15 juin 2022

Nouvelle École : que vaut le télé-crochet rap de Netflix ?

Attendu comme le messie par les fans de rap francophone, le télé-crochet Nouvelle École part à la recherche du nouveau flow de demain, avec une pluie de stars piquantes en guise de jury. Mais l’émission mérite-t-elle une meilleure note que ses candidats ?

Quelque part entre la série Validé (2020), 8 Mile (2002) et Nouvelle Star… C’est ainsi que l’on s’imaginait que le nouveau programme de Netflix. Intitulé Nouvelle Écolece télé-crochet à gros budget part à la recherche du rappeur francophone de demain. La pépite dénichée par l’émission se verra remettre la somme convoitée de 100 000 euros pour lancer sa carrière. Sur le papier, l’émission a tout pour plaire, surtout qu’elle couvre un genre, le rap francophone, qui a la cote dans les charts et dans le cœur de la Gen Z, la cible phare de la plateforme de streaming. Mais les épisodes ne sont pas tous à la hauteur de la promesse.

 

SCH, Shay et Niska, le sémillant jury de Nouvelle École sur Netflix

 

Si on s’en tient aux deux premiers épisodes, le show est une franche réussite. On y voit briller le jury composé de SCH, Shay et Niska, qui s’occupent chacun des talents d’une ville (Marseille, Bruxelles, Paris). Drôle, piquant et plutôt sympathique, le casting de coachs se situe loin du JoeyStarr incontrôlable et rageur (mais attachant) de Nouvelle Star. Même si on aimerait parfois qu’ils explicitent un peu plus leurs choix, on se délecte, à chaque instant, de leurs formules bien senties comme le « mes gâtés » de SCH employé à tout bout de champ. Certains des commentaires de Shay et de SCH ressemblent même à des punchlines tirées de leurs morceaux et font le bonheur de leurs fans sur les réseaux sociaux. S’ajoute à cette équipe de choc des invités prestigieux venus aider le trio (Jul en claquettes, Doria, Tiakola, Gradur, Mokobé…).

Des candidats pour la plupart très moyens

 

Mais si on valide les stars du show, la plupart du temps assez justes, on ne peut pas en dire autant des candidats choisis. À partir de l’épisode 3, s’enchaînent les sessions d’écriture, les freestyles, les élaborations de clips et les battles (filmées comme au cinéma, drone à la clé, dans des décors somptueux comme des villas de luxe ou le stade Vélodrome). Et les niveaux s’annoncent des plus inégaux. Beaucoup de rappeurs oublient leurs textes, d’autres manquent cruellement d’énergie ou de propos. À la fin des épisodes disponibles, on espère presque ne plus entendre encore une fois dans un morceau les mots « Bendo », « Bails » et « dalle » tellement les candidats nous ont fait frôler l’overdose de formules rap consacrées. On est ici très loin des « rookies » qui « kickent » comme si leur avenir en dépendait qu’on peut découvrir sur YouTube ou les réseaux sociaux.


Nouvelle École semble plus faible que son équivalent américainRhythm + Flow, en matière d’originalité, d’attitude badass et de profondeur de textes de la part des MC’s en herbe. Parmi la vingtaine de jeunes talents qui s’affrontent, certains surnagent à l’image de la truculente et féministe Leys (qu’on connaissait déjà) ou du drolatique B.B. Jacques (dont le nombre d’écoutes en streaming a augmenté de 400% depuis le début de la diffusion de l’émission le 9 juin dernier). Mais beaucoup de prestations sont oubliables. Le meilleur atout de Nouvelle École reste les répliques, la gouaille et les looks, truculents des jurés. Le moment le plus sémillant ? Celui où SCH (que tout le monde surnomme « le S ») choisit ses tenues sur un portant, hésitant entre des pièces de créateurs toutes plus excentriques et épatantes les unes que les autres. Même si le style compte de plus en plus dans la musique, ce n’est pas forcément ce qu’on attendait d’une émission consacrée à la quête de pépites musicales.

 

Les 7 premiers épisodes de Nouvelle École sont disponibles sur Netflix. La finale sera diffusée le 23 juin.

Niska et Shay, membres d’un jury truculent @ Netflix