12 fév 2020

Comment Valentino inspire Luca Guadagnino pour son nouveau film

Il y a deux ans, le défilé Valentino haute couture printemps-été 2018 bouleversait les spectateurs, troublés par les robes bouffantes aux couleurs éclatantes sorties d'un autre temps. Touché par cette collection, Luca Guadagnino y puise l'idée même de son dernier moyen-métrage “The Staggering Girl”, mettant en scène Julianne Moore. 

En 1967, Luis Buñuel invite le jeune couturier Yves Saint Laurent à réaliser les costumes de son film Belle de jour, aujourd'hui devenus tout aussi cultes que l'oeuvre. Cinquante ans plus tard, le cinéaste italien Luca Guadagnino, bouleversé par les couleurs obsédantes des collections haute couture printemps-été 2018 et automne-hiver 2018-2019 de Valentino, puise directement dans ces pièces l’idée de son prochain moyen-métrage. C'est donc en toute évidence que le réalisateur de Call Me by Your Name (2017) collabore avec Pierpaolo Piccioli, directeur artistique de la maison italiene, pour imaginer The Staggering Girl, dont les dialogues ont été imaginés par le scénariste Michael Mitnick (The Current War).

 

Dans ce nouveau projet disponible le 15 février sur la plateforme MUBI, Luca Guadagnino met en scène de multiples pièces des dernières collections Valentino auxquelles s'ajoutent quelques créations originales, imaginées spécialement pour le film par Pierpaolo Piccioli. Largement inspiré par la photographie et l'univers d'un autre Italien, Pier Paolo Pasolini, le film entier se construit comme un rêve dans lequel Francesca, interprétée par Julianne Moore, tente de convaincre sa mère malade de quitter l’Italie pour s’installer auprès d’elle aux États-Unis. Tout au long de ses 35 minutes, The Staggering Girl mêle donc les souvenirs du passé à l’urgence d’un futur menacé par la mort.

 

Des volumes immenses et des motifs inspirés de la mythologie ornent les robes, comme des tableaux de maîtres sur des étoffes précieuses. Pour créer ce nouvel ensemble de pièces féériques, Pierpaolo Piccioli a déclaré s'être laissé guider par son “flux de conscience” (proccessus créatif guidé par l'inconscient) pour faire émerger des vêtements presque hors du monde. Réalisée par le compositeur Ryuichi Sakamoto – qui signe d'ailleurs la bande originale de la dernière saison de la série Black Mirror – la musique se construit elle aussi au plus près des costumes : le Japonais a imaginé les sons à partir des robes, directement envoyées à son studio à New York. Dans The Staggering Girl, ce qui émerge n’est ni chronologique ni logique : le cinéaste y met en scène une émotion profonde, portée par l'histoire de ces deux femmes angoissées par la mort que les sublimes pièces Valentino haute couture installent dans un monde onirique où les repères, peu à peu, se troublent. 

 

The Staggering Girl de Luca Guadagnino, disponible le 15 février sur MUBI