7 déc 2023

Pourquoi la Rolls-Royce est encore la voiture la plus luxueuse du monde

Numéro revient sur le succès de la firme britannique Rolls-Royce – qui a battu son propre record de vente en 2023 – et révèle les secret de la voiture la plus luxueuse du monde…

La marque de luxe emblématique Rolls-Royce défend son modèle Ghost

 

Les équipes de Rolls-Royce n’ont rien laissé au hasard. Fin 2023, c’est au cœur des vignobles vallonnés de Provence, entre les oliveraies et les champs de lavande que la griffe britannique de voitures de luxe (et de moteurs d’avion) a choisi de présenter ses nouveaux modèles. Les imposants véhicules raffinés se dressent fièrement sur le parvis de la Villa La Coste, un hôtel de luxe niché sur une splendide colline, au beau milieu du domaine viticole du château éponyme. 

 

Et l’esprit humain associe inévitablement ces créations motorisées aux œuvres d’art qui essaiment le domaine provençal; citons pêle-mêle une araignée de Louise Bourgeois, un pavillon en épicéa plongé dans l’obscurité signé Tadao Ando, une improbable sépulture imaginée par Sophie Calle, une plateforme en acier de Tracey Emin, le pavillon musical de Frank Gehry, un monolithe de Lee Ufan dessinant une ombre qui n’existe pas, une galerie d’art en lévitation de Richard Rogers, La Grande Croix rouge en verre de Murano de Jean-Michel Othoniel et les imposantes plaques métalliques de Richard Serra qui découpent la montagne comme des hachoirs…

Une marque incontournable depuis 1904

 

Plus qu’un simple véhicule, la Rolls-Royce a toujours été une sorte de personnage que tout le monde semble connaître. Et c’est peut-être pour cela que, lorsqu’une bande d’automobiles inestimables débarque dans les ruelles silencieuses d’Aix-en-Provence, les badauds interrompent subitement leur balade dominicale, saisis par l’improbable défilé… La Rolls-Royce a plus d’un siècle d’existence. Elle est née en 1904 de la rencontre entre Frederick Henry Royce, aristocrate passionné de mécanique et Charles Rolls, un spécialiste des moteurs. Les deux compères se lancent immédiatement dans la construction d’une automobile et, deux ans plus tard, imaginent déjà un logo qui traversera les âges… un blason comportant deux R entrelacés dans un rectangle. Si le logo évolue avec le temps, la devise de la griffe reste la même : “The best car in the world.” 

 

En 2022, la marque britannique enregistrait ses meilleurs vente avec 6021 véhicules. Record dépassé aussitôt l’année suivante avec 11 voitures supplémentaires. Prix d’appel : 350 000 euros. Mais c’est le modèle La Rose Noire qui s’est récemment imposé comme la voiture la plus chère du monde… un modèle unique estimé à près de 30 millions d’euros dont le toit intègre un panneau en verre capable de s’assombrir automatiquement. Quant au tableau de bord, il se compose de 1 603 triangles d’érable sycomore, finis et assemblés à la main sur une période de deux ans. De son côté, Le Figaro révélait que la contribution de Rolls-Royce à l’économie britannique s’élèvait à plus de 4 milliards de livres sterling (soit 4,6 milliards d’euros) depuis l’année 2003. Ce succès pousse inévitablement Rolls-Royce à amorcer sa transition vers l’énergie électrique – dont le modèle Spectre sera le fer de lance – en visant 100% d’automobiles vertes à l’horizon 2030.

 

 

 

L’artisanat et la personnalisation poussés à l’extrême

 

Mais alors quelles sont les raisons de ce succès ? Des matériaux d’exception, une personnalisation intégrale du véhicule et, surtout, une stratégie qui mise sur la rareté du produit. En témoigne ce véhicule intégralement rose fucshia créé spécialement pour la DJ internationale Champagne Rose. Qu’on ne s’y trompe pas : Rolls-Royce exauce les moindre désirs de ses clients. Tandis que le continent américain conserve près d’un tiers des ventes de Rolls-Royce au monde, talonné par la Chine qui affole les compteurs.

