GmbH alerte sur le réchauffement climatique dans son défilé printemps-été 2023
Après plusieurs saisons à présenter ses collections à distance, le label berlinois GmbH revenait ce dimanche 2 octobre à Paris pour dévoiler son nouveau défilé. Une collection plus légère et lumineuse qu’à l’accoutumée, imprégnée de références aux cultures arabes et asiatiques, visant à alerter sur la situation climatique du Pakistan.
Par Matthieu Jacquet.
S’il pouvait s’annoncer comme une célébration, le retour du label GmbH à Paris pour la Fashion Week prend des airs plus graves. Comme l’expliquent ses fondateurs Benjamin Huseby et Serhat Isik dans le texte de présentation de leur défilé printemps-été 2023, présenter à nouveau leur collection face à un public présent à Paris les enthousiasme, mais elle est aussi l’occasion d’alerter sur un sujet bien plus urgent : la situation du Pakistan, en proie à des inondations dévastatrices depuis des semaines, qui résonne particulièrement chez les deux designers basés à Berlin – Benjamin Huseby a en effet des origines pakistanaises. Conséquences inévitables du réchauffement climatique, celles-ci ont motivé le label à rendre hommage à la culture d’Asie du sud-est tout en mettant l’accent sur ce pays, l’un des plus grands producteurs de coton au monde dont l’industrie de la mode est particulièrement dépendante. GmbH a choisi de lui rendre hommage en passant par l’art : sa nouvelle collection est en effet intitulée “Ghazal”, nom d’un genre littéraire de poésie d’amour dans la culture persane.
Comme dans la dernière collection du label, les calligraphies arabes sont l’un des éléments récurrents de ce nouveau vestiaire : les expressions et les mots signifiant “hors de danger”, “sagesse” ou encore “savoir”, stylisés par l’artiste syrien Abdelrazak Shaballot, apparaissent en grand sur plusieurs pièces. Sur d’autres ensembles, des illustrations signées par l’artiste indonésien Rofi donnent lieux des imprimés floraux sur des tissus satinés, qui rappellent les motifs présents sur les estampes et tapisseries d’Orient. Les pantalons et jupes drapées et nouées sur le côté de la hanche rappellent quant à eux les saris, tenues traditionnelles particulièrement portées en Inde et au Pakistan.
Au-delà de ces références explicites, Benjamin Huseby et Serhat Isik continuent d’étendre leur vocabulaire stylistique amorcé depuis la création de leur label à Berlin en 2016. Les contrastes entre les coupes et les matériaux y sont de plus en plus prégnants : les chemises fluides en coton satiné sont associées à des mini-shorts, mini-jupes et pantalons en denim ou en cuir, des hauts amples à col plongeant sont portés comme des ponchos sur des cuissardes en néoprène aux airs de baskets futuristes, tandis que les éléments d’un uniforme plus formel – cravate, chemise blanche, veste de costume – rencontrent l’extravagance de larges manteaux et d’étoles en fourrure, qui apportent aux silhouettes une grande noblesse. Si le tailoring, les coupes structurées, symétriques et matériaux techniques autant que les tonalités sombres et les références à la culture underground avaient fait la réputation du label, celui-ci semble s’en détacher progressivement ici en proposant des pièces plus légères et sensuelles, et en développant son travail du flou. La palette colorée atteste elle aussi de cette évolution : au-delà du noir, c’est avant tout le blanc, le bleu ciel et le vert d’eau qui dominent ces nouvelles pièces, définitivement plus lumineuses que les précédentes saisons. Peut-être pour exprimer un certain optimisme face aux drames climatiques.