3 mar 2023

Faut-il aller voir Mon crime, le nouveau film de François Ozon avec Isabelle Huppert ?

Un an après le dramatique Peter von Kant, François Ozon revient à la comédie avec Mon crime, au cinéma ce mercredi 8 mars 2023. Un film policier vintage au casting cinq étoiles (Isabelle Huppert, Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder). Mais le « crime » paie-t-il ?

Mon crime, la nouvelle comédie vintage de François Ozon dans la veine de Potiche et 8 Femmes

 

Après nous avoir plongés dans un appartement kitsch des années 70 dans Peter von Kant (2022), le réalisateur français François Ozon fait encore un voyage dans le temps avec son nouveau film, Mon crime. Diffusée au cinéma ce mercredi 8 mars 2023, cette comédie policière renoue avec la verve légère, surjouée et pétillante des enchanteurs 8 Femmes (2002) et Potiche (2010) en nous immergeant dans le Paris – très coloré et stylisé – des années 30. Librement adapté d’une pièce de Georges Berr et Louis Verneuil datant de 1934, ce long-métrage raconte l’histoire de Madeleine Verdier (Nadia Tereszkiewicz), une jeune comédienne fauchée mais ambitieuse qui vit en colocation avec Pauline Mauléon (Rebecca Marder), une amie avocate au chômage qui rêve de plaider. Accusée – à tort – du meurtre d’un puissant producteur de cinéma (tel un écho au mouvement #MeToo), Madeleine compte sur sa meilleure copine, Pauline, pour la faire acquitter, avant de faire croire qu’elle a commis le meurtre pour accéder à la gloire. S’ensuit pour les deux jeunes femmes sans-le-sou un quotidien de mensonges, de marivaudage et de faste. Et pour François Ozon, une réflexion sur la manipulation par la parole, le sexisme et, plus ironiquement, sur le pouvoir des discours féministes, potentiels gages de succès médiatique.

Un casting 5 étoiles avec Isabelle Huppert, Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder

 

À mi-chemin entre la comédie loufoque, le pamphlet féministe et le théâtre de boulevard, Mon crime séduit d’emblée par son rythme effréné, ses répliques bien senties et ses revirements de situation savoureux. Portée par les prestations facétieuses des irrésistibles de Nadia Tereszkiewicz (récompensée aux César pour son rôle dans le controversé Les Amandiers) et de Rebecca Marder (La jeune fille qui va bien, Simone, le voyage du siècle), cette fable outrancière permet également à la jubilatoire Isabelle Huppert (dans le rôle d’une comédienne vieillissante), à Fabrice Luchini et à André Dussollier, de cabotiner avec brio. Délicieusement absurde, cette partition mettant en scène une fausse coupable en héroïne féministe fait songer à une version sucrée de La Vérité (1960) d’Henri-Georges Clouzot, dans lequel Brigitte Bardot incarnait une séduisante jeune femme, était jugée en cour d’assises pour le meurtre de son ancien amant, joué par Sami Frey. Et le duo conspirationniste formé d’une blonde et d’une brune évoque également, en version comique, celui du film au centre du long-métrage Les Diaboliques (1955), toujours réalisé par Clouzot. On peut aussi voir des allusions à Violette Nozière, étudiante française parricide des années 30, dans ce film évoquant une belle et jeune (prétendue) meurtrière. Mais contrairement à ces références, Mon crime reste joyeux et ludique, même quand il épingle le sexisme féroce de la société patriarcale de l’époque et dresse un portrait, toujours en partie d’actualité, de la condition féminine.

 

Mon crime (2023) de François Ozon, au cinéma le 8 mars 2023.