Découvrez tous les mystères du kimono avec le V&A
À travers trente minutes d’une visite guidée intimiste et privilégiée, le Victoria and Albert Museum dévoile les dessous de son exposition, Kimono : from Kyoto to Catwalk, grande rétrospective consacrée à cette pièce iconique du vestiaire japonais qui avait dû fermer ses portes peu après son inauguration le 29 février. Présentées par la curatrice de l’exposition Anna Jackson, cinq vidéos explicatives permettent ainsi de découvrir en détails les nombreux kimonos historiques qui composent cette rétrospective, portés aussi bien par Madonna que par Obi-Wan Kenobi.
Par Camille Moulin.
Alors que le Victoria and Albert Museum avait été contraint de fermer ses portes deux semaines après le commencement de l’exposition Kimono : from Kyoto to Catwalk, celui-ci dévoilait il y a queles jours une visite guidée inédite de l’exposition en cinq vidéos présentées par la curatrice Anna Jackson. À travers une trentaine de minutes précieuses, la conservatrice déroule ainsi, suivant le parcours de l’exposition, une histoire condensée du kimono, intimement liée à l’état du commerce, des arts, de l’ouverture du Japon sur l’Occident ou encore de l’histoire politique du pays. Dès les premières secondes, la conservatrice annonce d’ailleurs l’ambition de ces vidéos : celle de témoigner des profondes transformations du kimono — généralement perçu comme un costume immuable — ainsi que de son influence majeure sur la mode occidentale.
D’une pièce à l’autre, l’internaute arpente l’exposition et découvre donc les riches broderies et teintures des différents kimonos, tandis que l’oeil de la caméra s’approche étroitement, permettant une proximité normalement prohibée par les règles de sécurité des musées. Construit en trois parties, le parcours présente tout d’abord des pièces de la période Edo, allant du début du XVIIe siècle à la moitié du XIXe, où le kimono est encore le principal vêtement japonais, porté par l’ensemble de la société. S’inspirant des intérieurs japonais, la scénographie épurée encadre les kimonos de murs peints dans un vert délicat et de cloisons en bois et papier évoquant les shōjis, parois caractéristiques des maisons japonaises. Présentés à plat derrière des vitrines, les kimonos déploient leurs larges manches tandis qu'à leurs côtés, plusieurs estampes et paravents décorés illustrent les différentes manières de porter le vêtement à l'époque et révèlent ainsi l’importance des acteurs de théâtre kabuki, premières icônes de mode japonaises.
Plongée dans décor d’un rouge profond, la seconde partie de l’exposition aborde l’ouverture du Japon sur l’Occident : alors que le kimono se diffuse en Europe dès la fin du XVIIe siècle, particulièrement en Hollande, les échanges commerciaux donnent naissance à des mélanges entre robes occidentales et tissus japonais. Le kimono apparaîtra même dans certains portraits européens, présentés dans l’exposition. Pensés par les grandes couturières françaises Jeanne Lanvin ou Madeleine Vionnet, des kimonos datant du début du XXe siècle s’exposent alors comme les fruits d’un mariage réussi.
Finalement, l’exposition quitte sa scénographie plus intimiste pour s’achèver sur la renaissance contemporaine du kimono, présentée dans une vaste salle d’un blanc futuriste. On y observe des pièces iconiques de la culture populaire, à l’image du kimono rouge signé Jean-Paul Gautier et porté par Madonna dans son clip Nothing Really Matters en 1998, ou celui imaginé par Alexander McQueen et porté par la chanteuse Björk sur la pochette de son album Homogenic la même année. Pour illustrer les usages contemporains de ce costume, le musée projette également une sélection d’images d’archives, entre extraits de concerts de David Bowie habillé par Yohji Yamamoto et films d’Akira Kurosawa. Preuve de l’influence de l'habit japonais au sein même du cinéma occidental, ces derniers longs-métrages avaient d’ailleurs inspirés le personnage de la saga Star Wars Obi-Wan Kenobi, dont on peut observer le costume dans la cinquième vidéo. Aux côtés de ces kimonos devenus presque légendaires, le visiteur découvre le renouvellement du vêtement porté par une jeune génération de créateurs inspirés par le graphisme ou la culture kawai. Installées dans un décor plus audacieux, entre moquette colorée et bonsaï violet géant taillé en nuage, ces pièces contemporaines révèlent ainsi toute la modernité et l’actualité de ce costume chargé d'histoire en constante évolution.
Retrouvez l’ensemble des vidéos consacrées à l’exposition Kimono : from Kyoto to Catwalk sur Youtube.