9 avr 2024

Rencontre avec Zendaya, idole de la Gen Z et héroïne sulfureuse du film Challengers

Dans le sulfureux film sur le tennis Challengers signé Luca Guadagnino – qui sort au cinéma le 24 avril 2024 -, Zendaya tient sans doute son rôle le plus adulte et l’une de ses performances les plus troublantes. À cette occasion, on a rencontré une actrice aussi passionnée que rafraîchissante, devenue l’une des icônes de sa génération.

propos recueillis par Violaine Schütz.

Il ne faut pas se fier à ses adorables mimiques et moues enfantines sur les tapis rouges. L’actrice et productrice américaine Zendaya est l’une des femmes les puissantes du moment. D’après le média Puck, la star aurait empoché une coquette somme comprise entre onze et treize millions de dollars (soit environ 11 millions d’euros) pour son nouveau projet Challengers, qui sort le 24 avril 2024 au cinéma.

 

L’héroïne de Dune, deuxième partie n’est donc désormais plus très loin des actrices les mieux payées du monde Sandra Bullock, Julia Roberts et Jennifer Lawrence qui empochaient en 2021 entre vingt et vingt-cinq millions par film (selon Variety). Voilà qui en dit long sur le nouveau statut de Zendaya à Hollywood… qui avait déjà gagné 300 000 dollars pour apparaître 7 minutes dans le premier Dune (2021).

 

Zendaya, actrice et productrice puissante, star de la série Euphoria et des films Dune

 

Suivie par 184 millions de fans sur Instagram, Zendaya influence le monde entier, à commencer par la Gen Z. Le moindre de ses faits et gestes est regardé, commenté, copié… Ce qui fascine, c’est qu’elle semble posséder tous les talents. Danseuse gracieuse, Zendaya possède aussi un don pour le chant comme son apparition au festival de Coachella, en 2003, pour chanter deux morceaux de la BO d’Euphoria aux côtés du producteur Labrinth, le confirmait. Sans parler de son allure de mannequin (d’1m78) qui pousse les milieux de la mode, de la joaillerie et de la beauté à lui faire les yeux doux, de Louis Vuitton à Bulgari en passant par Valentino, Lancôme et Tommy Hilfiger. Elle impose aussi de plus en plus ses convictions (elle est très engagée envers la communauté afro-américaine) et ses choix, comme celui d’apparaître non maquillée dans un film ou avec des dreadlocks sur le tapis rouge. Des statements aussi esthétiques que politiques.

 

Mais Zendaya est avant tout et surtout une formidable actrice, capable d’émouvoir dans un projet d’auteur (l’ambitieux Malcolm & Marie en 2021) autant que de briller dans un film à très gros budget. Entre les deux volets de Dune (2021 et 2024) de Denis Villeneuve, le blockbuster Spider-Man: Far from Home (2021) et les deux premières saisons d’Euphoria (depuis 2019), dans lesquelles elle est bouleversante en ado accro à la drogue, Zendaya, 27 ans, a prouvé qu’elle était l’une des actrices les plus talentueuses, versatiles et charismatiques d’Hollywood, s’attirant à la fois les louanges du public et de la critique (elle a été récompensée par deux Emmy Awards). 

Zendaya, héroïne du film Challengers de Luca Guadagnino 

 

Et ce n’est pas son prochain rôle qui va changer la donne. L’actrice est l’héroïne du nouveau film du réalisateur de Call me By Your Name et de SuspiriaLuca GuadagninoChallengers, dont elle est coproductrice. C’est même elle qui a choisi le cinéaste ainsi que ses partenaires de jeu : Josh O’Connor (Seule la terre, The Crown) et Mike Faist (West Side Story). Prévu pour une sortie dans les salles de cinéma le 24 avril 2024, c’est l’un des long-métrages les plus attendus de l’année.


Dans ce drame sexy, Zendaya joue le rôle d’une sportive prodigieuse vue comme le nouvel espoir du tennis et courtisée par les marques, Tashi Duncan, qui doit repenser sa vie après une méchante blessure. Elle décide alors de se consacrer à la carrière de son mari, Art Donaldson (Mike Faist), en devenant sa coach. Elle le fait travailler dur pour qu’il devienne un champion du Grand Chelem, exerçant sur lui une pression difficile à gérer.

 

Mais un adversaire de taille se dresse sur la route d’Art : l’ex-petit ami de Tashi et meilleur ami (et rival) d’Art, Patrick Zweig (Josh O’Connor), aussi sensible et en marge que dangereux et séduisant. « Dans le film, explique Zendaya, le tennis est une métaphore du pouvoir et des rapports de pouvoir entre des êtres qui comptent les uns sur les autres – sans doute un peu trop. » Ce drame amoureux complexe, entre triolisme et romance queer (sur fond de rivalité sportive), porté par une bande-son house entêtante, donne à voir une toute nouvelle facette de l’actrice.

