Karl Lagerfeld : quels secrets a-t-on découvert en regardant le documentaire Canal + ?
Canal+ présente en ce début d’année un documentaire sur la vie mystérieuse de Karl Lagerfeld. Retour sur tout ce qu’il faut retenir de cette mini-série sur la vie du couturier connu et reconnu par-delà les frontières de la mode.
par Erwann Chevalier.
La vie mystérieuse du couturier Karl Lagerfeld dévoilée sur Canal+
Depuis sa disparition en 2019, l’aura et la créativité de Karl Lagerfeld planent encore et toujours sur le monde de la mode. Des biographies à foison, une exposition et un gala hommage au MET de New York en 2023, une série Disney+ inspirée du récit de la journaliste Raphaëlle Bacqué en 2024, un ouvrage sur ses lieux de vie intitulé Décors d’une vie… Le Kaiser reste, encore aujourd’hui, une personnalité incontournable.
Si ses nombreuses années à la direction artistique de Chanel (1983-2019), de Fendi (1965-2019) et de son propre label lancé en 1984 sont documentées dans le moindre détail, sa vie privée reste cependant très opaque et entourée de mystère… et le percer semble être mission impossible.
Ce qui n’a néanmoins pas découragé les journalistes de Canal+ Guillaume Perez, Anne-Solen Douguet et Aurélia Rouvier qui présentent, en ce début d’année, un documentaire intitulé Karl Lagerfeld : Révélation pour tenter de comprendre l’univers si particulier du couturier.
Entre photographies d’archives inédites et témoignages de son entourage – tel que Carla Bruni, Pharrell Williams, Cara Delevingne ainsi que la mannequin française Victoire Doutreleau –, les quatre épisodes décortiquent la vie de Karl Lagerfeld, dont on découvre toute l’intimité…
L’épisode 1 : l’enfance à Hambourg et les débuts de Karl Lagerfeld à Paris
Son année de naissance
C’est un des mystères que le couturier ne voulait absolument pas éclaircir de son vivant : Karl Lagerfeld a toujours maintenu le secret avançant qu’il était né en 1938.
Ses origines
Né le 10 septembre 1933 pendant la montée en puissance du nazisme en Allemagne, le Kaiser souhaite en effet éviter d’être associé à cette idéologie. Dès son arrivée à Paris, Karl Lagerfeld se fait donc appeler surnommer Karlo afin de dissimuler ses origines germaniques et ajoute, par la même occasion, être un aristocrate né aux Pays-Bas.
Il a commencé le dessin car sa mère ne supportait pas qu’il joue du piano
Élevé dans la campagne aisée d’Hambourg, le créateur s’est toujours senti différent des autres. Animé par la musique, le petit Karl Lagerfeld est pourtant sommé d’arrêter ses leçons de piano dû à sa mère qui ne supportait alors pas de l’écouter s’entraîner.
Un style déjà affirmé
Son enfance très aisée lui a notamment permis de se forger un style singulier. “Cela me paraissait indispensable et naturel de ne pas être comme les autres” déclarait-il quelques années plus tard. Très tôt, il porte des tenues tyroliennes (une salopette courte) ou des costumes cintrés.
Son destin prédit par une voyante
Amis au destin fulgurants, Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld décident d’aller voir une voyante rue Maubeuge à Paris. Elle prédit au premier aurait un succès précoce et rapide et au second une renommée longue et bien plus grande.
L’épisode 2 : les folles années du couturier à Paris
Sa passion pour le monde de la nuit
Si on comprend dès le premier épisode que le couturier aime aller danser, le second démontre que son envie de faire la fête se concrétise au sein du Palace, un nightclub mythique de Paris qui accueille alors les plus grandes stars du monde entier comme Andy Warhol. Fermé depuis 2022, ce lieu a où tout était permis (sexe, drogue, alcool) était le point de repère de la mode – et de Karl Lagerfeld.
