Damon Albarn débarque à Paris avec son “supergroupe” The Good, the Bad and the Queen
Il a participé à l’émergence de la britpop avec Blur dans les années 90, démontré que la musique pouvait être audacieuse et internationalement reconnue, monté de toutes pièces un groupe virtuel, Gorillaz, au succès mondial, créé des opéras… Damon Albarn débarque en mai à Paris avec son énième clique, le “supergroupe” The Good, the Bad and the Queen.
Par La rédaction.
Les onomatopées qui ponctuent le morceau Feel Good Inc. de Gorillaz sont tellement connues qu’elles pourraient être susurrées par n’importe qui. Et les personnages cartoonesques du groupe ont grandement contribué au statut de Damon Albarn : le British le plus cool de sa génération. Il faut croire que les formations Blur et Gorillaz ne suffisaient pas car le quinquagénaire lance, dès 2006, un “supergroupe” : The Good, the Bad and the Queen. Une réunion d’artistes confirmés, avides de nouvelles expériences, et surtout de rock sixties désinvolte. Autrefois simple projet solo de l’Anglais, cette clique de luxe compte dans ses rang Paul Simonon, bassiste des Clash, Simon Tong, ancien guitariste de Gorillaz et Tony Allen, ex-batteur du chanteur nigérian Fela Kuti. Ce all-stars band débarque au Bataclan le 27 mai et au Trianon le 28.
Habituellement, Damon Albarn a tendance à se réfugier dans les eaux calmes. Une pop inventive, de la musique électronique lo-fi, du folk et de la soul tendance charmeuse. L’artiste évite, par bonheur et pour sa propre survie sans doute, les fortes houles. Celles du R’n’B, de la dance et du rock rageur qui caractérisait parfois la britpop dont Damon Albarn fut pourtant l’une des icônes. Le fabuleux frontman de Blur, génial maître d’œuvre du groupe Gorillaz et auteur de quelques opéras contemporains ou autres hommages à la musique africaine, a tiré, de cette façon d’être au monde, un album d’une douce langueur en 2014 : Everyday Robots.
Damon Albarn est fasciné par le Londres multiculturel de son enfance, qui n’est pas sans avoir joué un rôle décisif dans son amour des musiques black américaines, puis africaines. L’homme sait de quoi il parle. Avec l’album Mali Music, en 2002, il réalisait l’exploit d’échapper aux travers d’une world music caricaturale dans son exaltation des traditions. Dans une autre mesure, le motif de l’épave qui émerge depuis quelques années n’a rien à voir avec celui du vieux con. On pense davantage aux figures très contemporaines qui font le bonheur de la télévision et du cinéma d’aujourd’hui, au personnage de Hank Moody joué par David Duchovny dans la série Californication, par exemple. Les deux hommes ont en commun la même barbe de trois jours, des yeux marqués, cette attitude d’éternel adolescent au sortir du lit et cette touchante manière de gérer – ou pas – le grand écart entre une (ancienne) vie d’excès et une vie de famille.
À défaut d’être un grand chanteur soul, Damon Albarn peut se contenter sans honte du statut d’excellent compositeur, dans la lignée d’un Erik Satie avec qui il partage le génie de la création exigeante et indisciplinée, que l’absence de classicisme travaille à rendre accessible au plus grand nombre.
The Good, the Bad and the Queen en concert au Bataclan le 27 mai et au Trianon le 28 mai.