Craig Green réunit les essentiels de son label pour son retour à la Fashion Week parisienne
Après avoir présenté sa dernière collection à Londres, ville où est établi son label depuis sa création en 2013, le créateur britannique Craig Green réintègre le calendrier de la Fashion Week parisienne avec une collection printemps-été 2023 mêlant les pièces plus fonctionnelles et commerciales aux créations sculpturales plus expérimentales qui font sa singularité dans le paysage de la mode masculine
Par Matthieu Jacquet.
C’est dans une salle du musée de l’Homme à droite du parvis du Trocadéro, intégralement couverte de bâches blanches pour l’occasion, que Craig Green a présenté son nouveau défilé ce samedi 25 juin. Dès les premières pièces, la collection sonne comme un retour aux sources pour le créateur britannique révélé en 2012 pour ses créations poétiques et nomades. Doubles chapeaux, porte-gourdes, sangles et ceintures, poches multiples et sacs de diverses tailles sont les composantes essentielles de ce vestiaire d’un voyageur qui pourrait aussi bien partir littéralement en randonnée qu’incarner, plus métaphoriquement, le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Car la force de Craig Green est justement d’orchestrer la rencontre naturelle entre vêtement et accessoire pour les faire apparaître comme des éléments indissociables d’un uniforme à la fois audacieux et fonctionnel. On y retrouve, comme de coutume, son matelassé signature caractérisé par ses lignes verticales, des ajours circulaires sous formes de grands œillets déjà présents dans ses précédentes collections, qui font respirer par endroits les pièces, ainsi que ses plastrons aux airs d’échelles et ses volumes amples en matières techniques, reliées autour du corps par de savants jeux de ficelage pour en faire de véritables sculptures vivantes.
Cette saison, le créateur propose des ensembles plus preppy qu’à l’accoutumée, tels des costumes, chemises et cravates, toutefois singularisés par les nœuds de tissu qui les ponctuent de l’arrière du col au bas des pantalons. Le denim bleu se montre assez présent cette saison, notamment dans des pantalons au haut doublé dans un matière blanche contrasté, tandis que des tissus éponges duveteux rencontrent des matières plus souples dans des hauts moulants qui dévoilent avec sensualité des parties du torse et des bras. Au fur et à mesure de la collection, les couleurs se font de plus en plus vives et les silhouettes de plus en plus volumineuses : en contrepoint du blanc, noir et bleu marine des vêtements, on voit progressivement apparaître des tissus iridescents dans les empiècements et accessoires, avant que n’émergent des ensembles monochromes couleurs saumon ou corail auxquels le créateur intègre dans le dos ses fameuses structures en fils métalliques qui font flottent le fin tissu comme des cerfs-volants, jusqu’aux immenses manteaux ornés de motifs abstraits qui semblent dessiner des silhouettes végétales sur fond contrasté — en jaune paille sur noir, en vert pastel sur marron, en blanc sur rouge ou encore en violet sur lilas. Ce n’est que dans les derniers ensembles que l’on découvre l’effet trompe-l’œil de ces imprimés sur des matelassés rigeparfois chevronnés : ainsi, sur le profil d’un long manteau jaune, la forme grise dessine la silhouette d’une femme à l’échelle du corps du modèle, dissimulé par la matière ample et rigide. Une manière de contrebalancer ces ensembles protecteurs par des touches fines et délicates, dans des couleurs aussi percutantes que le bleu électrique, le rouge écarlate ou le vert gazon.