Hommage aux femmes et aux palais milanais chez Trussardi automne-hiver 2023-2024
Dans leur troisième collection pour Trussardi, Benjamin Huseby et Serhat Isik rendent hommage aux bourgeoises milanaises et à la beauté surannée des palais italiens, à l’instar de celui qui accueille le siège la maison au cœur de Milan.
Par Matthieu Jacquet.
Depuis leur arrivée en 2021 à la direction artistique de Trussardi, les créateurs Benjamin Huseby et Serhat Isik ne s’encombrent pas d’histoires chargées ni de concepts complexes our imaginer leur collection. Afin de trouver l’inspiration, les fondateurs du label GmbH préfèrent explorer l’histoire de la maison et s’inspirer de Milan, de l’Italie et de ses habitants, posant depuis leur fief de Berlin un regard frais sur ce pays et sa culture. En attestent le point de départ de cette collection automne-hiver 2023-2024 : les sciure, mot italien désignant une catégorie de femmes milanaises cossues d’un certaine âge. Aux yeux des deux créateurs, ces femmes qui représentent une grande partie de la clientèle de la maison incarnent une certaine vision de l’élégance citadine à l’italienne.
La femme Trussardi, l’élégance à la milanaise
Cet archétype d’une bourgeoisie désinvolte à la frontière du snobisme se traduit aussi bien dans les coupes des pièces, entre grands manteaux rembourrés aux airs de peignoirs chic, jupes asymétriques, pulls à col roulé moulants et chemises fluides, que dans les matières nobles, de la fourrure et la laine au satin duchesse des robes, chemises et manteaux. S’étendant du noir au blanc, en passant par le camel, le beige, et quelques notes de lilas et de cuivré, les couleurs de la collection appuient cette vision de l’élégance et de la sobriété, réveillé par des touches de sensualité par les mailles transparentes et la dentelle de plusieurs hauts moulants.
Des palais italiens au cuir, l’histoire de Trussardi à l’honneur
Fasciné par les palais italiens, le duo berlinois rend cette fois-ci hommage au Palazzo Trussardi, siège historique de la maison de maroquinerie qui l’a rénové et rouvert il y a quelques mois, et dans lequel s’est tenu le défilé ce week-end. Les tapisseries d’époque du bâtiment, situé à côté de l’opéra La Scala, se reflètent dans le tissu jacquard orné de plantes et d’un lévrier anglais – emblème de Trussardi – dans lequel sont réalisés des sacs, robes-manteaux et même une jupe boutonnée à la taille. Le cuir, qui fait la renommée internationale de la maison italienne depuis sa création en 1911, se dévoile sous de nombreuses formes, tantôt drapé dans des robes, hauts et jupes asymétriques, tantôt plus rigide dans des pantalons et vestes structurées, jusqu’à border plusieurs jupes à l’image des couvertures. Très présent dans la série de manteaux duvet qui rythment ce vestiaire, le matelassé s’affirme comme un des principaux fils rouge de la saison, prouvant une fois de plus que l’esprit Trussardi est avant tout une histoire d’allure.