15 avr 2024

Paris 2024 : rencontre avec Stéphane Ashpool, le créateur derrière les tenues des JO

Des médailles incrustées d’un morceau de Tour Eiffel aux malles Louis Vuitton, les Jeux Olympiques 2024 sont l’occasion parfaite de célébrer le savoir-faire et l’esprit créatif français. À commencer par celui de Stéphane Ashpool, qui signe les tenues du Coq Sportif que les athlètes arboreront fièrement cet été. Rencontre avec le créateur.

Propos recueillis par Camille Bois-Martin.

En mars dernier, le Coq Sportif révélait le vestiaire que les sportifs s’apprêtent à revêtir lors des compétitions des Jeux Olympiques 2024. Masques tricolores pour les escrimeurs, casques triangulaires pour les cyclistes, pantalons palazzo pour les archers, bottes ornées d’un large fanion pour les cavalières… Surprenantes et innovantes, ces tenues se déclinent dans des dégradés de rouge, de bleu et de blanc, à la croisée des disciplines, entre technicité et style. À l’image de leur créateur, le parisien Stéphane Ashpool, fondateur de la marque de sportswear Pigalle, qui relève ainsi haut la main un défi de taille : représenter les couleurs de la France, à l’occasion de l’un des plus grands évènement jamais organisé ces derniers décennies. Numéro est allé à sa rencontre pour parler mode, challenge et – bien sûr –, de Paris 2024

 

Rencontre avec Stéphane Ashpool, créateur des costumes des Jeux Olympiques 2024

 

Numéro : Avec votre marque Pigalle fondée en 2008, vous avez développé un vestiaire sportswear novateur. Quelles étaient vos inspirations ?

Stéphane Ashpool : J’ai commencé de façon très intuitive. Je suis parisien, et j’aime le sport autant que l’élégance. J’ai la chance d’avoir grandi dans un quartier [Pigalle]  avec une grande mixité d’inspirations. J’adorais la brillance de la soie des tenues de cabarets, les maillots des joueurs de basket… J’en ai créé quelque chose qui m’appartient, de très intuitif et spontané. 

 

Comment expliquez-vous le succès actuel de la tendance sportswear ? 

Si aujourd’hui le sportswear est très à la mode, c’est avant tout grâce à la place de plus en plus grande que les sportifs ont pris. Mais ce ne sont, comme toujours, que des cycles. 

 

Je me souviens que, l’une des premières choses que les athlètes m’ont dit, c’est “on veut être beau, on veut se sentir bien” ! – Stéphane Ashpool

 

 

Vous avez évoqué le satin des costumes de cabaret, où votre mère dansait. Comment est-ce que ces souvenirs influencent aujourd’hui votre création ?

Ce sont des inspirations qui sont inconscientes, qui résident dans mes rêves ou qui refont surface au gré d’une idée. Quand j’imagine, par exemple, le logo d’une équipe sur un maillot, il y a toutes ces couleurs qui me reviennent, j’ai envie d’ajouter une plume ou de créer un volume. Ce sont des images que j’ai emmagasinées enfant et j’ai du mal à mettre des mots dessus. 

 

Vous comparez souvent la couture au sport…

Dans le sport comme dans la couture, si on n’est pas discipliné et qu’on ne répète pas son geste, c’est mal barré. La rigueur rassemble ces deux milieux. Et puis on oublie souvent l’esthétique au profit de la technique quand on imagine des vêtements de sport. Je me souviens d’ailleurs que, l’une des premières choses que les athlètes m’ont dit, c’est “on veut être beau, on veut se sentir bien” !

 

Vous signez en effet les tenues des athlètes français pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Quelle a été votre première réaction lorsque vous l’avez appris ?

C’était très particulier. J’étais très content mais, en même temps, déjà très occupé. Quand ça s’est fait, je me suis simplement dit : “let’s go, je travaille quand et comment”. J’ai l’impression que c’était dans la continuité de ma carrière, comme si j’avais provoqué cette nomination indirectement avec mes projets ces dernières années. Mais je pense que je ne pourrais prendre du recul sur tout ça qu’une fois les Jeux Olympiques terminés.

 

Pourquoi avez-choisi de réaliser ces dégradés de couleurs tricolores ?

Je voulais recréer le drapeau français en illustrant un métissage, en imaginant des nouvelles couleurs qui représentent la France d’aujourd’hui, la différence des corps, des sports. Je souhaitais créer une identité plus pop, plus moderne, et enlever toutes barrières entre ces teintes.

 

Quel a été le plus grand défi de cette collection ?

Le plus difficile était de parvenir à tout produire en France. C’est l’un des challenges du Coq Sportif et, on ne s’en rend pas compte, mais c’est un défi énorme car, si on on a les savoir-faire de la couture français, on ne fabrique que très peu de vêtements de sport. Plus qu’un challenge pour nous, c’est un challenge français.

 

 

La collection est disponible dans les boutiques officielles de Paris 2024, dans celles du Coq Sportif, ainsi que sur le site lecoqsportif.com.