Nïuku, le label parisien antifashion à suivre
Des collections unisexes et genderless qui privilégient le style et l’attitude, une collaboration avec Converse, un style s’inspirant des maîtres de l’antifashion et puisant dans le vintage… Découvrez pourquoi Nïuku est un label à suivre.
Par Léa Zetlaoui.
Il y a quelques saisons, des créateurs comme Demna Gvasalia avec Vetements ou Glenn Martens avec Y/Project ont de nouveau braqué tous les projecteurs sur Paris et aidé à mettre en lumière une scène créative innovante et impertinente. Parmi eux, le discret et mystérieux Nïuku, qui, avec une présentation dans un parking rue de la Paix, un défilé au Marché Noir et un autre au Saló a imposé sa vision singulière et sa philosophie anticonventionnelle.
Nïuku, c’est d’abord l’alchimie d’un duo. Lenny Guerrier, chasseur de pièces d’archives et Kadjahdjah, jeune styliste sortie du Studio Berçot, imaginent pour la boutique parisienne Coïncidence – où Lenny vend des vêtements de jeunes créateurs et des pièces vintage –, ce qui sera leur futur “uniforme” : des ensembles en jean intemporels et unisexes, rapidement plébiscités par les acheteurs japonais. Quelques semaines après, la marque Nïuku voyait le jour.
L’influence des meilleurs
Conscients d’évoluer dans une époque où tout a déjà été créé, les deux fondateurs de Nïuku revendiquent s’inspirer de pièces d'archives, anonymes ou de designers passés pour construire leur label : étudier des pièces vintage (coupe, montage, couture), analyser les stratégies de communication et d'implantation des boutiques, ou encore observer les évolutions des styles des couturiers : de l’iconoclaste grunge Helmut Lang, à la philosophie recycle de Margiela en passant par la discrétion arty de la créatrice Rei Kawakubo ou en s’imprégnant également de la discrétion et de l’humilité de tous ses créateurs antifashion. Comme l’explique Lenny : “Aujourd’hui, on est tous influencés, alors autant être influencés par les meilleurs.”
Quand recycler, c’est créer
Lors de la présentation Nïuku automne-hiver 2017 au Marché Noir, des pièces Adidas colorées, vestes en jeans et autres blazers déconstruits viennent se mêler aux silhouettes minimalistes. Présentées sous le nom de BassCoutur x Nïuku, ses pièces vintage constituent une collection à part, pourtant intégrée dans Nïuku. À l’image de Rei Kawakubo qui, avec Junya Watanabe avait une volonté d’intégrer d’autres designers dans sa maison et leur permettait également d’évoluer en propre. À partir des stocks vintage chinés, Lenny et son associé et mentor sur cette ligne, Riad, créent toute une collection sous le mantra redesign, rethink et recycle. “Il y a déjà tellement de vêtements, on voulait montrer qu’avec du vieux, on peut faire du neuf et qu’il est possible d’être créatif, de s'adapter à l'époque tout en respectant l’environnement”, poursuit-il.
Un label en phase avec son époque
Autre obsession chez Nïuku : réadapter les volumes et travailler les détails pour construire une attitude, un style et une allure. À l’ère d’Instagram et de Tumblr, c’est l’appartenance à une marque qu’on achète autant qu’un vêtement, et un créateur qui dure sait être en phase avec son époque. De même, les collections sont androgynes et l’identité genderless pour répondre à l’évolution de la société. “Chez Niuku, comme l’explique Lenny, une même veste en jean vivra différemment en fonction du style et de l’attitude de la personne qui la porte, peu importe que ce soit un homme ou une femme.” Fine observatrice des Parisiens, l'équipe Nïuku va même jusqu’à organiser une présentation dans un club, le Saló, où les mannequins se mêlaient sans distinction avec la foule de jeunes branchés.
Déranger pour se démarquer
Aucun site Internet, une page Facebook à peine utilisée, mais un compte Instagram régulièrement enrichi d’images réalisées mettant en scène les jeunes créatifs parisiens, des présentations dans des lieux insolites (un parking, la boutique Marché Noir et le Saló) et surtout un nom mystérieux, pour exister sur la scène de la jeune création parisienne… Nïuku préfère aller à contre-courant avec discrétion et tranquillité, plutôt que de choquer avec perte et fracas. Philosophie que l’on retrouve chez les personnages du film Rockers (1978) ayant inspiré leur collection printemps-été 2017. “Nous jouons sur le même esprit paradoxal avec l’ouverture de notre boutique à Paris. Nous allons en effet installer Nïuku dans le ‘laboratoire LAPAIX’ que j'ai co-fondé avec le directeur artistique Theodoros Gennitsakis : il est situé rue de la Paix, mais… dans un parking !” explique Lenny.