 

En 2009, Rolls-Royce a lancé son premier modèle Ghost au Salon automobile de Francfort. Plus “compact” que le Phantom, produit star de la maison, il cible un nouveau groupe de clients avides de minimalisme et de savoir-faire. La variante Ghost Extended, dotée d’options supplémentaires suivra dans la foulée, en 2011. Si la première génération Ghost est devenue une référence c’est parce que la voiture est l’une des plus grandes réussites de la firme qui a logiquement accéléré sa production. Couleur, matériaux, détails et commandes… ce modèle est une sorte de toile vierge dont le potentiel n’a qu’une seule limite : l’imagination du propriétaire. Il a également été pensé pour convenir à une clientèle bien plus jeune qui se démarque des autres clients puisqu’elle conduit elle-même son véhicule. Car dans l’inconscient collectif… on ne conduit évidemment pas sa Rolls-Royce soi-même. Un responsable de la firme nous en dit davantage

 

– Mais qui conduit lui-même sa Rolls-Royce ?

– Figurez-vous que c’est de plus en plus courant. Voyager à bord d’une Rolls-Royce devra toujours être une véritable expérience. Le trajet doit être le plus agréable possible d’autant que les passagers s’attarderont sur les matériaux qui composent le véhicule et voudront forcément savoir d’où ils proviennent. C’est pourquoi chacune de nos automobiles doit être unique et entièrement personnalisée.

– Et c’est encore possible aujourd’hui ça ?

– Oui parce que nous fabriquons encore très peu de voitures. Nous avons donc le temps de construire les automobiles lentement et de prendre le temps de discuter longuement avec nos clients pour concevoir parfaitement leur Rolls-Royce.

 

 

Un véhicule inestimable immédiatement reconnaissable

 

La discussion ne s’arrête pas là. Numéro souhaite connaître les secrets de cette voiture massive et impressionnante…

 

– Pourquoi la Rolls-Royce est-elle immédiatement reconnaissable ?

– Certaines règles d’or nous permettent de respecter l’héritage de la marque. D’abord, à l’avant du véhicule, on retrouve la célèbre calandre Panthéon. Mais le plus important pour nous, c’est cette ligne horizontale créée par l’orientation des phares qui se situent justement sous la calandre tandis que l’emblème Rolls-Royce, lui, s’élève au-dessus de l’horizon. D’un point de vue strictement architectural, les proportions du toit, du capot ainsi que l’agencement des lignes de fuite induit alors cette sensation de calme et de sérénité.

– On dirait presque que la voiture flotte…

– Exactement ! Et même qu’elle plane comme un tapis volant. Vous savez pourquoi ? Parce que la ligne de flottaison est dissimulée dans l’ombre, au bas de la voiture. C’est ce qui donne l’impression que la voiture est une sorte de yacht.

 

Pour concevoir ses véhicules, Rolls-Royce fabrique toujours au préalable un modèle en argile en taille réelle. Les sculptures successives puis les différentes modélisations numériques permettent alors d’obtenir le design parfait. Et la dimension artisanale est au centre du savoir-faire Rolls-Royce : l’automobile est conçue comme un monolithe, c’est à dire pensée en un seul bloc, comme la coque d’un navire que l’on pourrait remplir par la suite. Un appartement design – inspirée de l’architecture navale – qui se déplace alors sur la route. Sans un bruit. Lorsque la surface d’un yacht reflète les vagues, le flanc de la Rolls-Royce, lui, reflète la route. Progressivement, le travail autour des lignes de fuite a donc donné naissance au modèle Ghost bicolore pensé comme un salon élégant et chaleureux laissant apparâitre le plafonnier “Starlight” emblématique. Et c’est alors que les étoiles se mettent à scintiller dans l’habitacle…