Le jour où Taylor Swift est devenue moins mainstream avec l’album Folklore

La pochette, gothique en diable et presque digne de celle d’un groupe de metal norvégien, annonce la couleur. Si Taylor Swift avait choisi le rose pour l’univers visuel de son album Lover (2019), elle le délaisse pour une forêt en noir et blanc dans laquelle elle semble perdue, solitaire et minuscule. Ce n’est pas la seule surprise réservée par Folklore, huitième album surprise de l’artiste américaine sorti – sans prévenir, en juillet 2020. On y retrouve 16 titres de folk mélancolique contrastant avec les hits taillés pour les stades et les festivals de la chanteuse. Pour parfaire sa mue, Taylor Swift a convoqué ses héros musicaux : Bon Iver, Aaron Dessner (de The National), Ben Lanz (de Beirut) et Jack Antonoff, qui a travaillé auparavant avec St. Vincent, Lorde et Lana Del Rey. On pense d’ailleurs souvent à l’interprète de Video Games (2012) sur des titres doux-amers comme le single Cardigan.

Folklore, un album de Taylor Swift qui a surpris ses fans, les Swifties

Taylor Swift, aujourd’hui âgée de 33 ans décrit son huitième disque comme une collection de chansons dans lesquelles elle a versé tous ses caprices, ses rêves, ses peurs et ses pensées. Et ce nouvel univers, sobre, émouvant et authentique va étonner ses fans, les Swifties et lui attire de nouveaux adorateurs. L’artiste revient à la pureté d’une certaine country, le genre qui l’a fait connaître, avec des ballades comme Seven ou Mirrorball. On pense parfois aussi à Dolly Parton, aux Carpenters et à Kate Bush sur l’onirique Epiphany, titre puissant dans lequel on découvre que sa voix est capable d’atteindre des sommets émotionnels. Pour le storytelling, l’artiste parvient même à se rapprocher d’un Bob Dylan avec l’épique The Last Great American Dynasty. On ne trouve pas de tube sur Folkflore, mais des chansons poétiques centrées sur la guitare et le piano qui touchent au cœur. Comme celles qu’on irait écouter dans un bar de Nashville.

“L’époque dans laquelle nous vivons ne cesse de me rappeler que rien n’est garanti » Taylor Swift

Taylor Swift a écrit et enregistré Folklore en confinement, en avril 2020, alors que ce n’était pas prévu. Privée de tournée, elle y retranscrit à merveille l’anxiété de la période. Même si elle parle surtout, dans les paroles, comme à son habitude, de romances contrariées et non de l’état de la société, Folklore est la bande-son idéale d’un monde inquiet. Alors que de nombreux artistes ont décidé de repousser la sortie de leur disque à la rentrée, pour l’auteure de Shake It Off (2014), il était important de publier cet opus de réinvention spontanée pendant la crise liée à la pandémie. Elle a ainsi déclaré : “L’époque dans laquelle nous vivons ne cesse de me rappeler que rien n’est garanti. Mon instinct me dit que si vous faites quelque chose que vous aimez, vous devriez simplement le mettre au monde. C’est le côté de l’incertitude avec lequel je peux me rallier.”

Cela n’a pas empêché la chanteuse de voir les choses en grand. Pour la première vidéo tirée de Folklore, Cardigan, qui ressemble à un conte de fée façon Disney, elle a fait appel à Rodrigo Prieto, directeur de la photographie ayant collaboré avec Martin Scorsese et Ang Lee (sur Le Secret de Brokeback Mountain en 2005). Et l’album, qui est sorti en vinyle, CD et cassettes possède huit pochettes différentes. Avec son nouveau disque, Midnights (2022), écrit lors de plusieurs nuits blanches, Taylor Swift continue son cheminement vers une mue plus pointue, aventureuse et intimiste. Entourée de Lana Del Rey (sur un beau duo) et de Zoë Kravitz (qui figure dans les crédits de songwriting de deux morceaux), la chanteuse de 32 ans semble musicalement désormais plus proche de la Billie Eilish des débuts que d’une Lady Gaga ou d’une Ariana Grande.

Folklore (2020) de Taylor Swift, disponible. Taylor Swift : The Eras Tour (2023) de Sam Wrench, actuellement au cinéma.