Hommage à Terry Jones des Monty Python, une icône de l’humour disparue
Terry Jones, co-fondateur des Monty Python et spécialiste de l'histoire médievale s'est éteint à 77 ans. L'occasion de revenir sur l'importante carrière de ce trublion – auteur du film culte “La Vie de Brian”– et de sa troupe d'humoristes vivifiante.
Par Violaine Schütz.
“Mort de rire”, pourrait-on lire sur l'épitathe de Terry Jones, comédien britannique, réalisateur et cofondateur des Monty Python. Celui qui a réalisé la comédie culte La Vie de Brian, un monument d'humour absurde, a passé la majeure partie de sa vie à faire pleurer de rire les terriens au sein de sa troupe comique. Difficile d'admettre qu'il ait pu quitter ce monde ce 21 janvier à l'âge de 77 ans (alors qu'il était atteint de démence), tant sa verve a traversé l'épreuve du temps. “Son travail avec les Monty Python, ses livres, ses émissions de télévision et ses poèmes vivront pour toujours”, a d'ailleurs déclaré sa famille dans un communiqué.
Spécialiste d'histoire médiévale, Terry Jones connaissait par cœur toutes les anecdotes liées au règne de Richard II d'Angleterre mais s'intéressait également à une source inépuisable d'autres sujets. Il a consacré plusieurs ouvrages et scénarios à l'histoire, que ce soit à l'époque des croisades du Moyen-Âge ou à celle des invasions barbares. Les Anglais l'ont vu présenter la série documentaire télévisée Sacré Moyen Âge (Medieval Lives), qui vulgarisait avec humour les différents personnages clés de cette époque, ayant fasciné la pop culture, du Nom de la Rose à Game Of Thrones. Dans les sketches des Monty Python, il apportait avec son allure à la Chaplin une touche conceptuelle, intellectuelle et très visuelle. Il imaginait par exemple un loufoque “concours de résumé de Proust” où chaque concurrent n'avait que 15 secondes pour condenser À la recherche du temps perdu. Il n'hésitait pas non plus à apparaître nu ou déguisé en femme dans certains numéros, provoquant souvent l'hilarité du public.
Mais Terry Jones savait aussi se montrait sérieux. Il a publié un livre intitulé Ma guerre contre la guerre au terrorisme (chez Flammarion, en 2006). Il y abordait un sujet sensible non sans sarcasme : “Bon sang mais, bien sûr ! Pour combattre le terrorisme il faut absolument larguer des bombes sur l'Afghanistan et l'Irak, en s'assurant au préalable que personne ne pourra se défendre ! Comment n'y avons-nous pas songé plus tôt ?” Atteint d'aphasie (une forme de dégénérescence qui dégrade notamment le langage), il s'en est fait le porte-parole médiatique. Au cours de la cérémonie des BAFTA en 2016, il reçoit un prix d'honneur accompagné de son fils, où ce dernier explique que son père a des difficultés à s'exprimer. L'assemblée est alors submergée par l'émotion.
Que reste-t-il aujourd'hui de Jones et des Monty Python – qui avaient annoncé une reformation en 2013 ? Terry Gilliam est devenu un réalisateur respecté (Brazil, Les Aventures du baron de Münchhausen, L'Armée des douze singes, Las Vegas Parano). Mais il ne faisait pas l'unanimité début janvier en s'en prenant à #Metoo et en évoquant une “chasse aux sorcières”. Un autre Monty Python, John Cleese a enchaîné les rôles au cinéma et se consacre aujourd'hui plutôt au théâtre. Plus tristement, récemment le musicien de la troupe et un de leurs auteurs (Neil Innes) ainsi que leur manageuse (Nancy Carol Lewis Jones) disparissaient. Mais l'humour iconoclaste de ceux qui fêtaient l'an dernier leur 50 ans d'existence n'a lui, pas pris une ride. En France, le comique burlesque et surréaliste des Anglais a influencé entre autres Alain Chabat, Eric Judor et les Robin des Bois. En Angleterre, la bande est considérée comme les “Beatles de l'humour”. Et on peut aussi se demander si les Simpsons, Austin Powers, Sacha Baron Cohen, South Park, Jim Carrey auraient vu le jour sans les pitreries déjantées des créateurs de Sacré Graal!.