10 mar 2020

5 défilés engloutis par les eaux

Dimanche 1er mars dernier, la maison Balenciaga présentait son nouveau défilé dans un décor apocalyptique noyant le sol et les sièges dans une immense flaque d’eau. S’invitant régulièrement dans les plus grands défilés de mode, l’eau s’y présente souvent comme un élément fondamental à la force dramatique inéluctable. Entre la plage grandeur nature installée par Chanel au Grand Palais et la pluie diluvienne provoquée par Alexander McQueen, retour sur cinq défilés particulièrement trempés.   

Alexander McQueen, collection printemps-été 1998

1. La douche dorée d'Alexander McQueen (printemps-été 1998)

 

En clin d’œil à un fétiche tabou, Alexander McQueen baptise sa collection printemps-été 1998 d'une expression à forte connotation urophile, “Golden Shower” (en français, “douche dorée”). Prenant ces mots au pied de la lettre, le créateur propose une approche plus littérale du concept en précipitant lors du final de son défilé une pluie diluvienne sur les mannequins, toutes vêtues de blanc et éclairées par une lumière jaune. Sous ces giboulées marquant justement le passage à la saison printanière, les modèles se succèdent, sensuellement trempés, afin de clôturer une collection portée par une grande charge érotique. 

2. La pluie destructrice de Chalayan (printemps-été 2016)

 

Célèbre pour ses créations conceptuelles et son goût pour l'expérimentation, Hussein Chalayan a toujours fait de ses défilés de véritables happenings. Pour présenter sa collection printemps-été 2016, c'est une averse torrentielle et destructrice que le créateur d'origine turque invite sur le podium afin de détruire ses créations éphémères. Au centre de la scène deux mannequins vêtues de simples manteaux de papier se tiennent immobiles. Soudain, après quelques minutes de présentation, une large douche froide s’abat brutalement sur les deux modèles. Inexorablement, l’eau désintègre ces fragiles créations, dont les lambeaux tombent sur le sol pour dévoiler des robes finement brodées.

Chanel, collection prêt-à-porter printemps-été 2019.

3. Quand Chanel voyage à la plage (prêt-à-porter printemps-été 2019)

 

Si toutes les collections Chanel sont traditionnellement présentées au Grand Palais depuis des années, chacun des défilés de la maison transporte son public dans un nouveau décor grandeur nature, entre le sol glacé d'une banquise, les sentiers d'une forêt enchantée ou encore la rampe de lancement d'une fusée. Pour dévoiler la collection prêt-à-porter printemps-été 2019, l'une des dernières de Karl Lagerfeld avant sa disparition, le monument parisien se métamorphose en une plage de sable clair et fin bordée de bungalows tropicaux. Les mannequins y déambulent négligemment pieds nus et chaussures à la main, vêtues de maillots de bain et de robes aux fines bretelles, tandis qu'à quelques mètres s’étalent, dans un mouvement régulier de va-et-vient, des vagues qui créent une illusion parfaite.

4. Fendi sous l’œil des dieux marins de la fontaine de Trevi (haute couture automne-hiver 2016-2017)

 

Pour célébrer son 90e anniversaire, Fendi prend ses quartiers à Rome dans l’une des plus grandes et célèbres fontaines au monde, emblème de la capitale italienne que l'on surnomme la “Ville éternelle”. Recouvert d’une surface en plexiglas transparent, l'immense bassin de la fontaine de Trevi borde de son cadre baroque le défilé haute couture automne-hiver 2016-2017 de la maison romaine, sublimant une collection romantique où fleurs et fourrure triomphent.

5. Le monde apocalyptique de Balenciaga (automne-hiver 2020-2021)

 

Sept jours plus tard, les eaux du déluge étaient sur la terre, décrivait jadis la Genèse (7:10). Digne d’un récit apocalyptique, le dernier défilé Balenciaga semble décrire le début du déluge biblique, provoqué par l’inéluctable colère quasi divine du directeur artistique de la maison Demna Gvasalia. Couverts par les fluctuations d'un ciel menaçant, les mannequins avançent dans un sol inondé qui submerge les deux premiers rangs et menace d'engloutir tous les invités.