Au défilé Christopher John Rogers, l’extravagance made in USA côtoie l’héritage couture
Entre explosion de couleurs vibrantes, imprimés floraux et coupes extravagantes, le défilé pre-fall 2023 de Christopher John Rogers, dévoilé à New York samedi 29 avril, renoue avec son amour pour le geste créatif à l’état pur de vêtements qui évoquent ceux des grands couturiers.
par Erwann Chevalier.
Christopher John Rogers célèbre le geste créatif dans son défilé pre-fall 2023
“Grandir et étudier dans le sud des États-Unis m’a donné une façon différente d’envisager la mode. Je n’étais pas influencé par le besoin de proposer des pièces trop pragmatiques”, confiait Christopher John Rogers à Numéro en 2021. Originaire de Louisiane, le jeune designer ne cesse de faire frissonner, depuis son premier défilé en 2018, le milieu de la mode en s’imposant comme le futur de la création made in USA. Ses collections dans lesquelles l’art du drapé et du tailoring est maîtrisé avec brio ont déjà séduit des célébrités telles que Zendaya, Lil Nas X, Lady Gaga ou encore Ashley Graham, présente au premier rang lors de ce défilé pre-fall 2023. Toujours en pleine ascension, ce samedi 29 avril 2023, le finaliste du prix LVMH 2021 a dévoilé sa douzième collection profitant de l’effervescence médiatique suscitée par le Met Gala 2023. Nommé “Avoir et retenir, un cri de joie”, ce défilé haut en couleur emplit de pièces aux volumes extravagants s’inspire du désir de revenir aux gestes essentiels de la création de vêtements.
Le défilé Christopher John Rogers pre-fall 2023, entre héritage couture et explosion de couleurs
Un chemisier plissé asymétrique associé à une jupe très ample, en nylon brillant d’un blanc éclatant. Cette première silhouette à fouler le podium présagerait-elle un changement radical de direction créative chez Christopher John Rogers ? En effet, à la manière d’un peintre, le créateur est surtout connu pour apposer, sur ses robes volumineuses et ses costumes ajustés, des couleurs vibrantes en aplat, des motifs éclatants ou des imprimés floraux. Cependant, cette saison, il imagine en ouverture de son défilé une série de silhouettes virginales, misant uniquement sur la précision des coupes. Sans pour autant oublier ses codes originels, Christopher John Rogers s’offre cette nouveauté inattendue d’insister sur la ligne de ses vêtements, avant d’impressionner, ensuite, avec un vestiaire signature placé sous le signe de l’exubérance débridée.
Rayures graphiques, imprimés à larges fleurs multicolores et pois de tailles différentes… ce douzième défilé décline des créations excentriques aux volumes recherchés et aux effets de matière savamment réfléchis. Si le créateur se défend de proposer des pièces couture, c’est pourtant à ce degré d’exigence que renvoient immédiatement ses collections. Celle-ci met ainsi en lumière un puissant travail de construction, comme en témoigne cet ensemble composé d’un gilet de costume asymétrique au dos lacé porté avec une dramatique jupe boule drapée pourvue d’une longue traîne en jacquard Lurex. Si les costumes stricts rendent hommage à la beauté de l’art sartorial, une série de robes grand soir semblent quant à elles spécialement taillées pour les futurs red carpet. Le plus de cette collection : les silhouettes en maille épaisse conçues de manière à exposer un décolleté plongeant ou une partie du ventre pour un effet divinement sexy.