26 juil 2019

L’obsession de Raf Simons pour… le Coca-Cola

Artistes ou créateurs, Numéro plonge dans ses archives à la recherche des obsessions les plus étranges.

Photo par Pierre Even.

Le créateur avoue son addiction au Coca-Cola.

 

Ma mère était elle-même accro au “vrai” Coca-Cola, je me souviens d’en avoir bu beaucoup, depuis toujours. Je suis passé au Coca-Cola light quand il est arrivé sur le marché, idem pour le Coca-Cola zero. Je ne sais même pas exactement quand ce changement a eu lieu : j’ai goûté la boisson, et tout à coup je me suis rendu compte que j’étais passé du light au zero. J’ai bien essayé de me débarrasser de cette habitude, parce qu’on dit que l’aspartam est nuisible à la santé, mais je n’étais pas très motivé. Je me suis dit : “Après tout, je n’ai aucune autre addiction…” Et c’est là que j’ai compris que c’était vraiment une dépendance. Pendant longtemps, j’allais me coucher avec un verre plein de Coca-Cola zero que je posais sur ma table de chevet, comme d’autres prennent un verre d’eau. Et quand je me réveillais le matin, le verre était vide. Je l’avais bu pendant la nuit de façon automatique, de manière inconsciente. C’était une très mauvaise habitude. Aujourd’hui j’essaie de ne pas en boire avant le déjeuner. Les jours où je n’en prends pas à midi, je ressens le besoin impérieux d’en consommer à 16 heures précises. C’est comme ça que je sais qu’il est 16 heures : je ne peux pas tenir plus longtemps.

 

Je l’aime encore davantage quand il a perdu tout son gaz. Il faut simplement qu’il soit glacé. Même privé de Coca-Cola zero pendant trois jours, je ne pourrais pas en boire à température ambiante. Pendant les essayages à Milan, en juin, il fait parfois très chaud, avec vingt-cinq personnes dans la pièce. Alors j’ouvre une canette de Coca-Cola zero, mais elle se réchauffe trop rapidement. Quand j’en ai bu la moitié, je la replace donc dans le réfrigérateur et j’en ouvre une nouvelle en attendant que la première refroidisse. Il y a quelques années, j’en buvais deux litres par jour. Aujourd’hui je peux parfois me limiter à deux ou trois verres quotidiens. Mais comme j’en consomme de moins en moins, je me dis que je ne m’en débarrasserai jamais définitivement. A cause de ces présomptions qui pèsent sur l’aspartam, peut-être devrais-je recommencer à boire du vrai Coca-Cola. Mais maintenant, le goût me déplaît. Contrairement à de nombreux adeptes, je suis capable de boire du Pepsi Max quand il n’y a pas de Coca-Cola zero ni même de light. Ce qui prouve juste à quel point je suis accro.

 

[Archives Numéro Homme n°22 automne-hiver 2011-2012]