Yves Saint Laurent, Gianni Versace, Mugler : le Ballet de Marseille en 3 collaborations mythiques
Comment les créateurs de mode ont-ils marqué l’histoire de la danse ? Jusqu’au 30 avril 2023, à Moulins, le Centre national du costume de scène (CNCS) expose 50 ans de créations exceptionnelles signées par des couturiers mythiques pour le Ballet national de Marseille. Focus sur Yves Saint Laurent, Gianni Versace et Casey Cadwallader.
Par Camille Bois-Martin.
À la tête du Ballet national de Marseille depuis 2019, le collectif (LA)HORDE montre au Centre national du costume de scène de Moulins comment la danse est un art total. À la musique et à la chorégraphie s’ajoute le plaisir des costumes, souvent signés de grands couturiers, dans lesquels les danseurs ont ébloui le public depuis 1972 (date de création du Ballet national de Marseille par le chorégraphe Roland Petit). La scénographie vivante conçue par Julien Peissel propose au visiteur de s’immerger dans cette passionnante histoire à travers une série de tableaux mêlant photographies, vidéos, accessoires, et bien sûr costumes, portés par des mannequins semblant prêts à sauter, valser ou s’élancer dans une chorégraphie endiablée. Une invitation à traverser les époques, des années 70 à aujourd’hui.
Au sein de l’exposition Danser l’image, les ensembles à l’élégance millimétrée imaginés par Yves Saint Laurent pour Roland Petit de 1959 à 1984, précèdent la folie colorée des tenues créées à l’aube des années 90 par Gianni Versace pour le même chorégraphe, avant les fameux justaucorps Mugler imaginés par Casey Cadwallader pour (LA)HORDE, en 2021.
1. Les costumes classiques (avec un twist) d’Yves Saint Laurent pour le chorégraphe Roland Petit
Lorsqu’il rencontre Roland Petit, Yves Saint Laurent n’a pas encore vingt ans. Chorégraphe influent marié à la danseuse – et future muse du couturier – Zizi Jeanmaire, il propose en 1959 au jeune créateur d’imaginer les costumes de son prochain ballet Cyrano de Bergerac. Débute alors une collaboration prolifique pendant près de vingt ans qui verra naître le Ballet national de Marseille en 1972 et ses célèbres spectacles : La Rose Malade en 1973, Hollywood Paradise en 1984… Ou encore Notre-Dame de Paris en 1965, première chorégraphie de Roland Petit à intégrer le repertoire de l’Opéra de Paris, pour laquelle Yves Saint Laurent imagine des costumes médiévaux ultra-colorés, dont les motifs rectangulaires annoncent ceux de sa célèbre collection haute couture inspirée par le peintre néerlandais Piet Mondrian. Et si Yves Saint Laurent surprend en revisitant les coupes et les couleurs classiques des costumes de ballet, il imagine néanmoins pour Roland Petit des costumes dont la fonction reste traditionnelle : décrire le personnage et sa fonction au sein du ballet, intégré au sein d’une chorégraphie au propos narratif.
2. L’effervescence des eighties : les costumes colorés et dans l’air du temps de Gianni Versace
Gianni Versace avait le goût du spectacle – en témoignent le souvenir de l’énergie électrique de ses de ses défilés qui ont vu naître les premières supermodels. Parmi ses premières incursions dans le monde de la danse, on compte notamment ses créations pour le Ballet national de Marseille, pour lequel il imagine les tenues de Java Fever et Tout Satie en 1988. Alors que son pendant français concentrait son attention sur les personnages, le créateur italien conçoit pour ces spectacles un univers fantasque dont les costumes s’inscrivent totalement dans leur époque, inspirés par les tendances sportswear et colorées des eighties. “J’ai oublié les cocardes et drapeaux tricolores. Ma révolution sera faite par des gymnastes qui expriment au mieux la vitalité et le dynamisme qui caractérisent la France d’aujourd’hui et de toujours” raconte Gianna Versace à propos des costumes (cité dans le catalogue de l’exposition). Justaucorps blanc ou jaune, pantalons amples bleu électriques, bodys brodés de strass, combinaisons multicolore… Les personnages du spectacle Java Fever et Tout Satie, représentés à l’occasion du Bicentenaire de la Révolution française, sont ancrés dans l’air du temps, pris dans l’effervescence Versace qui embrase la fin des années 80.
3. Épouser le corps, libérer les mouvements : Casey Cadwallader pour Mugler
Thierry Mugler a été le premier – et probablement le meilleur – showrunner de la mode, organisant dès le début des années 80 des défilés spectaculaires. Dans la lignée du créateur français disparu en janvier 2022, son successeur Casey Cadwallader s’unit aux arts vivants du spectacle et de la danse en imaginant en 2021 des costumes sur mesure pour les danseurs du Ballet national de Marseille, dirigé par (LA)HORDE. Pour le spectacle MOOD, il revisite l’académique – combinaison une pièce moulante portée en danse classique – qu’il compose d’empiècements en mesh couleur chair et noires, épousant parfaitement le corps des deux danseuses, du bout des pieds à la pointe des doigts. Les costumes de Casey Cadwallader mettent ainsi l’accent sur la chorégraphie et les mouvements des artistes, libérées des costumes qui entravent le mouvement ou trop lourds.
Le Ballet national de Marseille, “Danser l’image”, jusqu’au 30 avril 2023 au Centre national du Costume de Scène, Moulins.
2. L’effervescence des eighties : les costumes colorés et dans l’air du temps de Gianni Versace
Gianni Versace avait le goût du spectacle – en témoignent le souvenir de l’énergie électrique de ses de ses défilés qui ont vu naître les premières supermodels. Parmi ses premières incursions dans le monde de la danse, on compte notamment ses créations pour le Ballet national de Marseille, pour lequel il imagine les tenues de Java Fever et Tout Satie en 1988. Alors que son pendant français concentrait son attention sur les personnages, le créateur italien conçoit pour ces spectacles un univers fantasque dont les costumes s’inscrivent totalement dans leur époque, inspirés par les tendances sportswear et colorées des eighties. “J’ai oublié les cocardes et drapeaux tricolores. Ma révolution sera faite par des gymnastes qui expriment au mieux la vitalité et le dynamisme qui caractérisent la France d’aujourd’hui et de toujours”, raconte Gianni Versace à propos des costumes (cité dans le catalogue de l’exposition). Justaucorps blanc ou jaune, pantalons amples bleu électrique, bodys brodés de strass, combinaisons multicolores… Les personnages du spectacle Java Fever et Tout Satie, représentés à l’occasion du Bicentenaire de la Révolution française, sont ancrés dans l’air du temps, pris dans l’effervescence Versace qui embrase la fin des années 80.