De quelle comédie musicale Nicolas Ghesquière a-t-il imaginé les costumes ?

1. Starmania, la comédie musicale culte aux deux millions d’albums vendus

 

Présentée pour la première fois en France en 1979 au Palais des Congrès de Paris, la comédie musicale Starmania,connait un succès retentissant. Daniel Balavoine, Diane Dufresne, France Gall et Fabienne Thibeault y interprètent des morceaux désormais emblématiques du répertoire de la variété française, signé par l’auteur-compositeur-interprète Michel Berger et le producteur et parolier Luc Plamondon  : Le Blues du businessman, SOS d’un terrien en détresse, Le Monde est stone, Quand on arrive en ville… À l’époque, pour le plus grand malheur des fans, aucune des 33 représentations n’a été filmée en intégralité.

 

Considéré aujourd’hui comme un véritable “opéra rock”, Starmania s’inspire directement de l’Angélina Dumas de Michel Berger, un album musical hommage à Patricia Hearst, petite-fille d’un richissime magnat de la presse enlevée en 1974 par un groupe terroriste d’extrême gauche qui finira par adhérer à la cause de ses ravisseurs. Mais le projet Angélina Dumas échoue lamentablement… contrairement à Starmania dont l’enregistrement s’écoule à plus de 2,2 millions d’exemplaires. Le spectacle fait un tabac et devient mythique, et pour cause il s’agit de la toute première comédie musicale en français.

 

 

 

2. Le retour inattendu de l’opéra rock à la Seine Musicale

 

40 ans après sa création, Starmania fait son grand retour à partir du 8 novembre 2022 pour une série de représentations à la Seine Musicale et une tournée dans toute la France. La mise en scène a été confiée à Thomas Jolly, directeur artistique de la compagnie théâtrale Piccola Familia, et les chorégraphies au Belge Sidi Larbi Cherkoui. C’est Nicolas Ghesquière, directeur artistique des collections femme de Louis Vuitton qui a été approché pour habiller les personnages de la comédie musicale: “Comme beaucoup, j’ai été bercé par Starmania, a déclaré le créateur, une oeuvre à dimension visionnaire et dystopique qui me fascine.”  Annoncée initialement pour novembre 2021, la comédie musicale a finalement été repoussée à cet automne, suite à la proclamation des règles sanitaires par le gouvernement, engendrées par la pandémie de Covid-19. à l’heure actuelle, les noms des interprètes n’ont pas encore été révélés.

3. Le premier spectacle vivant de Nicolas Ghesquière pour Louis Vuitton

 

C’est la première fois que Nicolas Ghesquière imagine des costumes pour un spectacle vivant. “Je me suis demandé comment les personnages, si emblématiques, de Starmania pourraient être habillés en 2022, glisse-t-il. J’ai souhaité élaborer un vestiaire ultra contemporain : chaque personnage incarne l’une de mes collections, comme un répertoire du vocabulaire de la maison.” Définie comme “une œuvre tragique à l’énergie noire” par son metteur en scène, l’opéra rock fait écho au travail de Nicolas Ghesquière dans sa dimension dystopique. Car le directeur artistique avait déjà abordé ce thème dans sa collection automne-hiver 2020-2021: un patchwork inédit d’influences et d’époques qui renouvelle l’idée d’upcycling, non plus à l’échelle du vêtement mais à celle de la silhouette. On y retrouvait d’épais jupons qui évoquaient les dessous des robes à crinolines, de riches brocarts brodés sur des vestes, des emprunts aux costumes trois-pièces masculins associés à des pièces en provenance de l’univers automobile agrémentés de patchworks de cuir coloré. Une sorte “d’anachronie des genres, le plaisir du vêtement, et toutes ses possibilités, sans protocole, sans entrave.” Pour reprendre les termes du créateur au moment de la présentation de sa collection.

 

En 2019, c’est à l’univers du jeu vidéo que Nicolas Ghesquière s’était attaqué. On se souvient notamment de la collaboration entre Louis Vuitton et Riot Games, la société américaine à l’origine du jeu vidéo League of Legends, fin 2019. Louis Vuitton avait d’abord développé un écrin exclusif destiné à accueillir la “Summoner’s Cup”, trophée décerné aux champions du monde et considéré comme le prix le plus prestigieux de la catégorie “esport”. Ensuite, Riot Games avait dévoilé de nouveaux skins – une personnalisation thématique d’un ou plusieurs personnages –  et a monté un groupe de musique virtuel de toutes pièces, True Damage, dont le look hip-hop streetwear futuriste n’a laissé personne indifférent. La collection LV x LoL: The Collection présentait ainsi une quarantaine d’articles (joggings, tee-shirts, montres, baskets, bobs…) qui déclinaient l’univers du jeu.

 

Starmania, l’opéra rock à la Seine Musicale à partir du 4 novembre.