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Les mille et unes vies de George Michael, star d’un documentaire Netflix
Alors que Netflix diffuse depuis le 5 juillet un documentaire sur le groupe Wham!, le monde redécouvre l’une des plus grandes – et émouvantes – pop stars de la planète : George Michael. Retour sur toutes les facettes d’une légende, disparue en 2016, qui a inspiré des générations et bouleversé les codes, que ce soit en matière de musique, de style ou de genre.
par Violaine Schütz.
« Naomi Campbell, Linda Evangelista, Christy Turlington, Cindy Crawford jouent ainsi dans l’un des clips les plus mémorables de l’histoire de la pop. »
1. George Michael dans Wham! : un beau garçon hédoniste en micro short
Georgios Kyriacos Panayiotou (de son vrai nom), né au Nord-Ouest de Londres, en 1963 d’une mère danseuse anglaise et d’un père restaurateur d’origine chypriote, a voulu très tôt devenir star. Ado complexé par son physique (il ne ressemble pas encore durant ses jeunes années à la pop star planétaire à l’allure de Ken des années 90), il fonde un groupe de collège avec des copains, appelé The Executive. Compositeur et chanteur, il s’adonne alors au ska. Mais ne rencontrant pas le succès dont il rêvait, George Michael faisant la manche dans le métro en chantant du Queen, il forme avec l’un de ses amis d’enfance et membre de The Executive, Andrew Ridgeley, Wham!.
De 1981 à 1986, ce groupe va incarner à travers le monde l’esprit d’une jeunesse pop hédoniste, dansante et colorée, aux côtés de Culture Club et Duran Duran. Un antidote puissant à la mélancolie de la new-wave et au nihilisme du punk. Des titres Wake Me Up Before You Go Go, Last Christmas, Everything She Wants collent parfaitement au slogan adopté par le groupe : « Choose Life » et à leurs look flashy sur peau toujours bronzée. Mais l’on aperçoit déjà le côté émotionnel et la part d’ombre de George Michael sur le sublime slow au solo de saxophone Careless Whisper – écrit en duo par Wham! mais sorti en 1984 en solo par George Michael – et dans certains thèmes de société abordés par Wham !. Le groupe fut également au cœur d’une incompréhension. En raison de leurs micro shorts et de leur bonne humeur contagieuse, on pensait qu’il s’agissait d’un boys band. Or les deux pop stars écrivaient et composaient leurs hits, comme le montre bien le documentaire qui est consacré au groupe, diffusé sur Netflix depuis le 5 juillet et sobrement intitulé Wham!.
2. L’explosion en solo
En 1984, George Michael s’émancipe de Wham! en sortant en solo le titre Careless Whisper, qu’il a coécrite avec Andrew Ridgeley. Débute alors une carrière solo à succès avec notamment un duo avec la reine de la soul Aretha Franklin (I Knew You Were Waiting (For Me), sorti en 1987), dont il est fan. Alors qu’il n’a que la petite vingtaine, le jeune homme joue déjà dans la cour des grands en tant qu’auteur et compositeur. En 1987, c’est la consécration avec la sortie de son premier disque solo, Faith, qui va s’écouler à 25 millions de copies dans le monde. Les tubes efficaces, léchés, décomplexés et libérateurs font sensation. Parmi eux, on trouve les hits Kissing a Fool ou encore I Want Your Sex au clip érotique et provoc. La chanson sera même censurée sur la BBC. Avec ce disque, George Michael casse son image de « minet » et s’impose comme un grand séducteur, faisant de la concurrence à la superbe d’un Michael Jackson et d’un Prince. Torse nu, blouson en cuir, boucle d’oreille en forme de croix, mèches blondes, ceintures bijoux, jean troué : il crée un personnage au sex-appeal rock surjoué et à la féminité assumée qui excite les filles comme les garçons.
