14 mar 2023

Rencontre avec Bastien Bouillon, l’acteur césarisé à l’affiche du film Un homme en fuite

De son rôle de flic sensible et tourmenté dans le film La Nuit du 12 à celui d’écrivain émotif dans le court-métrage Partir un jour, Bastien Bouillon impressionne. Alors qu’il est à l’affiche du film Un homme en fuite, ce mercredi 8 mai 2024, aux côtés de Léa Drucker, Numéro a rencontré l’acteur césarisé qui ne se contente plus des seconds rôles.

Bastien Bouillon dans le film Un homme en fuite (2024) © Tandem Films.

Un regard porté vers le futur 

 

Aujourd’hui, Bastien Bouillon est père de famille. Ses fantasmes de jeunesse sont derrière-lui, mais il ne semble pas avoir perdu le goût du rêve : “Enfant, c’est l’expression écrite que je préférais et dont je rêvais. J’écris encore de la poésie et maintenant je commence à écrire le scénario d’un court-métrage. Je ne sais pas si j’écrirais un roman un jour. Mais il n’est jamais trop tard ”. À propos de son avenir en tant qu’acteur, celui qui incarne sensiblement le commissaire Yohan Vivès dans le long-métrage La nuit du 12 nous confie : “Je ne suis pas un snob de la télé. J’aimerais bien continuer à en faire. Je trouve ça bien de ne pas faire que des films à 4 millions d’euros qui s’adressent au même public, sinon les gens finissent par se lasser. En se diversifiant, on peut continuer à trouver de la saveur et de l’exigence dans son jeu ”. En attendant de le revoir sur petit écran, Bastien Bouillon jouera aux côtés de l’impressionnant Gérard Depardieu dans Umami, un film de Slony Sow qui sortira en salles le 17 mai 2023. “Ça fait des années que je voulais tourner avec Gérard Depardieu, j’en parlais souvent à mon agent. Ça s’est finalement présenté et je joue le rôle de son fils. Cela a vraiment été la raison de mon élan vers ce film. Il est encore très généreux sur le plateau, c’est quelqu’un qui regarde et qui écoute ceux qui jouent avec lui donc c’était super. On est nés au même endroit (à Châteauroux) mais ce n’est pas pour autant que j’ai essayé de faire copain-copain. Amélie Bonnin (la réalisatrice de partir un jour) est née là-bas aussi d’ailleurs. C’est un peu la classe (rires) ”.

 

Le fabuleux destin de Bastien Bouillon 

 

Si la carrière de celui qui s’est présenté lors de notre rencontre humblement vêtu d’un sweat-shirt D’or et de platine (le label de musique du rappeur Jul) s’avère en tout point remarquable, il reste pour autant très simple en apparence, la tête bien vissée sur les épaules. Ses succès récents auraient pu lui monter à la tête, mais rien n’y fait. Le trentenaire au visage enfantin et à l’allure presque juvénile reste imperturbable. Son arbre généalogique, lui aussi, aurait pu impressionner. Peuplé d’artistes (son père, Gilles Bouillon est metteur en scène de théâtre) mais aussi de (très) grands noms du siècle passé (il est l’arrière petit neveu de la chanteuse et résistante Josephine Baker). Au sujet de cette parenté lointaine, l’acteur français nous réponds sobrement : “Je ne pense pas que cela ai eu d’influence dans ma vie. À part peut-être quelque chose d’intime. Lorsque je vois un documentaire ou que je lis une BD sur Joséphine, je me dis “c’est marrant qu’elle ai été présente à la naissance de mon père ou à celle de ma tante”. Que mon grand-père (chez qui j’ai rangé mon César d’ailleurs) ai été son assistant et son neveu. C’est un personnage que j’aime de fait. Peut-être de manière un tout petit peu plus intime que quelqu’un d’autre. Elle a eu une carrière politique et artistique hyper valeureuse donc c’est plutôt admirable. J’ai de la fierté mais qui relève un peu de l’illégitime ”.

