Rencontre avec la légende du cinéma Harrison Ford, qui se confie sur son tout dernier Indiana Jones

Séquence émotion. Au début du nouvel épisode romanesque et flamboyant de la saga Indiana Jones (intitulé Indiana Jones et le Cadran de la destinée), diffusé ce vendredi 26 janvier 2024 sur Canal+, le célèbre aventurier et professeur d’archéologie qui a fait son apparition sur les écrans – sous la houlette de George Lucas et Steven Spielberg – dans les années 80; s’apprête à prendre sa retraite. Après avoir passé plus de dix ans à enseigner au Hunter College de New York, le voilà, en 1969, au bord du divorce, irritable, fatigué et moins athlétique que par le passé, vivant dans un petit appartement où s’entassent, en désordre, les souvenirs.

Le ton est donné : aucun retour en arrière ne changera quelque chose, et la nostalgie ne sert à rien. Il faut accepter les dégâts du temps, et l’aventurier, qui engueule ses voisins écoutant de la musique trop forte, ne semble plus à la recherche du temps perdu. Si le début d’Indiana Jones 5, mélancolique à souhait, bouleverse autant, c’est que dans la vraie vie, l’acteur américain Harrison Ford, ovationné au dernier Festival de Cannes où il a reçu une Palme d’honneur, va aussi ranger, à 81 ans, son fouet et son fédora.

Quinze ans après le quatrième volet contant les épopées de l’archéologue, le héros d’American Graffiti (1973) et Apocalypse Now (1979) assure une dernière mission très rythmée – entre course-poursuite en tuk-tuk au Maroc et virée en moto en Sicile – qui vient clore, pour lui, plus de quarante ans de saga. C’est la dernière fois qu’on verra l’acteur charismatique et plein d’humour – qui a joué dans 7 des 30 plus gros succès du box-office – dans la peau (et la veste de cuir) de l’intrépide Indiana Jones? Un héros casse-cou qui a fait rêvé des générations d’enfants, d’adolescents et d’adultes.

Interview d’Harrison Ford, la star du film Indiana Jones et le Cadran de la destinée

En conférence de presse, l’ex-charpentier Harrison Ford explique pourquoi il a accepté de rejoindre une nouvelle fois cette aventure cinématographique présentée en avant-première au dernier Festival de Cannes : « J’ai toujours voulu compléter l’histoire en imaginant Indiana Jones vers la fin de sa carrière, et même, vers la fin de sa vie. Et nous avions un très bon scénario, que j’ai lu avec excitation, ce qui m’a encouragé à accepter le projet. Il n’y avait donc aucun obstacle à raconter un autre chapitre de son histoire pour moi. » L’acteur, qui a été rajeuni numériquement pour les besoins d’une scène du film – selon le procédé du de-aging -, ne cache pas son émotion durant la conférence de presse, visiblement touché par l’accueil chaleureux réservé à ce nouveau Indiana Jones.

Il revient aussi en détails sur le parcours, très humain, du héros attachant, pas au sommet de sa forme dans les prémices du nouveau volet de la saga avant que ne débarque sa pétillante et insolente filleule, Helena Shaw, interprétée par Phoebe Waller-Bridge (Fleabag), qui le convainc de partir à la recherche d’une relique, le cadran d’Archimède, convoitée par des ex-nazis. Cette dernière permet de repérer les failles spatiotemporelles et de se rendre dans le passé. « Les forces d’Indiana Jones sont diverses, note Harrison Ford, et nous les avons démontrées au cours de quatre films, avant celui-ci. Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase de sa vie. Et on le retrouve après 15 ans d’absence. Il a vieilli et prend sa retraite. Sa faiblesse, ce sont les ravages du temps. Nous le rencontrons le dernier jour de sa vie universitaire, qui n’a pas été inspirante pour lui. Il traverse une période faite de bas que nous n’avons jamais vu auparavant. Mais je pense que, dramatiquement, cela fonctionne très bien car, à ce moment-là, nous présentons également sa filleule Helena Shaw, comme le personnage qui stimule vraiment l’intrigue en cours.« 

Les adieux émouvants d’Harrison Ford à Indiana Jones

Harrison Ford, qui a incarné d’autres personnages mythiques au cinéma tels que Han Solo dans Star Wars et Rick Deckard dans Blade Runner, à qui il a aussi dit au revoir, confie : « Cet adieu n’est pas différent des autres, mais il me semble juste en raison de sa forme. J’ai l’impression que nous avons tourné un film vraiment satisfaisant pour le public. Nous avons pris en compte notre inquiétude et notre intérêt pour le personnage, et essayé de façonner une histoire qui ramènerait ce personnage dans leur vie avec une histoire intéressante. Et je pense que compte tenu des personnes que nous avons impliquées dans le personnage et la nature de l’histoire que James (Mangold, le réalisateur) a créée pour nous, c’est un splendide au revoir. »

« C’est une profession où l’on rend service aux storytellers. Le réalisateur est le conteur en chef, et je suis un conteur assistant. » Harrison Ford

Après des années passées à jouer Indy, Harrison Ford a appris pas mal de choses. « C’est une profession où l’on rend service aux storytellers. Le réalisateur est le conteur en chef, et je suis un conteur assistant. Ce que j’ai appris au fil des ans, c’est à mieux connaître ce personnage, mais aussi à connaître un peu plus mon travail. Juste un petit peu plus. Ce personnage signifie pour moi ce qu’il signifie pour le public, parce que c’est le contrat entre nous. Je suis obligé de donner le meilleur de moi-même dans l’histoire que je veux raconter. Quand un personnage est reçu avec la chaleur et la générosité réservée à Indiana Jones, je le prends personnellement. Cela signifie beaucoup pour moi que les gens aiment ce que nous avons fait. Et j’espère qu’ils apprécieront cette nouvelle contribution. »

L’acteur, discret dans la vie – notamment sur son histoire d’amour avec l’actrice Calista Flockhart, et très engagé pour la défense de l’environnement, profite également de la conférence de presse d’Indiana Jones 5 pour évoquer un conseil donné par Marlon Brando à un collègue acteur. « Marlon Brando lui aurait dit : « Il faut que tu aies l’air de t’en foutre ou ils le verront sur ton visage. Ça veut dire que tu dois te soucier profondément de ce que tu fais, en tant qu’acteur, mais que tu ne peux pas te soucier du succès. Tu dois juste te soucier d’être là. On ne vise pas un résultat. On a une intention, mais on ne peut pas se concentrer sur le résultat. »

Indiana Jones et le Cadran de la destinée (2023) de James Mangold, diffusé le 26 janvier 2024 sur Canal+.