3. La remise en question du chanteur de Freedom! 90
En 1990, George Michael sort un album plus personnel et moins commercial, Listen Without Prejudice, Vol. 1. dont la pochette montre une photographie de Weegee. Il s’efface ainsi de l’espace médiatique et le disque fait un flop, même si certains singles atteignent des sommets (l’engagé Praying For Time, le cultissime Freedom! ’90.) Refusant de répondre aux interviews et cultivant un certain mystère concernant sa vie privée, la pop star convoque dans le clip de Freedom !’90, les supermodels phares de l’époque pour défiler à sa place. Naomi Campbell, Linda Evangelista, Christy Turlington, Cindy Crawford jouent ainsi dans l’un des clips les plus mémorables de l’histoire de la pop. L’icône de mode George (proche de Kate Moss) montre également son caractère rebelle en rentrant en conflit avec sa maison de disques, Sony, contre qui il perdra son procès. Des années d’absence s’ensuivront, pendant lesquelles il s’impliquera notamment dans un projet s’inscrivant dans la lutte contre le SIDA en composant l’irrésistible Too Funky. Une expression qui lui va comme un gant (de cuir noir clouté).
4. Une pop star qui a longtemps caché son homosexualité
Après une longue attente pour ses fans, le mélodiste hors pair sort l’album Older sort en 1996 qui flirte avec le r’n’b qui fait fureur à l’époque. C’est un succès, notamment en raison du tube Fast Love, mais l’homme derrière l’artiste a du mal à s’en réjouir. Le chanteur souffre en effet toujours du décès en 1993 de son compagnon, le styliste brésilien Anselmo Feleppa pour lequel il a écrit l’une de ses plus belles chansons, Jesus To A Child. En 1997, c’est sa mère qu’il perd des suites d’un cancer. Le 7 avril 1998, George est arrêté pour attentat à la pudeur dans des toilettes d’un bar gay de Beverly Hills par un policier sous couverture. George Michael est condamné à une amende et des travaux d’intérêt général. Après cet outing, il joue la franchise et parle enfin de son homosexualité. En 1998, il s’amuse même de son arrestation dans clip de Outside et montre des policiers en train de s’embrasser. Jusqu’ici, le chanteur avait décidé de cacher sa vie privée, par crainte des réactions de sa famille et de son public, en grande partie féminin. Dans le documentaire Wham! de Chris Smith, diffusé en ce moment sur Netflix, il revient sur la découverte de son homosexualité : « Six mois avant d’aller tourner le clip de Club Tropicana (1983), il m’est arrivé quelque chose qui m’a fait comprendre que j’aimais les hommes. J’ai passé la nuit chez un homme. Il voulait coucher avec moi, mais ça m’a fait peur. Mais j’ai réalisé que je voulais passer la nuit dans son lit. Je voulais être proche de lui, ce qui ne m’était jamais arrivé. Ça m’a profondément marqué, j’ai su qu’il se passait quelque chose. Quand j’ai compris que je ne pouvais pas l’ignorer, je l’ai annoncé à Andrew (l’autre moitié de Wham, ndrl). »
5. George Michael, une légende flamboyante aux multiples excès
Alors que dans les années 2000, il se lance dans une carrière acclamée de crooner amateur de reprises, le Britannique doit faire face à des problèmes personnels. L’addiction (cannabis, crack, alcool) d’abord. Comme George Michael le révélait dans une interview au journal anglais The Guardian en 2009, il fume environ vingt-cinq joints par jour… En 2010, le compositeur plaide coupable à Londres pour conduite sous l’influence de drogues. Il est condamné à huit semaines de prison, une amende et une interdiction de prendre le volant et ne sera libéré qu’après avoir effectué quatre semaines de taule. En 2011, il est hospitalisé pour une pneumonie, tombant dans le coma durant des semaines et frôlant la mort. Artiste adulé, très aimé par ses pairs (Madonna, Elton John, Duran Duran, etc), homme généreux impliqué dans des œuvres de charité et engagé (contre la guerre en Irak, Bush…), il préparait un nouvel album et devait chanter bientôt en France. Ironie du sort, celui qui chanta l’un des plus grands tubes de Noël, Last Christmas est décédé un 25 décembre 2016 à 53 ans, de « causes naturelles », alors qu’il souffrait d’une cardiomyopathie dilatée avec myocardite et d’une stéatose hépatique. Il rejoint alors deux autres étoiles flamboyantes de la pop disparues la même année : Prince et David Bowie. Aujourd’hui, George Michael continue de fasciner. Il aura bientôt droit à une statue dans l’Oxfordshire, en Angleterre, et sera intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en novembre 2023.
Le documentaire Wham! (2023) de Chris Smith est disponible sur Netflix.