« Avec Mike (Faist) et Josh (O’Connor), on a participé à une colonie de vacances qui a aidé à développer notre triangle amoureux. » Zendaya

 

Féroce, déterminée, indépendante, ambitieuse, énergique et ultra sensuelle, Zendaya est, dans le troublant Challengers, à mille lieues des rôles d’adolescente paumée, timide, acerbe ou rebelle qu’elle a pu défendre auparavant. Oubliée également l’héroïne Disney des séries pour teenagers Shake It Up (2010-2013) et Agent K.C. (2015-2018).

 

L’actrice quitte les bancs du lycée (qu’elle n’a d’ailleurs jamais connus puisqu’elle a commencé à 13 ans sa carrière à Hollywood) pour la moiteur et la tension des terrains de tennis et des chambres d’étudiants aux hormones en pleine ébullition de Challengers. En effet, dans le film, la comédienne joue une femme adulte, mère, épouse et entraîneuse, sûre d’elle et intrépide qui, à la lecture du scénario, a d’abord quelque peu effrayé la star.

 

Pour cette performance osée (qui montre l’évolution de Tashi sur plusieurs décennies), Zendaya n’hésite pas à se mettre à nu (au sens propre comme au littéral). Lors d’une conférence de presse parisienne à laquelle Numéro a assistée, l’actrice nous a confié : « Concernant notre notre triangle amoureux (avec les personnages joués par Mike Faist et Josh O’Connor, ndlr), je dirais que ce qui était vraiment spécial, c’est que nous avons pu participer à ce que j’appellerais une colonie de vacances (avant le tournage, ndlr). On se réveillait et on s’entraînait côte à côte sur le court de tennis. On avait l’impression de faire partie du même bateau. Il y avait une vraie entraide. Et puis nous avons répété ensemble et nous avons partagé un espace commun, ce qui nous a permis de parler de ces personnages et d’avoir des débats sur leurs sentiments personnels et sur ce que nous ressentions. On a abordé notre vision de tous ces sujets et on a eu du temps pour pouvoir approfondir.« 

« Je n’avais jamais tenu une raquette de ma vie ! »  Zendaya

 

Tourner des scènes intimes avec ses partenaires de jeu Mike Faist et Josh O’Connor a été facilité par leur entente, presque amicale à en juger leur complicité lors de la conférence de presse et du tapis rouge de l’avant-première du film, qui avait lieu à Paris le 6 avril dernier. « Ce sont des gars formidables, avoue Zendaya. Donc, cela nous a permis de nous sentir en sécurité et de faciliter les choses. Alors quand les caméras tournaient, j’avais l’impression d’être avec des amis ou avec des gens avec qui, je savais qu’on était déjà embarqués, et on se comprenait. Et en fin de compte, vous êtes capable de jouer et de vous amuser quand vous savez que votre partenaire de scène vous soutient d’une certaine manière. Donc c’était génial. Je me sentais en sécurité. Et cette bienveillance est nécessaire pour jouer des personnages à l’esprit aussi désordonné. Entre les prises, on pouvait juste rire, nous amuser et passer un bon moment, pendant que ces personnages vivaient des choses complexes. »

 

Son plus grand défi n’a pourtant pas été les séquences de baisers torrides (pour lesquelles le trio d’acteurs a été aidé par un coordinateur d’intimité), mais le tennis. Même si le père de Zendaya est un ancien professeur de sport devenu son manager et garde du corps (tandis que sa mère est enseignante et professeur de théâtre), l’actrice explique à Numéro le soir de l’avant-première de Challengers : « Apprendre à jouer le tennis a été l’un des aspects les plus difficiles car on est censés incarner des joueurs incroyables, les futurs champions de cette discipline. Alors que je n’avais jamais tenu une raquette de ma vie ! Il y avait vraiment beaucoup de pression pour paraître le plus crédible possible. Mais nous avons eu une excellente équipe de pros du tennis, qui nous a aidés tous au long du processus. Et heureusement, on avait des doublures sensationelles (rires). J’espère que les spécialistes de ce sport seront satisfaits du résultat. » Pour arriver à ce résultat stupéfiant – la star a tout d’une athlète à l’écran -, elle a bénéficié de l’aide de Brad Gilbert, l’entraîneur de la joueuse de tennis américaine Coco Gauff et du joueur de tennis Eric Taino.

