Rencontre avec Jeanne Damas, la Paloma Picasso de la série Becoming Karl Lagerfeld

L’interview de l’actrice Jeanne Damas, la Paloma Picasso de la série Becoming Karl Lagerfeld 

 

Numéro : Vous jouez la créatrice de mode Paloma Picasso dans la série Becoming Karl Lagerfeld. Comment s’est déroulée cette expérience ?

Jeanne Damas : Tout était très nouveau pour moi parce que c’est la première fois que je joue dans une série et que je participe à un projet aussi grand. J’ai déjà joué dans des courts métrages et dans deux longs métrages (La Sincérité de Charles Guérin-Surville et Rock’n Roll de Guillaume Canet) mais j’interprétais des petits rôles. Sur le tournage de la série Becoming Karl Lagerfeld, j’ai découvert plein de choses. Bref, c’était une expérience impressionnante et très enrichissante. 
 

Est-ce que vous avez une scène fétiche qui vous a particulièrement marquée ?

Je dirais que la scène du mariage de Paloma Picasso avec le metteur en scène Rafael Lopez-Sanchez. Parce que non seulement je me marie mais pas dans n’importe quelle robe. La créatrice de costumes Pascaline Chavanne a reconstitué la robe du soir faite par Karl Lagerfeld pour Paloma Picasso en 1978, une robe de satin rouge très volumineuse (tandis que c’est Yves Saint Laurent qui a créé sa tenue de jour, ndlr). Cette pièce a été conçue sur mesure et a nécessité toute une préparation en amont, ce qui m’a beaucoup intéressée, vu que je travaille dans la mode et que j’adore les vêtements. J’ai également découvert le métier de créatrice de costumes qui est complètement différent de celui de créatrice de mode. Le fait de réaliser de nombreuses recherches et de se plonger dans les archives, c’est aussi ça qui m’a aidée à entrer dans mon personnage et à mieux comprendre le style de Paloma Picasso. Cela m’a permis de voir comment cette femme s’exprimait à travers la mode (qui la définissait) et avec laquelle elle a beaucoup joué.

 

Comment était-ce de tourner avec Daniel Brühl et tous ces acteurs connus ?   

Je suis chanceuse d’avoir été entourée d’acteurs géniaux comme Daniel Brühl, Théodore Pellerin, Arnaud Valois ou encore Alex Lutz. C’était inspirant de les regarder jouer. Je connaissais déjà Arnaud Valois depuis longtemps ainsi que Claire Laffut qui joue Loulou de la Falaise puis j’ai vraiment sympathisé avec Théodore Pellerin, Alex Lutz et Daniel Brühl. Ce sont de super acteurs ! 

 » J’espère que Paloma Picasso sera contente si elle voit la série Becoming Karl Lagerfeld. » Jeanne Damas

 

Comment êtes-vous entrée dans la peau de Paloma Picasso ? 

Je crois que je me la suis appropriée de façon assez naturelle aussi parce que la série n’a pas voulu faire un copier-coller de la réalité. On pouvait donc librement adapter les personnages et les modeler en leur apportant une certaine modernité. J’espère en tout cas que Paloma Picasso sera contente si elle voit Becoming Karl Lagerfeld. 

 

Dans quelle mesure la créatrice de mode et femme d’affaires Paloma Picasso vous inspire-t-elle ?

Tout m’inspire chez elle. Elle est la fille d’un monstre sacré – Pablo Picasso – de l’art mais la fille illégitime car sur son acte de naissance, il y a écrit « enfant né de père inconnu ». Se construire dans ces conditions-là a forgé sa personnalité. Je crois qu’elle était assez timide à la vingtaine mais de façon paradoxale, elle avait un style déjà très affirmé et extravagant. Elle s’habillait en vintage, avec des vêtements des années 40, ce qui ne se faisait pas du tout dans les années 70. Ce style vraiment avant-gardiste et personnel a d’ailleurs beaucoup inspiré Yves Saint Laurent notamment pour sa collection « Libération », qui a été présentée lors d’un défilé en 1971 et qui a fait scandale à l’époque. Paloma Picasso était une icône et une muse aux yeux des créateurs qu’elle fréquentait. J’ai aussi entendu dire que c’était une femme d’une grande gentillesse, très douce et intelligente.

« En réalité, le cinéma ne me quitte jamais vraiment car il m’inspire toujours pour mes collections. » Jeanne Damas 

 

Quelle image est-ce que vous gardez de Karl Lagerfeld ? Est-ce que vous l’aviez rencontré ?
Oui, je l’ai rencontré une fois et je l’ai croisé plusieurs fois, mais de loin. Je garde cette image d’un créateur qui s’était construit un personnage complexe : celui des années 2000 qui était alors chez Chanel. Ce qui est passionnant dans la série, c’est qu’on découvre son parcours ainsi que les débuts plutôt tumultueux du prêt-à-porter face à la haute couture. De son ascension à son passage chez Chloé et Fendi, sans oublier tous les échecs par lesquels il a dû passer, on voit un côté plus sombre de Karl Lagerfeld que les gens ne connaissent pas forcément. Par rapport à Yves Saint Laurent, qui était un peu plus snob et parisien, il a amené quelque chose de plus léger. Et je pense qu’il avait toujours un temps d’avance, ce qui lui a permis de durer. 

 

Quel place occupe le cinéma dans votre vie ?

Je suis une vraie passionnée de cinéma. J’ai commencé par le théâtre en faisant l’école Blanche Salant à Paris pendant 3 ans puis j’ai fait quelques castings et j’ai créé ma marque Rouje en 2016 qui a pris tout de suite beaucoup de place. Aujourd’hui, je ne dirais pas non à d’autres propositions de rôles mais je ne veux pas que ça devienne mon activité principale. En fait, le cinéma ne me quitte jamais vraiment car il m’inspire toujours pour mes collections.

 

Becoming Karl Lagerfeld (2024), créée par Isaure Pisani-Ferry, Jennifer Have et Raphaëlle Bacqué, avec Daniel Brühl, Théodore Pellerin, Arnaud Valois, Jeanne Damas et Alex Lutz, disponible sur Disney+ le 7 juin 2024.