21 juin 2019

Sunset Rollercoaster ou la meilleure boum de l’année

À la croisée de Wham et de Toto, entre slows langoureux et disco des années 70, les Taïwanais de Sunset Rollercoaster promettent une boum mémorable. Numéro s’est incrusté au concert du groupe à La Maroquinerie.

 

Le groupe Sunset Rollercoaster

Ordinateurs dernier cri, gratte-ciel interminables et Smartphone conceptuels ont élu domicile à Taïwan, île rebelle en guerre froide avec la Chine continentale depuis plus de soixante ans. Mais le groupe Sunset Rollercoaster n’a que faire de l’étiquette “high-tech” affichée par son pays : il préfère le Taïwan et sa végétation luxuriante de l’époque où l’on brandissait encore des briquets en plein concert. On en sait peu sur ces six types au look streetwear, mais une chose est sûre : leurs compositions rétro nous replongent à la fin des années 70.

 

Mercredi soir, une longue file d’attente se fait surprendre par la pluie torrentielle qui s’abat rue Boyer, au nord-est de Paris. Chacun s’engouffre plus vite que prévu dans La Maroquinerie pour limiter la casse… Ici, le public est essentiellement asiatique : Sunset Rollercoaster, peu connu en France, n’effectue qu’un seul concert dans l’Hexagone. Pourtant le groupe taïwanais cumule des millions de vues sur YouTube et enchaîne les tournées en Asie. Un argument suffisant pour que la foule – déjà trempée – s’impatiente. 

https://youtu.be/4JQyv8TD-8Q

Lorsque les lumières s’éteignent, c’est un Black d’1,90 m qui débarque sur scène, accompagné de son crew ultra charismatique. “J’adore sa dégaine”, hurle un type à l’oreille de celle qui l’accompagne. Il tente désespérément de couvrir l’embardée de Gystère, formation slow funk et kitsch à souhait qui assure la première partie du concert. Avec son débardeur à fleurs de hippie, ses épaulettes scintillantes, son synthé-guitare et son bonnet rouge vissé sur ses courtes dreadlocks, Gystère intrigue une salle qui n’attend rien de lui : il lui fait pourtant hocher la tête un bon moment.

 

Sans attendre l’extinction des feux, les six types nonchalants de Sunset Rollercoaster débarquent sourire aux lèvres. Les premiers accords résonnent à peine qu’un couple se roule déjà des pelles sous les lueurs écarlates des spots. La formation taïwanaise déploie un univers résolument vintage, entre jazz fusion, rock psychédélique et slow des eighties, dans la veine du Reality de Richard Sanderson, célèbre BO de La Boum (1980). En toile de fond, une rythmique disco dont le rythme à quatre temps “four-on-the-floor” rassure les plus mauvais danseurs. Sunset Rollercoaster flirte avec le ringard sans jamais s’y abandonner. Dans leurs mélodies, on croise les envolées de Toto et l’ardente fièvre de Wham, doublés d’un esprit karaoké asiatique en filigrane.

Sunset Rollercoaster sort son premier album en 2011, Bossa Nova ravit la critique. Il faut attendre 2015 pour que le groupe accouche d’un nouveau projet : l’EP Jinji Kikko est une perle dans un écrin city pop – style euphorique mêlant jazz, funk sobre et pop mainstream chantée en japonais – le chanteur de Sunset Rollercoaster, quant à lui, préfère l’anglais. Autrefois moqué, taxé de genre niais proche de la musique d’ascenseur, la city pop effectue un retour en force il y a quelques années, exhumée en partie par les hipsters. Chine, Japon, Corée, Indonésie… au lendemain d’une tournée triomphante en Asie, les Taïwanais gagnent les États-Unis et se produisent au SummerStage, illustre festival de Central Park, à New York. Un an plus tard, le titre Angel Disco Love achève un concert confidentiel dans le XXe arrondissement de Paris, à La Maroquinerie. Sunset Rollercoaster déferlera bientôt sur le monde…