Paillettes, feux d’artifice, surprises… On était au concert de Taylor Swift à Paris

On pourrait écrire une thèse sur The Eras Tour, la sixième tournée de la chanteuse américaine Taylor Swift. L’attente entourant ces concerts s’explique d’abord par le fait que l’artiste n’avait pas pu réaliser de tournées pour défendre ses albums Lover, Folklore et Evermore à cause du Covid.

La tournée pharaonique, qui a débuté le 17 mars 2023 à Glendale en Arizona (et qui prendra fin en décembre 2024 au Canada) est la plus lucrative de l’histoire de la musique, cumulant deux milliards de dollars de recettes. Et c’est sans compter les dollars engendrés par les nombreux produits dérivés… De quoi augmenter, en moins d’un an, sa fortune de 360 millions de dollars selon Forbes.

Les prix des billets ont atteint, partout dans le monde, des sommes astronomiques (surtout en fosse or), poussant les fans à économiser de longs mois pour pouvoir s’offrir une soirée avec la star. The Eras Tour a même eu un impact sur le tourisme, faisant grimper les visites dans les villes où elle s’est produite ainsi que sur l’économie de certains lieux (en boostant notamment les réservations d’hôtels). Les concerts de Taylor Swift ont même provoqué un mini tremblement de terre à Seattle, en juillet 2023.

On était au concert de Taylor Swift à Paris La Défense Arena le 9 mai 2024

Mais si l’aspect économique de la tournée de Taylor Swift a beaucoup été commenté, peu de choses ont encore été écrites sur les concerts en eux-mêmes. Alors que la chanteuse américaine remplit quatre fois à Paris La Défense Arena (Nanterre), du 9 au 12 mai 2024, c’est le moment de faire le point : est-ce que les lives de Taylor Swift méritent autant de tapage médiatique ?

Nous étions le 9 mai à Paris la Défense Arena, plus grande salle indoor d’Europe, pour se rendre compte de la frénésie qui règne autour de l’artiste. Invités par Deezer (partenaire de l’événement), qui avait organisé une chasse au trésor Taylor Swift en avril permettant aux fans de gagner des places de concerts en résolvant des énigmes dans l’application, on a pu constater la douce folie des Swifties (les fans de Taylor Swift) en direct live. Près de la loge VIP Deezer, un karaoké de chansons pop battait son plein tandis qu’un blind test était organisé par la plateforme musicale dans les couloirs de la salle.

La tournée The Eras Tour : un phénomène mondial où se donnent rendez-vous les Swifties

Depuis plusieurs jours, des fans patientent et campent dans des tentes plantées autour de la salle de concert. Le soir du concert, dès 18h, l’ambiance est électrique. En grande partie composé de jeunes filles (et de quelques enfants), le public de Taylor Swift arbore des robes à paillettes, des pièces romantiques, des chapeaux de cow-boys et des santiags. D’une gentillesse extrême, ceux qui ont pris l’habitude de confectionner et d’échanger entre eux des bracelets de l’amitié, n’hésitent à nous parler et à se mettre à danser et à chanter du Taylor Swift dès qu’on leur adresse la parole. 

Les Swifties comptent sans doute parmi les communautés de fans les plus ferventes et attachantes. Et ils constituent l’une des forces de la chanteuse. Si elle a mis longtemps à s’imposer en France, notamment parce qu’elle vient de la country, un genre très américain, Taylor Swift possède désormais une solide fanbase. Ils sont 42 000 ce soir à Paris la Défense Arena, tous munis de bracelets lumineux donnés à l’entrée, qui permettront d’illuminer la salle de différentes couleurs. Cependant, 30% des spectateurs viennent de l’étranger et 30% ont fait le voyage depuis les États-Unis.

Karma, Anti-Hero, Lavender Haze… La chanteuse Taylor Swift enchaîne les tubes

Après un live musclé et réussi du groupe de rock Paramore (qui se lance notamment dans une reprise énergique des Talking Heads), Taylor Swift entre finalement en piste aux alentours de 20h. Nous allons alors assister, durant plus de 3 heures, à l’une des meilleurs shows de pop star qu’il nous a été donné de voir. Et pourtant, on a déjà vu en concert Beyoncé, Rihanna et Dua Lipa.

