14 oct 2021

Comment Louis Vuitton revisite-t-il l’héritage du peintre italien Fornasetti ?

Sur sa collection automne-hiver, Louis Vuitton a collaboré avec le célèbre atelier de création italien Fornasetti. Retravaillés de façon novatrice par le grand directeur artistique Nicolas Ghesquière, ses motifs dialoguent avec le savoir-faire magistral de la maison.

Jolies manières de rendre hommage au travail d’un artiste qui inspire, les collaborations se mutiplient chez les créateurs de mode. Celle de Nicolas Ghesquière avec Fornasetti n’échappe pas à la règle. En se penchant sur les archives du prestigieux atelier italien, le créateur poursuit une recherche qui a toujours été sienne, la réinvention ou la citation assumée de références du passé, qui transforme le vêtement contemporain en une architecture stratifiée, cristallisant de façon visible plusieurs “couches” temporelles. 

 

Fort de sa passion pour les technologies et la science-fiction, Nicolas Ghesquière explore chez Louis Vuitton cette dimension presque paradoxale de la maison, à la fois héritière d’une tradition et résolument tournée vers le futur : “En tant que créateur, je suis fasciné depuis toujours par la capacité de la mode à évoquer simultanément le passé, le présent et l’avenir”, explique-t-il. Et puisque la maison défile depuis plusieurs années au Louvre, dans les galeries du musée, les collisions temporelles qu’il affectionne ne peuvent que surgir de façon plus aiguë encore dans son imaginaire. 

 

C’est bien une visite au Louvre qui a inspiré la collaboration de la maison avec Fornasetti pour la saison automne-hiver 2021-2022 et la capsule d’accessoires qui la prolonge. “Je réfléchissais à la notion de voyage, manifeste chez Louis Vuitton. C’est en allant au Louvre qu’a surgi la révélation. Nous avons eu accès à la galerie Michel-Ange, qui est merveilleuse, et où se trouvent des sculptures étrusques, grecques et romaines. À travers ce voyage immobile, nous avons fait une fantastique excursion dans le temps dans l’Antiquité et la mythologie, qui nourrit l’imagination. Fornasetti correspondait aussi à ces inspirations.” 

 

Fondateur éponyme de l’atelier aujourd’hui célèbre dans le monde entier, Piero Fornasetti, né en 1913, s’était spécialisé dans les techniques d’impression et de gravure. Dans les années 30, il réalisa ainsi des livres et des lithographies pour des artistes comme le peintre Giorgio De Chirico. Lui-même féru de dessin et ancien étudiant en art, il développera ainsi, à partir des années 40 (collaborant notamment avec l’architecte Gio Ponti), une large variété d’objets agrémentés de motifs décoratifs. Son humour, hérité en droite ligne du surréalisme, donnera ainsi naissance à des chaises, des assiettes et toutes sortes d’objets du quotidien, rehaussés d’images inspirées de la sculpture et des architectures antiques. 

 

Pour sa collection, Nicolas Ghesquière a choisi dans les archives de l’atelier Fornasetti des motifs de camées, de pièces de monnaie anciennes, de clés mystérieuses, d’architectures et de sculptures, déclinés sur les vêtements et accessoires. Du jacquard à l’impression laser, des velours aux cuirs métallisés, le créateur explore une grande variété de textures et de techniques pour dialoguer avec l’esprit de Fornasetti. Dans une vision plus pop que surréaliste, l’iconographie antique se mêle parfois aux logos Louis Vuitton. Les pièces, extraordinaires, prolongent à merveille la mission de Fornasetti telle que l’énonce le directeur artistique actuel de l’atelier, Barnaba, le propre fils de Pietro : proposer un objet qui “anime le quotidien et qui nourrit l’inspiration jour après jour.