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Qui se cache derrière le phénomène électro Quentin Dupieux alias Mr. Oizo ?
À 42 ans, Quentin Dupieux, alias Mr. Oizo, sort “All Wet”, un nouvel album aussi barré et expérimental qu’addictif. L’occasion de revenir sur toutes les facettes de ce trublion du cinéma intimiste comme de la musique de – gros – clubs.
Par Violaine Schütz.
1. Mr. Oizo, un phénomène générationnel
Véritable figure de la french touch, Mr. Oizo a débuté en signant sur le mythique label électronique FCom après une rencontre avec Laurent Garnier. Son tube house vicieux et saccadé Flat Beat (1999) s’est écoulé à trois millions d’exemplaires. Numéro 1 « all around the world », il est notamment devenu culte en raison de son clip mettant en scène la fameuse marionnette jaune, Flat Eric. Cette dernière a même été choisie pour mascotte Levi’s pour laquelle Dupieux réalisa des publicités, dans un élan « pop art ».
2. Une vocation détournée
Aujourd’hui encore, Dupieux avoue dans des entretiens avoir l’impression d’être un imposteur dans la musique. Il a en effet réalisé l’étrange Flat Beat en peu de temps, et s’étonne que ce rythme répétitif tordu ait pu devenir un tel hymne de clubs. Il faut dire que si il a commencé à produire des morceaux, c’est parce qu’il y lui fallait du son original pour ses films. Et pour des raisons de droit (acheter des titres d’illustrations coûte cher), il se procura un synthé auprès du musicien Jackson. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.
3. Un électron libre
A 12 ans Quentin Dupieux se passionnait déjà pour les films et en réalisait des courts-métrages entre amis, avant d’en vendre un à Canal +. Il a d’ailleurs débuté dans l’équipe des clips Midi-Minuit de Michel Gondry. Il possède en commun avec le réalisateur ainsi qu’avec un autre clippeur devenu cinéaste, Spike Jonze, un sens de l’expérimentation et une fantaisie prenantes. Il explique lui-même souvent démarré un film ou un live en tentant des choses sans penser au résultat final, notamment lorsqu’il utilise des logiciels de musique électroniques. En 2010, il déclamait ainsi au webzine 1Kult : « il n’y a rien de plus beau dans l’art que de ne pas réfléchir. »
4. Quentin Dupieux, un réalisateur aventureux
Peu d’acteurs/actrices ont réussi à percer dans la musique (le syndrome Mélanie Laurent). Et au niveau des cinéastes, rares sont ceux, hormis John Carpenter, a avoir poussé de façon convaincante composition et réalisation. C’est là que Dupieux force le respect. En plus d’avoir imposé sa patte dans l’électronique, il s’est fait un nom dans le cinéma indépendant français. En 2007, sortait Steak, un second long métrage (après Nonfilm en 2001), assez déroutant par la forme et le fond pour le faire remarquer. Il y mettait en scène le duo comique Éric et Ramzy, au milieu de musiciens comme Kavinsky et Sébastien Tellier. Humour absurde, situations surréalistes, télescopage des genres, un style était né. Suivirent l’émouvant Rubber (2010), folle histoire d’amour entre un peu tueur et Roxane Mesquida, présenté à Cannes. Wrong Cops (2014) et Réalité (2015, avec Alain Chabat) confirment le talent de celui qui s’est une fois autoproclamé « meilleur cinéaste de sa génération ».
5. Un homme bien entouré
La bande de son label, Ed Banger, Justice, Cassius, Pedro Winter, les Daft Punk (Thomas Bangalter joue sans masque dans l’un de ses films), Quentin Dupieux est fidèle en amitié et fait souvent travailler ses copains. Mais il sait aussi sortir de sa zone de confort pour mieux surprendre l’auditeur. Ainsi en 2013, Mr. Oizo sort Amicalement qui comporte un duo avec Marilyn Manson sur le titre Solid. Il peut faire une chanson avec Calvin Harris (qu’il a remixé) si il boit un café avec lui et qu’il sympa, comme il le confiait récemment à Dazed And Confused. Et son nouveau disque invite Peaches, Skrillex et Charli XCX pour une fête hallucinée. Un drôle d’oiseau qui a plus d’une plume dans son flat eric en fourrure.