Qui est Cyril Benzaquen, le boxeur que la mode adore ?
Boxeur mais également mannequin occasionnel, le Français a défendu et conservé le 31 mai au Grand Palais éphémère son titre de champion du monde de kickboxing, dans un événement dont il a conçu la direction artistique.
Par Delphine Roche.
Il a organisé son combat au Grand Palais – un honneur qui n’avait pas été accordé à un boxeur depuis le célébrissime Marcel Cerdan, le fiancé d’Edith Piaf. Le profil de Cyril Benzaquen, dans le milieu de la boxe, est en effet en tous points atypiques. Alors qu’il est étudiant en management et entreprenariat à Paris Dauphine, entre 2012 et 2015, il poursuit déjà une carrière de boxeur de très haut niveau, qui l’amène à remporter un titre de champion du monde WMF de boxe thaïe. Il a alors une idée de génie : pour son projet de fin d’études, il organise dans le grand amphithéâtre de son université le Dauphine Boxing Tour, au cours duquel il est sacré pour la première fois champion du monde ISKA de kickboxing.
Conscient du potentiel de l’image et de la mode, il soigne ses tenues et ne tarde pas à se rapprocher du monde de la mode. “L’enjeu de la boxe est un combat, mais le moment où l’on évolue sur le ring est comparable à une performance artistique. Pendant quelques dizaines de minutes, les yeux sont rivés sur vous, comme si vous étiez un artiste qui se produit sur scène. Le boxeur se fait beau avant de monter sur le ring”, explique-t-il. C’est d’abord vers Jean Paul Gaultier qu’il se tourne, pour confectionner sa tenue de scène en 2015, qu’il arborera encore notamment pour son premier combat dans la très prestigieuse organisation de kickboxing, le Glory championship. “Jean Paul avait proposé en 2010 une tenue de boxe, dans l’une de ses collections. Ses couleurs correspondaient parfaitement à ce que je recherchais. L’atelier a donc retaillé ce beau short en satin à ma taille.”
Un peu plus tard, la maison Versace met la boxe thaïe à l’honneur dans son défilé masculin printemps-été 2019, avec une série de magnifiques shorts en satin arborant tous les codes, typographies et couleurs typiques des vêtements de cet art martial millénaire et noble. De très beaux peignoirs noirs et or mêlant le logo Versace et l’iconique méduse s’ajoutent à ces shorts. Cyril s’en vêtira sur plusieurs de ses combats. Plus récemment, les ateliers Lesage lui ont confectionné tout spécialement un sublime peignoir brodé, qu’il arborera mardi pour son combat. “Olivia Douchez, première d’atelier amatrice de boxe, et Hubert Barrière, directeur de l’atelier Lesage, ont conçu cette tenue pour moi, poursuit Cyril Benzaquen. À mes yeux, c’est une véritable œuvre d’art pourvue d’une grande capuche qui permet de cacher son visage pour cultiver le mystère et cacher son émotion quand on monte sur le ring.”
Se cacher en pleine lumière, cultiver l’élégance lorsque les coups pleuvent… fort de sa vision unique, presque philosophique, du noble art, Cyril Benzaquen poursuit des conversations multiples avec des personnalités telles que les photographes de mode Matthew Brookes, par ailleurs passionné de danse classique qu’il immortalise comme nul autre, ou le portraitiste et photographe de mode Mathieu César, connu pour ses images au noir et blanc dramatique. Il a aussi participé en 2019 à la performance artistique de Rocca Dell au Palais de Tokyo, mêlant danseurs et boxeurs de muay thaï. Tous ces éléments, ajoutés à son style technique et très tactique, font de lui un boxeur fascinant, à suivre absolument.