En jouant avec l’image de la maison de poupée aux pièces de différentes couleurs, la chanteuse revisite une par une ses nombreuses eras. Des segments sont ainsi dédiés aux albums Lover (2019), Fearless (2008), Red (2012), Speak Now (2010) ou encore 1989 (2014). Nos tableaux préférés ? Ceux de la période Folklore (2020), durant laquelle Taylor Swift chante dans une cabane en bois, au milieu d’une forêt. Elle se met aussi au piano (recouvert de mousse). La séquence de l’ère Midnights (2022) impressionne également avec les tubes Lavender Haze, Anti-Hero et Karma (qui clôture en beauté le show).

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L’album The Tortured Poets Department joué en concert pour la première fois

Mais les fans sont surtout enthousiastes au moment de découvrir (une première mondiale) des titres du tout dernier album de Taylor Swift, The Tortured Poets Department, sorti en avril, interprétés sur scène. Qualifié par l’artiste de Female Rage: The Musical (Rage féminine : la comédie musicale), ce segment, lors duquel elle portait une sublime robe blanche Vivienne Westwood custom ornée de ses paroles (« I love you, it’s ruining my life »), était à la fois émouvant et spectaculaire. L’auteure-compositrice a chanté les titres But Daddy I Love Him, So High Shool, Who’s Afraid Of Little Old Me?, Down Bad, Fortnight, The Smallest Man Who Ever Lived et I Can Do It With A Broken Heart entourée d’un décor en noir et blanc et d’une machine à écrire. Autre surprise pour ses fans ? Taylor Swift a chanté ce soir-là une version de 10 minutes du morceau All To Well ainsi que sa chanson très romantique Paris. La foule était alors en délire.

Que l’on aime la chanteuse ou pas, Taylor Swift est une artiste à voir absolument en live. Ce 9 mai, elle a parfaitement exécuté sa première date parisienne du Eras Tour. Aidée par des costumes somptueux et souvent scintillants (signés Atelier Versace, Zuhair Murad Couture, Roberto Cavalli, Vivienne Westwood et Louboutin), des musiciens bien rodés, des choristes, des danseurs (dont un adepte de voguing) et d’une scénographie ambitieuse (cubes mouvants, pyrotechnie, cabane en bois, écrans géants, confettis, jeux d’illusions et de lumière, feux d’artifice), elle assure le show durant 3 heures, offrant des prouesses vocales exceptionnelles, tout en jouant de la guitare et du piano. 

L’une des artistes les plus puissantes au monde

Tout au long du concert XXL survolté, on assiste aussi à la transformation de la star. D’abord romantique et sage, elle interprète les titres les plus rock et country de son répertoire, dans des tenus plutôt girlie, dégageant l’image d’une princesse très américaine. Puis arrivent des tableaux beaucoup plus féroces et sexy (notamment lors du morceau Bad Blood) et des mouvements de danse lascifs que ne renieraient pas Beyoncé et Rihanna. Elle se transforme tour à tour en sorcière/pythie façon Stevie Nicks, en meneuse de revue de cabaret ou en pom-pom girl délurée, surfant aussi bien sur l’esthétique victorienne que sur les univers du ballet et du cirque onirique (des danseurs sont parés d’ombrelles poétiques).

Cela symbolise bien le parcours de vie et la carrière de la chanteuse de Shake It Off (dont l’interprétation live est l’un des climax du concert). D’abord perçue comme juvénile et inoffensive, elle a fait trembler ses ex-petits amis (la star écrit principalement sur sa vie et sur ses histoires d’amour) et le monde de la politique tout en s’exprimant sur l’agression sexuelle qu’elle a subie. Désignée personnalité de l’année par le Time en 2003, Taylor Swift a vendu 200 millions d’albums et possède le pouvoir d’influer sur les votes des élections américaines. Elle est même devenue le cauchemar des Trumpistes. Ce soir-là, à Paris La Défense Arena, elle est surtout le rêve de tout fan de pop qui se respecte : une entertaineuse et une vraie artiste (écrivant elle-même ses chansons) qui sait autant émouvoir sur des ballades de rupture que faire danser plus de 40 000 personnes sur des refrains hédonistes.

Taylor Swift est en concert à Paris La Défense Arena pour le The Eras Tour jusqu’au 12 mai 2024.