3 juin 2020

“Snowpiercer” : simple série mollassonne ou fiasco total ?

Après cinq années d’attente, voici enfin la nouvelle série post-apocalyptique de Netflix: “Snowpiercer”. Adaptée de la bande dessinée “Le Transperceneige” (1982-1983), de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette, et du long-métrage “Snowpiercer” (2013) de Bong Joon-ho (“Parasite”), l’intrigue nous embarque dans un train au mouvement perpétuel, dans lequel riches et pauvres s’affrontent férocement. Lancée le 25 mai, la série recueille des critiques mitigées.

Jennifer Connelly dans “Snowpiercer” © Josh Friedman

Cinq ans de préparation, deux show runners, deux réalisateurs, Bong Joon-ho en personne comme producteur exécutif… Autant dire que Snowpiercer avait tout pour réussir. En 2013, après plusieurs films acclamés — Memories of Murder (2003) ou The Host (2006) — Bong Joon-ho, aujourd’hui Palme d’Or 2019 pour son film Parasite, réalise la super-production tchéco-coréenne Snowpiercer, Le Transperceneige. Adapté de la bande dessinée de science-fiction Le Transperceneige, l’histoire prend place en 2021, alors que la Terre, frôlant une moyenne de -119 degrés, est devenue inhabitable. Seul un entrepreneur fortuné a su comprendre les enjeux de ce changement, en créant un train au mouvement perpétuel, sorte d’arche de Noé au milieu de ce déluge de gel. Mais cette entreprise si bien pensée se heurte à la révolte des plus pauvres qui forcent l’accès au train peu avant son départ. Ils embarquent clandestinement pour de longues années de voyage.

 

Succès international, Snowpiercer aura totalisé plus de 86 millions de dollars de bénéfice. Une aubaine qu’a su saisir la télévision : en 2015, les droits sont rachetés et la série lancée. Après cinq années comptant autant de rebondissements que le scénario compte de péripéties, Snowpiercer sortait enfin dans sa version feuilleton sur Netflix le 25 mai. Le premier show runner, Josh Friedman, est limogé pour divergences créatives. Puis le réalisateur Scott Derrickson démissionne, bientôt remplacé par James Hawes, fort de son expérience à la tête de plusieurs épisodes de Black Mirror. À ces changements de direction s’ajoutent plusieurs va-et-vient entre différentes chaînes de télévision ; c’est finalement TNT et Netflix qui diffusent aujourd'hui la série.

 

 

 

Côté scénario, après un court film d’animation résumant la situation initiale suivi de la scène de prise d’assaut par les clandestins, le spectateur retrouve ces pauvres passagers sept ans après ce commencement brutal. De nombreuses personnes ont été massacrées. Alors que tous fomentent longuement une rébellion sanglante, l’un des leaders, l’ex-inspecteur de la brigade criminelle Andre Layton (interprété par Daveed Diggs) est embarqué de force à l’avant du train pour dénouer une affaire criminelle. Car c’est ce twist qui a été choisi par les scénaristes : une classique affaire criminelle, pour une ambiance rivalisant avec celle du Crime de l’Orient Express. D’une série de science-fiction post-apocalyptique, on aurait sans doute pu espérer une intrigue un peu plus originale. Malgré cette enquête, grâce à laquelle on déambule le long des 1001 wagons de ce train infrangible, la série s’étire quelque peu en longueur, et n’a pas réellement relevé le défi tendu par Bong Joon-ho, dont les deux heures filaient au rythme de rebondissements haletants.

 

 

Malgré l’interprétation très appréciable de Jennifer Connelly, incarnant l'une des plus hautes responsables du train, le jeu des acteurs demeure parfois hasardeux. Peut-être faut-il aussi chercher la raison dans l’écriture de leurs personnages ou la direction du réalisateur, toujours est-il que les différents protagonistes remplissent des cases un brin clichés : l’adolescente rebelle et insupportable, le mélomane fou, l’ex-policière sadique, la brute épaisse… Grâce aux 10 épisodes de 90 minutes, on aurait pu espérer des profils un peu plus travaillés et finement dépeints. Restent encore ces décors monumentaux qui, parfois construits dans des proportions douteuses pour correspondre à un train, n’en demeurent pas moins saisissantes, entre aquarium, tête de locomotive et wagons-hippie.

 

 

Snowpiercer, disponible depuis le 25 mai sur Netflix