 

Partir un jour, de la réalisatrice Amélie Bonnin, avec Bastien Bouillon et Juliette Armanet. Disponible gratuitement sur arte.com

 

Le fabuleux destin de Bastien Bouillon, neveu de Joséphine Baker

 

Aujourd’hui, Bastien Bouillon est père de trois enfants. Ses fantasmes de jeunesse (même s’il a l’air toujours juvénile) sont derrière lui, mais il ne semble pas avoir perdu le goût du rêve : “Enfant, c’est l’expression écrite que je préférais et dont je rêvais. J’écris encore de la poésie et maintenant je commence à écrire le scénario d’un nouveau court-métrage. Je ne sais pas si j’écrirais un roman un jour. Mais il n’est jamais trop tard. » 

 

À propos de son avenir en tant qu’acteur, celui qui incarne avec sensibilité le commissaire Yohan Vivès dans le long-métragLa Nuit du 12 avoue : “Je ne suis pas snob. Je n’ai rien contre la télé. J’aimerais bien continuer à en faire. Je trouve ça bien de ne pas faire que des films à 4 millions d’euros qui s’adressent au même public, sinon les gens finissent par se lasser. En se diversifiant, on peut continuer à trouver de la saveur et de l’exigence dans son jeu.” 

 

Ses succès récents auraient pu monter à la tête à Bastien Bouillon, mais rien n’y fait. Le trentenaire au visage enfantin et au timbre de voix si singulier reste imperturbable. Son arbre généalogique, lui aussi, aurait pu impressionner. Peuplé d’artistes (son père, Gilles Bouillon est metteur en scène de théâtre) mais aussi de (très) grands noms du siècle passé. L’acteur est en effet l’arrière petit neveu de la chanteuse et résistante Joséphine Baker.

 

Au sujet de cette parenté lointaine, l’acteur français nous répond sobrement : “Je ne pense pas que cela ait eu une influence dans ma vie. À part peut-être quelque chose d’intime. Lorsque je vois un documentaire ou que je lis une BD sur Joséphine, je me dis : « C’est marrant qu’elle ait été présente à la naissance de mon père ou à celle de ma tante, que mon grand-père (chez qui j’ai rangé mon César d’ailleurs) ait été son assistant et son neveu. » C’est un personnage que j’aime. Elle a eu une carrière politique et artistique très courageuse donc c’est plutôt admirable. J’ai de la fierté mais qui relève un peu de l’illégitime car je ne l’ai hélas pas connue. »

 

Un homme en fuite (2024) de Baptiste Debraux, avec Bastien Bouillon et Léa Drucker, au cinéma le 8 mai 2024.

Un jeudi matin, sur les coups de 11h, une silhouette longiligne aux cheveux ébouriffés pousse la porte d’un café dans le 18e arrondissement de Paris. L’homme salue le patron du bar avant de se présenter à nous avec un grand sourire, humblement vêtu d’un sweat imprimé du label du rappeur Jul (D’or et de platine). Son nom ne vous dit peut-être rien mais vous avez sûrement déjà croisé le visage de Bastien Bouillon sur grand ou petit écran. Depuis plus de 15 ans, il se fait remarquer pour ses apparitions dans des séries (R.I.S Police ScientifiqueDétectives ou encore Oussekine), dans des courts-métrages (Jeudi 19Le Locataire) mais aussi plus récemment dans des films salués par la critique (2 automnes 3 hiversSeules les bêtes, Le Mystère Henri Pick).

