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Sohn, grand maître d’une électro-soul bouleversante
Auteur pour Rihanna et remixeur pour Disclosure et The Weeknd, l’Anglais Sohn confirme en solo son statut de maître de l’électro-soul. Son deuxième album “Rennen” surfe brillamment entre R‘n‘B glacé et techno minimale.
Après un premier album bien accueilli en 2014 et une reconnaissance croissante dans le milieu de la musique, l’Anglais Sohn aurait pu commencer à bomber le torse. Mais si son deuxième album Rennen muscle le propos, c’est en allant à l’essentiel. Les textures électroniques jouent l’épure. Un seul instrument gouverne : sa voix cristalline maîtrisée à la perfection. L’électro-soul glacée du producteur y gagne en pureté, façon diamant ciselé. De passage à Paris, Christopher Taylor, alias Sohn, confirme : “J’ai tout de suite placé la performance vocale au centre de l’album. Le travail de production a consisté ensuite à tailler dans chaque morceau pour n’en garder que l’essentiel. Si l’on veut renforcer un élément – une voix, un piano ou une texture, le meilleur moyen est de commencer à arrêter de l’affaiblir en lui en juxtaposant d’autres.”
“J’ai tout de suite placé la performance vocale au centre de l’album. Le travail de production a consisté ensuite à tailler dans chaque morceau pour n’en garder que l’essentiel.”
Puisque Rennen se traduit par “courir” en allemand, on ne s’étonnera pas que la musique de Sohn se fasse parfois pressante (Hard Liquor) et même hypnotique (Falling) même si l’ensemble tient plus de la balade désespérée et envoûtante aux textures sonores organiques et aquatiques. (Dead Wrong, Signal). Sur Harbour, la solitude de Christopher Taylor semble ainsi avoir pris refuge dans une caverne peuplée de lacs sous-marins où l’écho de sa voix résonne jusqu’au final instrumental fou et explosif. “Je voulais que l’album exprime une sensation de mouvement. À l’époque, j’étais dans une course perpétuelle : la tournée, mon déménagement de Vienne [où l’Anglais s’était installé] à Los Angeles, mon mariage, la naissance de mon premier enfant…” Ce mouvement finit par former une rivière musicale à la beauté fluide qui rappelle les plus belles compositions de Ravel et de Debussy. “Ce sont des références très importantes pour moi, acquiesce Christopher Taylor. Ils sont parmi les musiciens à l’origine de la musique actuelle. Un concerto pour cordes de Ravel partage avec le rap contemporain le même sens du rythme.”
Son lyrisme incandescent et déchirant réenchante une techno minimale très germanique.
On pourra également établir des ponts entre sa musique et le R’n’B lo-fi de Frank Ocean, la pop évanescente de FKA Twigs ou l’électro bricolée de Bon Iver. Pourtant, l’Anglais affirme une vraie singularité en réussissant une alchimie inattendue. Son lyrisme incandescent et déchirant réenchante une techno minimale très germanique. Les accents soul plus affirmés de la voix accompagnent naturellement une electronica planante. “À l’origine, j’avais écrit la chanson d’ouverture, Hard Liquor, pour le rappeur américain Sam Dew. Je ne pensais pas être capable de la chanter, de prendre des accents bluesy. M’y confronter a été un déclic et a imprégné l’ensemble du disque d’un esprit soul inédit.”
Rennen de Sohn (4AD/Beggars), disponible.
Sohn sera en concert le 27 février à La Maroquinerie à Paris.
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After his first well-received album of 2014 and growing recognition in the music world Englishman Sohn could have started sticking his chest out. But his second album Rennen only strengthens his intention by focusing on the basics and electronic textures playing out the quintessential. One single instrument dominates: his crystalline voice controlled to perfection. The producer’s icy electro-soul has become even purer, like a chiselled diamond. On a recent trip to Paris, Christopher Taylor, alias Sohn, confirmed: “Right from the beginning I put the vocal performance at the heart of the album. The production work was then like carving each piece so we ended up with only the essentials. If we want to reinforce an element – a voice, a piano, or the texture – the best way is to stop weakening it by juxtaposing other things.”
“Right from the beginning I put the vocal performance at the heart of the album. The production work was then like carving each piece so we ended up with only the essentials."
With Rennen meaning “to run” in German, it comes as no surprise that Sohn’s music is sometimes pressing (Hard Liquor) and hypnotic (Falling) even though as a whole the album is more enchanting ballad with its organic and aquatic sonic textures (Dead Wrong, Signal). With Harbour, Christopher Taylor’s solitude appears to have taken refuge in a cavern of under-ground lakes where the echo of his voice resonates right up to the crazy instrumental finale. “I wanted the album to express a sense of movement. At the time I was in a constant race: the tour, my move from Vienna to Los Angeles, my marriage, the birth of my first child…” This movement ends up forming a musical river with a fluid beauty that reminds us of sublime compositions by Ravel and Debussy. “They’re very important references for me. They’re among the musicians behind the music of today. A Ravel string concerto has the same sense of rhythm as contemporary rap.”
His incandescent lyricism re-enchants a very Germanic minimal-techno.
We could establish bridges between his music and the lo-fi R’n’B of Frank Ocean, the evanescent pop of FKA Twigs and the DIY electronic sounds of Bon Iver. And yet Sohn maintains a genuine singularity by achieving an unexpected alchemy. His incandescent lyricism re-enchants a very Germanic minimal-techno. The more affirmed soul accents of the voice naturally accompany a mind-blowing electronica. “I’d originally written the opening song Hard Liquor, for American rapper Saw Dew. I didn’t think that I would be able to sing it, to take on a bluesy voice. Confronting myself in that way was like a click and it proceeded to impregnate the whole record with this new spirit of soul.”
Rennen (4AD / Beggars) by Sohn, now available.
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