Que retenir du documentaire Netflix sur Jennifer Lopez ?
Après avoir diffusé des documentaires sur Lady Gaga, Angèle et Beyoncé, Netflix dévoile un film énergique, chronométré et élogieux sur la vie et la carrière de la chanteuse, danseuse, femme d’affaires, icône latino et actrice incendiaire Jennifer Lopez. Intitulé Halftime, le programme revient sur les hauts (et les quelques bas) d’une diva aux 80 millions de disques vendus ainsi que sur sa portée politique. Mais y apprend-t-on vraiment quelque chose ?
Par Violaine Schütz.
1. Une diva qui revient de loin
À 52 ans, Jennifer Lopez est une actrice, chanteuse, danseuse, femme d’affaires, et superstar à l’origine de la création de Google Images (grâce à sa fameuse robe verte échancrée Versace) qui n’a – presque – plus rien à prouver. Mais l’artiste et bombe latine aux courbes mythiques revient de loin. Comme le rappelait déjà son tube Jenny from the Block (2002), celle qui est née dans le Bronx a grandi loin du show-business. Halftime nous apprend que la mère de la chanteuse, une femme froide et coriace, la frappait. Et que Jennifer Lopez, devenue une machine de guerre camouflant les moments où elle est malade derrière des couches de make-up, a fugué pour lui échapper. On voit également dans le documentaire une scène en famille intimiste : un repas de Thanksgiving animé pour lequel Jennifer Lopez cuisine, en pyjama, comme si le succès intersidéral n’avait jamais existé. Heureusement, à d’autres instants où la star se promène avec un gobelet entièrement strassé, on se remémore son statut de diva.
2. Une danseuse hors pair
L’artiste a commencé par la danse, en tant que « Fly Girl » (une expression désignant les filles cool qui gravitent dans le milieu du hip-hop) dans l’émission humoristique In Living Color en 1991. Elle a ensuite redoublé d’efforts pour être aussi vu comme une actrice et une chanteuse. Mais les moments les plus spectaculaires et intenses d’Halftime sont ceux où l’on voit Jennifer Lopez se déhancher, que ce soit sur une barre de pole dance ou sur une scène. En leggings et sweat-crop top, elle prépare dans le moindre détail et avec une hargne colossale (qui tient presque de la boxeuse) les chorégraphies du show de la mi-temps du Super Bowl en 2020. Son énergie et son charisme impressionnant, presque carnassier, nous rappelle qu’avec Madonna et Beyoncé, l’Américaine est sans doute l’une des pop stars qui parvient le mieux à faire passer des émotions fortes avec son corps. On regrette par contre que le documentaire ne laisse que très peu de place à sa collègue de Super Bowl, Shakira. On sent même une certaine tension et rivalité entre les deux stars dans les rares apparitions de l’interprète de Waka Waka. Pour la sororité, on repassera.
3. Un traitement médiatique similaire à celui de Britney Spears
Certains de ses films ont rencontré un succès fulgurant (à l’image d’Un Mariage trop parfait sorti en 2001) et elle a vendu 80 millions de disques, pourtant J.Lo a parfois subi un traitement médiatique proche de celui, anti-féministe, réservé à Britney Spears. Dans les années 2000, on a remis en cause ses performances vocales, ses aptitudes d’actrice et surtout, la télévision et la presse ont enchaîné les blagues sur ses fesses proéminentes. Mais hélas, comme le note Ben Affleck dans le documentaire, Jennifer Lopez étant une femme et une latina qui a réussi, elle s’attendait à ne pas faire l’unanimité.
4. Une pop plus politique qu’il n’y paraît
Jennifer Lopez l’avoue dans une interview montée par Halftime : toutes ses chansons parlent d’amour. Pourtant, il ne faut pas remettre en question la portée politique de J.Lo. Elle a tenu à penser toute sa performance au Super Bowl comme un grand moment de fierté culturelle et un hommage à ses origines portoricaines. Mais elle s’est aussi battue, contre la NFL qui organise le show et dont les patrons soutiennent Trump, pour incorporer des cages sur scène. Il s’agissait d’une allusion à ce qui se passait depuis 2018 alors aux États-Unis. Des enfants de migrants clandestins étaient séparés de leurs parents aux frontières et enfermés aux frontières américano-mexicaines. Halftime montre également la prestation patriotique de Jennifer Lopez, lors de la cérémonie d’investiture de Joe Biden, en janvier 2021.
5. Une renaissance à 50 ans
Un mental en acier et des abdos en béton… À 52 ans, Jennifer Lopez force plus que jamais le respect. « Toute ma vie, je me suis battue pour être entendue, vue, prise au sérieux » avoue-t-elle. Et c’est après 50 ans que l’interprète d’On the Floor (2011) semble enfin avoir obtenu tout ce qu’elle désirait, ou presque : un retour de flamme (avec Ben Affleck), une nomination aux Golden Globes pour son film Queens (2019) ou encore la mi-temps du Super Bowl. Même si la chanteuse regrette de ne pas avoir reçu d’Oscar pour Queens, cette renaissance tardive constitue la preuve flamboyante que la vie des femmes ne s’arrête pas à la ménopause. Que l’on soit une superstar bodybuildée ou pas.
Halftime (2022) d’Amanda Micheli, disponible sur Netflix.