 

La reconnaissance sur le tard de Bastien Bouillon avec La Nuit du 12 et son César du meilleur espoir masculin

 

Depuis la cérémonie des César du 24 février 2023, le nom de Bastien Bouillon semble avoir pris une toute autre dimension. Nommé dans la catégorie de meilleur espoir masculin aux côtés de (très) jeunes acteurs comme Paul Kircher (pour son rôle remarqué dans le film Le Lycéen) ou encore Aliocha Reinert (Petite Nature de Samuel Theis), c’est l’acteur originaire de Châteauroux et âgé de 38 ans qui remportera la statuette pour son rôle dans La Nuit du 12. Dans le thriller haletant de Dominik Moll, Bastien Bouillon se plonge avec une justesse déconcertante dans la peau d’un jeune commissaire de police tourmenté par une sombre affaire judiciaire. Le film est d’ailleurs devenu un phénomène, remportant plusieurs Césars dont celui du meilleur film de l’année 2022.

 

Un homme en fuite : le nouveau film de Bastien Bouillon et Léa Drucker

 

Ce César marque une reconnaissance tardive pour celui qui suivait les classes libres du prestigieux cours Florent en 2007 et qui faisait ses premières apparition à la télévision il y a déjà quinze ans de cela. “J’ai commencé par la télévision car j’avais un agent qui avait des contacts là-dedans à cette époque. J’ai fait de la figuration, des petits rôles dans des court-métrages puis des rôles dans des films. Mais La Nuit du 12 est finalement mon véritable premier grand rôle au cinéma” souligne-t-il.

 

Cette année, Bastien Bouillon fait son grand retour dans les salles obscures en se plongeant dans le rôle d’un personnage taciturne dans le film policier Un homme fuite (2024) aux côtés de Léa Drucker et de Marion Barbeau, ce mercredi 8 mai 2024. Le pitch ? « Rochebrune est au bord du chaos. Johnny, leader du mouvement de protestation de la ville, a disparu après avoir braqué un fourgon. Lorsque Paul Ligre apprend la nouvelle, il revient dans la ville qui l’a vu grandir pour retrouver son ami d’enfance avant la police. Seulement, l’enquête d’Anna Werner la mène inéluctablement vers le secret qui unit Paul et Johnny… »

 

Portrait de Bastien Bouillon © DR

Un court-métrage avec la chanteuse Juliette Armanet

 

Lors de la cérémonie des César du 24 février 2023, le petit film Partir un jour de la réalisatrice Amélie Bonnin – dans lequel Bastien Bouillon est l’acteur principal – recevait aussi le prix du meilleur court-métrage de fiction. Aux côtés de l’incandescente Juliette Armanet, dans le rôle d’une caissière, il interprète le rôle d’un jeune écrivain, couronné d’un succès récent, qui rend visite à ses parents en Bretagne. Piquant, drôle et loufoque – les deux compères reprennent notamment le tube de l’année 1999, Tu m’oublieras de Larusso -, ce film d’une vingtaine de minutes explore le sentiment universel de “nouveau départ” dans sa dimension la plus large. Le nouveau départ suite à la fuite d’un microcosme familial à l’adolescence mais aussi celui d’un nouveau départ en tant que parent (les deux acteurs sont sur le point d’avoir un enfant, chacun de leurs côtés, dans le court-métrage).

 

Ces grands moments de vie, Bastien Bouillon les a aussi éprouvés à l’adolescence (la vraie, pas celle des films). Il explique : “Mes voyages ont été mes grands départs. À 19 ans, je suis parti au sud du Sénégal par la terre. En stop, en car, en pirogue. J’y allais avec un but, faire du woofing (travail bénévole sur un terrain agricole en échange du gîte et du couvert, ndlr), sauf qu’il y a presque vingt ans, le concept était encore très peu développé en Afrique. Ce voyage m’a beaucoup marqué. Plus tard, lors de mon deuxième voyage, je n’avais pas de but spécial, à part d’aller au Japon pour rencontrer un maître Butō, une danse japonaise. Je voulais juste voir et voyager. Il n’y avait pas de but spirituel. Peut-être que j’étais simplement doux et romantique, que je voulais me chercher ou me trouver en voyageant. Mais c’était un peu bancal. C’est peut-être une fuite aussi, je ne sais pas. Mais c’est toujours plus dur lorsqu’on revient. »