6 créatrices parisiennes à suivre : Minuit par Laurie Arbellot

Minuit, une mode sensuelle qui donne confiance en soi

“She took Paris by storm”. Un magazine anglais ou américain aurait sans aucun doute introduit Laurie Arbellot avec ces mots, qui se traduisent par “Elle a pris d’assaut Paris« . En 2020, après plusieurs années passées à New York et sans aucune garantie de succès, la créatrice de mode décide finalement de revenir à Paris pour lancer Minuit, une marque de prêt-à-porter, entre audace et sensibilité, qui lui ressemble.

Un pari risqué mais payant pour celle qui peut affirmer sans rougir créer des vêtements pour encourager les femmes à assumer leur sensualité. Toujours sur le fil entre sexy et élégance, Laurie Arbellot conçoit des collections glamour, ponctuées d’une touche d’irrévérence. Des ensembles jupe/top en jersey transparent, des robes longues pour le soir en tissu satiné ou courtes au style sixties en cuir faussement sage… Minuit incarne la mode de notre époque.

Numéro a souhaité en savoir plus sur Laurie Arbellot qui s’impose comme une des créatrices de mode à suivre en 2024.

L’interview de la créatrice de mode parisienne Laurie Arbellot

Quel est votre premier souvenir lié à la mode?
Je devais avoir 8 ou 9 ans environ, et je suppliais ma mère de regarder les défilés sur TF1, qui étaient rediffusés tard dans la nuit, aux alentours de minuit. C’est à ce moment là que j’ai découvert John Galliano, sa fantaisie lors de ses années Dior, et, surtout, son génie. Il a profondément marqué l’histoire de la mode, et continue encore aujourd’hui chez Maison Margiela. Pour moi, il reste un modèle car sa créativité et sa magie n’ont pas de limite.

À quel moment de votre vie avez-vous décidé de faire carrière dans ce milieu et pourquoi?
Je viens d’une famille qui a toujours baigné dans la mode ou l’art, et cela m’a beaucoup inspiré. Ma grand mère, qui était une très bonne couturière et patronnière, concevait des robes pour mes sœurs et moi quand nous étions jeunes. Je l’ai toujours regardé d’un œil admiratif car elle avait beaucoup d’aisance peu importe ce qu’elle entreprenait. Ma grande tante, une artiste-peintre, m’a transmis la passion des couleurs et plus tard, l’une de mes soeurs, devenue mannequin très jeune, elle m’emmenait parfois en backstage de défilés alors que j’avais à peine 14 ans. Je la voyais comme une poupée taille réelle que j’avais envie d’habiller. 

Votre parcours en quelques mots ?
J’ai débuté mon cursus par une Classe Préparatoire en Arts Appliqués avant d’intégrer le Studio Berçot [une école dédiée aux métiers de la mode, ndlr.] pour étudier le stylisme. Après une brève expérience chez Balenciaga, j’ai rejoint les équipes de Marc Jacobs Collection, entre Paris et New York, en tant qu’assistante de la directrice de collection. Puis j’ai décidé de rester à New York pour intégrer le studio de Proenza Schouler au poste de directrice imprimés et broderie. Cette expérience, qui a duré sept ans, fut très enrichissante et Jack McCollough et Lazaro Hernandez [le duo à la tête de la marque, ndlr.] m’ont transmis l’amour du tissu et de la customisation. 

Comment est née l’envie de lancer votre propre marque? 
Simplement du fait que je ne trouvais pas de vêtements qui me plaisaient, mais aussi parce que j’adore créer des vêtements. C’est une véritable passion et je crois que je m’ennuierais à mourir si on m’empêchait de faire ce métier.

Comment décririez-vous le style de vos collections?

Avant tout, je dirai qu’il faut créer avec honnêteté, car sinon, c’est difficile d’être sûre que l’on touchera les autres. Le vêtement il ne faut pas seulement le créer il faut le vivre, et en ce qui me concerne, je n’imagine pas créer une pièce que je ne voudrais pas porter. Pour moi Minuit c’est un vestiaire durable sui mixe des pièces sexy et transparentes, et d’autre plus masculines, comme la veste en cuir qu’on pourrait piquer à son copain. Bien que toujours chic, la femme Minuit est aussi un peu punk et légèrement dévergondée. Et je dirai aussi que grâce à mes précédentes je revendique une certaine exigence en ce qui concerne la qualité de fabrication.

Que voulez-vous transmettre comme message à travers vos vêtements ?

Je veux montrer que s’habiller n’a rien d’un acte superflu. Au contraire, c’est quelque chose de très intime qui nécessite de se connaitre et permet de s’exprimer. Pour ma part, je veux créer des vêtements qui font que l’on se sente bien, qui donnent confiance en soi et confèrent une certaine attitude. L’important c’est de pouvoir faire rêver les gens et les rendre heureux.

Depuis que vous avez lancé votre marque, avez-vous vécu un moment dont vous êtes particulièrement fière?

Tout simplement avoir lancer ma marque et que mes parents soient fiers de moi. Vous m’auriez dit il y a trois ans que j’y serais arrivée, je n’y aurais pas cru. Ce n’est clairement pas un long fleuve tranquille et j’ai encore beaucoup à apprendre, mais j’ai beaucoup évolué ces dernières années et je ne suis plus la même personne qu’au début de cette aventure.

En tant qu’entrepreneuse dans la mode, quel est le plus gros challenge auquel vous êtes confrontée ?

Pour moi, un des plus gros challenges a été de penser au côté business, alors que je suis suis une personnalité créative. Et j’ai découvert qu’être à la tête de sa propre marque implique d’être présente sur tous les fronts et de trouver une bonne équipe pour s’entourer. On peut proposer le plus beau produit du monde, si on n »a pas le bon commercial, le bon comptable, la bonne stratégie et les collaborateurs qui veulent vous voir réussir, c’est très difficile d’y arriver. Aussi quand on commence on a tendance à faire beaucoup de choses par soi-même, ce à quoi mon parcours de designer ne m’avait clairement pas préparé. C’est pour cela qu’il est primordial d’avoir les épaules solides, de rester curieux et de ne jamais rien considérer comme acquis.

Minuit de Laurie Arbellot est disponible sur 00-00.com.

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