9 juin 2020

Visitez le salon de Donatella Versace

Roi Midas au corps de Vénus, Donatella Versace transforme tout ce qu'elle touche en or. De l’énorme diamant jaune qu'elle porte à son doigt à sa chatoyante crinière platine, la sculpturale créatrice italienne – sœur de feu Gianni Versace, qui en 1978, fonda la maison dont elle tient aujourd’hui les rênes – assume pleinement son goût immodéré pour tout ce qui brille. Et tant mieux.

Par Philip Utz.

Photo par Jonathan de Villiers.

Poussées à leur paroxysme chez Versace, grandeur et démesure transcendent les diktats bourgeois du bon et du mauvais goût. Vulgaire ? Nouveau riche ? Kitsch . Bien au contraire, l’opulence revendiquée par la marque et les excès de sa créatrice témoignent d’une vérité, d’une légitimité éblouissnte. Sous ses airs de décor en carton-pâte, l’univers Versace est cohérent et convainquant. 

 

C’est dans le fastueux palazzo où vivait et travaillait Gianni, via Gesù à Milan, que la blonde vestale reçoit ses invités de marque pour de légendaires bacchanales. J.lo, Beyoncé, Madonna et Gwyneth s’y précipitent, et les bougies dorées s’y consument jusqu’à l’aube. Dans ses appartements privés trônent des chefs-d’œuvre de l’Antiquité : bustes romains, obélisques de marbre et vases peints à la main– hérités de son frère passionné d’art et de sculpture – sont aussi indémodables que les bas-reliefs, les colonnes ou la chaise médaillon au cadre de bois sculpté tendu de satin rouge impérial. Les roses noires, quant à elles, sont assorties à l’humour de la maîtresse de maison.

 

 

Photo par Jonathan de Villiers.

Le mobilier du salon, issu de la collection Versace home 2012-2013, est orné des célèbres motifs rococo imprimés sur fond néoclassique de la maison. Une statue romaine, une amphore et une sculpture grecque – autant de pièces de musée – viennent compléter le tableau. Les cendriers posés sur la table basse semblent indiquer que Donatella n’est pas de celles qui prient leurs hôtes d’aller fumer à la fenêtre. Mais si dans l’inconscient collectif le style de la maison Versace se résume aux épingles de nourrice d’Elizabeth Hurley et aux décolletés de J.lo, le Palazzo Versace raconte une tout autre histoire. Les strass et les paillettes sont anecdotiques. Ce qui fait la magie de la marque – et ce qui en assure la pérennité – c’est son esthétique empruntée aux adonis et vénus de la nuit des temps, des canons de beauté qui ne sont pas près de se démoder.

Photo par Jonathan de Villiers.