrement tristes qui se seraient déroulés durant la tutelle de Jamie Spears.
Britney Spears dénonce sa tutelle abusive dans son livre La femme en moi
Dans le documentaire Netflix Britney vs Spears, il était question d’une permission que la chanteuse devait obtenir pour conduire une voiture de golf dans son quartier ou encore de l’argent qu’elle devait demander afin d’acheter des livres pour ses enfants. Tenue au silence et « droguée » par des médicaments, Britney Spears n’aurait également pas eu le droit de s’exprimer à la télévision sur son divorce avec Kevin Federline. Pendant ce temps, explique le documentaire Netflix, l’entourage du père de la chanteuse empochait les dollars générés par la musique de la chanteuse… Dans l’autobiographie de la star, The Woman in Me (La femme en moi), sortie ce mois-ci chez JC Lattès (en France), Britney Spears revient sur d’autres détails de sa tutelle et sur le rôle néfaste qu’a tenu son père dans sa vie. « Il n’y a que l’argent qui compte pour lui, écrit la chanteuse (…) Un alcoolique, qui avait fait faillite, dont la carrière s’était soldée par un échec, et qui m’avait terrifiée toute mon enfance. » Elle raconte que lors de sa tutelle, elle a notamment été forcée d’ingérer des médicaments. « D’un côté, j’étais trop malade pour pouvoir me choisir un petit ami, mais de l’autre j’allais suffisamment bien pour jouer dans un épisode de sitcom, participer à des matinales et chanter devant des milliers de personnes dans un coin différent du monde chaque semaine. » Dans un passage poignant, la pop star explique avoir accepté cette triste réalité car elle était piégée : « Comme j’ai joué selon les règles, j’ai gagné le droit de revoir mes fils (…) renoncer à ma liberté en échange de siestes avec mes enfants était un marché qui me convenait. »
La fin de l’emprise de Jamie Spears sur sa fille est un symbole fort. De nombreuses pop stars des années 90 et 2000 ont, à l’image de Britney, étaient façonnées et contrôlées par des hommes puissants qui restaient dans l’ombre. Mariah Carey a ainsi déclaré dans son autobiographie sortie en septembre 2020 combien son ancien mari, l’ex patron de Sony Tommy Mottola, avait dépassé les limites avec elle, la filmant 24h sur 24. Britney Spears, qui à l’âge 41ans, est enfin libre et a repris possession de sa narration. Une excellente qui devrait donner des ailes à beaucoup d’autres victimes, célèbres ou anonymes, qui souffrent de dominations toxiques.
Britney vs Spears (2021) d’Erin Lee Carr et Jenny Eliscu, disponible sur Netflix. The Woman in Me (La femme en moi) de Britney Spears, disponible aux éditions JC Lattès en France.