La soirée italienne à 4500 personnes
Autre moment clé de la vie de noctambule du créateur : l’incroyable bal vénitien organisé au Palace en 1978 lors duquel Jacques de Bascher se présente costumé en pont des Soupirs et le couturier en aristocrate vénitien, dont les tissus de son costume étaient recouverts de broderies somptueuses…
Thierry Ardisson choqué par la soirée du Moratoire Noire à la Main Bleue en 1977
Le thème vestimentaire de la soirée ? Cuir et dentelle. Organisé par Jacques de Bascher, cet événement décadent est la représentation ultime de la liberté sexuelle. Thierry Ardisson, présent à cet évènement, avoue même lors de son émission télévisée y avoir vu pour la première fois une scène sexuelle BDSM.
Il a inventé le flou chez Chloé
En 1963, aux cotés de Gaby Aghion, fondatrice de Chloé, Karl Lagerfeld réinvente la création de mode en ouvrant les portes du prêt-à-porter. Dans cette maison, où il a beaucoup appris, il démocratise le flou (une technique de création souplee et déstructurée, par opposition à la réalisation de tailleur). La silhouette des femmes en est fondamentalement transformée.
L’épisode 3 : Le succès à quel prix ?
Karl Lagerfeld reprend la maison Chanel en 1983
Après avoir fait ses armes chez Chloé, le créateur allemand prend les commandes en 1983 de Chanel. À cette époque, la maison est endormie et plus vraiment à la mode. C’est un pari qu’il souhaite relever.
Inès de la Fressange est sa muse
Pour injecter une dose de cool à cette maison de couture, le Kaiser s’éprend de la beauté naturelle d’Inès de la Fressange. La jeune mannequin française signe même un contrat d’exclusivité – une nouveauté dans le monde de la mode – avec la maison fondée en 1910.
Un boulimique du travail
Depuis très jeune, le créateur construit sa vie autour du travail sans jamais réellement faire de pause. Certaines de ses journées pouvaient ainsi se dérouler : il se présente le matin chez Chanel, se rend l’après-midi dans les studios de son label Karl Lagerfeld avant de prendre l’avion pour l’Asie, en faisant un arrêt par les bureaux de Fendi en Italie…
Il est passionné de photographie
L’ennui… trop peu pour Karl Lagerfeld qui voit en la photographie un nouveau moyen de s’exprimer. Seulement quelques semaines après la mort de son compagnon en 1989 (le dandy Jacques de Bascher), le couturier trouve le réconfort, entouré de ses équipes dévouées, en capturant de sublimes clichés pour les campagnes Chanel.
C’est un acheteur compulsif
“Le shopping est culturel” déclare Karl Lagerfeld dans une émission télévisée. Le créateur n’a en effet jamais pour objectif de faire des économies. En témoignent ses nombreuses sessions shoppings et ses luxueuses demeures éparpillées aux quatre coins du monde…
L’épisode 4 : le couturier devient une icône de la pop culture
La collection H&M en 2004
En 2004, Karl Lagerfeld dévoile une collection avec H&M. Déjà au sommet de sa carrière, le couturier devient alors une icône reconnue de tous. En seulement un jour, la totalité des pièces de cette capsule inédite sont en rupture de stock.
Karl Lagerfeld devient une icône de la pop culture
“Je ne m’appelle plus Lagerfeld, je m’appelle Logofeld” aimait raconter le couturier. Après la vente de la capsule Karl Lagerfeld x H&M, le Kaiser s’érige en personnage à la silhouette ultra reconnaissable. Son costume austère et son célèbre catogan se déclinent alors sur une poupée Barbie, une canette de Coca-Cola… et même sur des bougies.
Après la mort d’Yves Saint Laurent, le couturier allemand devient le seul sur la scène mode
En 2008, Yves Saint Laurent tire sa révérence laissant derrière lui un héritage mode considérable. Karl Lagerfeld, qui ne se présente pas à l’enterrement du couturier, devient alors l’une des seules références populaires de la mode jusqu’à sa mort en 2019.
Son imagination sans limites
Une chose est sûre, tout au long de sa vie, le couturier n’a pas freiné son imagination, surtout pour les défilés de mode Chanel dont certains décors restent aujourd’hui dans les annales. On se rappelle notamment de la plage, de la forêt d’automne mais aussi de la fusée en plein décollage ou de la Tour Eiffel, tous présentés sous les verrières du Grand Palais à Paris.
Le documentaire Karl Lagerfeld : Révélation (2024), disponible sur Canal+.