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Pourquoi Bon Iver est-il l’artiste folk le plus passionnant de la rentrée ?
Avec son nouvel album, 22, A Million sorti le 30 septembre dernier, Justin Vernon, alias Bon Iver, 35 ans, donne au moins un million de raisons de se repencher sur le cas de ce “Kanye West du folk”.
Par Violaine Schütz.
1. Il repousse sans cesse les limites
L’Américain Justin Vernon s’était enfermé pendant trois mois dans une cabane retirée du Wisconsin, après une déception amoureuse, pour accoucher de son premier album. Mais il ne s’est jamais enfermé dans une case, celle du folk dépressif. L’autoproduit For Emma, Forever Ago flirtait déjà avec quelque chose de plus grand et complexe qu’une musique à guitares neurasthénique. Son deuxième disque (sorti en 2011) convoquait d’ambitieux arrangements de cordes, des percussions entêtantes, un saxo et des notes électroniques. Avec 22, A million, c’est un milliard d’idées/minute qui se bousculent. Souvent expérimental, l’inventivité de sa folk pop futuriste évoque par moments Frank Ocean, Daft Punk, Animal Collective, Pink Floyd et Kanye West. Une bromance unit d’ailleurs ce dernier à Justin, depuis que le mari de Kim Kardashian l’a samplé. « Je l’aime autant que Kanye aime Kanye« , a-t-il déclamé.
2. Il accorde une grande importance au visuel
Ça ne se voit pas à ses chemises blanches ou à carreaux lessivées, sa barbe laissée à l’abandon et ses bonnets/casquettes, mais Bon Iver aime les belles choses. À l’image de ses tatouages sur les bras et le torse, très graphique, il a soigné l’esthétique de son nouvel album. Outre la pochette magnifique, il a dévoilé au compte-goutte des lyrics videos, des clips où l’on peut lire les paroles de chacun des titres de l’album sur fond de formes géométriques colorées ou de visuels étranges assez hypnotiques.
3. Il s’est réconcilié avec le monde
Depuis la sortie de son troisième album, Bon Iver se fait moins discret, lui qui a toujours cultivé un certain mystère. Cinq années d’absence (parsemées de quelques participations à des side projects et de rares lives) nous séparaient en effet de son dernier album LP. Et on se demandait bien ce qu’il avait pu tramer durant tout ce temps. Des tatouages dédiés à des amours contrariées ? En fait sa nouvelle notoriété a causé chez lui de graves crises d’anxiété, des attaques de panique et des remises en question en partie responsable de la belle mélancolie de 22, A Million. Avec un voyage en Grèce (à Santorin) et une nouvelle histoire d’amour, ses dernières compositions l’auraient aidé à « guérir« , a-t-il confié au New York Times.
4. Il adore la techno
Bon Iver a transformé l’image du folkeux à barbe neurasthénique à guitare fuyant devant les beats tapageurs du Berghain. Il vient d’ailleurs de se produire à Berlin, a collaboré avec le prodige électronique James Blake (fan de Justin), et s’est lancé récemment dans un set techno ainsi qu’une production avec Woodkid, filmée par la Blogothèque. Heureusement qu’il continue également de faire appel à une chorale pour ne pas perdre les fans de la première heure.
5. Un jour férié lui est dédié
L’auteur du tube Skinny Love qui a gagné un Grammy, vu ses chansons illustrer de nombreuses séries américaines et jouera au Zénith de Paris le 22 janvier 2017, déteste la célébrité. Mais le maire de la ville de Milwaukee n’est pas de cet avis. Ce dernier a déclaré le 22 juillet 2011 férié, en hommage à Bon Iver, parce qu’il considère que ses chansons célèbrent « l’héritage du Wisconsin, le plaçant en parfait ambassadeur international pour le Milwaukee et le Wisconsin. » Pas sûr que le Maire ait apprécié l’utilisation de l’auto-tune à la place du falsetto sur le dernier disque de la fierté nationale.
22, A Million (2016) de Bon Iver, disponible sur toutes les plateformes.