 

« Je me reconnais dans (le) parcours (de mon personnage) parce que j’ai moi-même beaucoup appris sur moi à travers mon travail. » Zendaya

 

Mais si Zendaya épate dans le rôle d’une sportive de haut niveau, séductrice et joueuse, c’est aussi parce que l’on sent certaines fragilités chez cette girlboss. L’actrice a apporté beaucoup d’humanité à son personnage, qui aurait pu apparaître, sur le papier, comme quelqu’un de dur et d’inébranlable. Peut-être parce qu’une partie d’elle peut se reconnaître dans Tashi. « La première passion de Tashi, c’est le tennis, explique Zendaya dans un communiqué de presse. C’est ce qui lui a donné de la force et qui a fait d’elle la personne qu’elle est devenue. Je me reconnais dans son parcours parce que j’ai moi-même beaucoup appris sur moi à travers mon travail. Lorsqu’elle se blesse et qu’elle ne peut plus exercer la discipline qui constitue son identité, elle doit trouver le moyen de se réinventer. Elle met tout en œuvre pour tout contrôler, pour dominer ses émotions, pour obtenir ce qu’elle veut, et ce dont elle a besoin, mais, à mon avis, sans savoir où cela va la mener. Je crois que beaucoup de femmes se retrouveront en Tashi. »

 

Zendaya, qui subvient depuis longtemps aux besoins de sa famille en travaillant d’arrache-pied et qui excelle dans tout, s’est elle aussi beaucoup définie par son travail. Constamment sous les projecteurs (tout comme son petit ami Tom Holland, une autre idole de la Gen Z) et dans l’action, elle apparaît comme une grande bosseuse et une force de la nature qui a peut-être parfois eu du mal à prendre soin de sa santé mentale ou de sa vie privée. Elle avoue d’ailleurs que sa vraie nature est introvertie – Zendaya était une enfant très timide hors caméra – et qu’elle joue un rôle sur le tapis rouge en s’habillant selon la Method dressing.

« Les costumes de Jonathan Anderson ne sont pas que des vêtements. Les vêtements ne sont jamais seulement des vêtements. » Zendaya 


Challengers a aussi permis à Zendaya, à l’écran comme sur les tapis rouges des avant-premières du film, de confirmer son statut d’icône de mode. Dans le long-métrage, ses vêtements jouent un rôle clé, tout comme son maquillage et sa coiffure. Lorsqu’elle est une jeune espoir du tennis, elle porte des cheveux longs ou une tresse et des mini-jupes et des robes courtes. Puis, devenue coach sportive de talent, elle arbore un carré chic, des espadrilles Chanel et des pièces preppy ultra désirables créées par l’Irlandais Jonathan Anderson. Le fondateur du label JW Anderson et directeur artistique de la maison Loewe est en effet le créateur de costumes du film.


En conférence de presse, Zendaya nous explique : « Je me sentais chanceuse de porter ces vêtements. C’était génial de la part de Luca (Guadagnino, ndlr) d’impliquer Jonathan (Anderson, ndlr) dans tout ça. Je pense que c’est un designer iconique et qu’il a créé un art dont nous avons pu tous profiter dans un contexte différent de celui des défilés. C’était excitant de le voir se transformer en créateur de costumes. Même si les mondes du cinéma et de la mode ont des similitudes, je pense qu’ils sont très différents. »


La star ajoute : « C’était amusant de regarder, de comprendre, d’explorer et de découvrir qui sont ces personnages. Leurs choix se reflètent dans les vêtements qu’ils portent. Les vêtements éclairent leurs actes et leurs décisions. On peut aussi voir ces personnages grandir à travers leurs looks. Quand ils sont jeunes, ils portent des vêtements qui suivent les tendances mode du début des années 2000. Ils font même quelques fashion faux pas dans leur jeunesse. » 

 

Zendaya précise : « Il y a de nombreux partages de vêtements. Il y a des tee-shirts qui voyagent entre nous et nos personnages finissent par être avec quelqu’un en portant les vêtements de l’autre. Beaucoup de choses sont interconnectées. C’est très réfléchi. Ce ne sont pas que des vêtements. Les vêtements ne sont jamais seulement des vêtements. » Et quand on voit les looks de la jeune femme sur les tapis rouges, on a bien conscience qu’il ne s’agit, en effet, pas de simples étoffes, mais d’une parure ou d’une armure signant sa toute-puissance. Dès que Zendaya porte un look robot (Mugler) ou des escarpins ornés de balles de tennis, elle entre immédiatement dans la pop culture et crée le buzz. L’apanage des futures très grandes stars…

 

Challengers (2024) de Luca Guadagnino, avec Zendaya, Josh O’Connor et Mike Faist, au cinéma le 24 avril 2024.