25 oct 2017

Et si l’on vivait un film en direct à l’Opéra Bastille ?

Ce vendredi 27 octobre 2017, les réalisateurs Jeanne Frenkel et Cosme Castro diffuseront en direct le tournage de leur film “Adieu Bohème” à l'Opéra Bastille. Le court-métrage de 25 minutes sera retransmis au moment même de sa création, à la fois au Studio Bastille (où les musiciens Flavien Berger et Lou Rotzinger composeront en temps réel la bande originale) et en streaming sur le site de la 3e Scène de l'Opéra.

Adieu Bohème de Jeanne Frenkel et Cosme Castro © OnP-Les Films Pelléas

Et si le cinéma retrouvait un peu d'urgence et de spontanéité ? Loin des blockbusters tournés sur fond vert, Jeanne Frenkel et Cosme Castro proposent depuis quelques années un métacinéma rafraîchissant, une fusion jouissive du cinéma et du théâtre. Une seule prise, en direct comme au théâtre, et diffusée sur écran comme un film… “Nous cherchions un chemin pour le cinéma qui réponde aux bouleversements de notre époque”, explique le duo. En partant du constat que, d'un côté, les films se font de plus en plus en postproduction, avec des scènes tournées dans le désordre. Le rapport charnel au cinéma se perd. Et de l'autre, les spectateurs regardent la majorité des films en streaming, et zappent à l'envie. “Nous voulions recréer un rendez-vous précis avec le spectateur, continue Cosme Castro : le film se regarde au moment même où il se tourne, comme au théâtre. Nous voulions aussi retrouver la magie du tournage. Avec le métacinéma, tous les corps de métier travaillent de concert au même moment : acteurs, éclairagistes, chef opérateur… tous ont la même importance. L'énergie collective est inouïe.Adieu Bohème réunira ainsi une centaine de figurants, en plus des six comédiens principaux, et 70 techniciens.

 

 

Si le film se construit sur les mêmes bases qu'une production classique (le duo a travaillé plus d'un an sur le scénario d'Adieu Bohème et fait appel à des professionnels), il aura nécessité un spectaculaire travail de répétitions pour que la prise – unique prise – soit la bonne. Installée au 6e sous-sol de l'Opéra Bastille, 17 mètres sous la scène, l'équipe a d'abord répété au mois d'août, séquence par séquence. Puis les répétitions de l'ensemble du plan-séquence (du film, donc) ont pu commencer en octobre. “Ce n'est qu'à quelques jours du tournage que nous répéterons avec les costumes, tous les décors et les lumières, précise le duo de réalisateurs. Nous construisons notre plan-séquence comme un squelette auquel on ajoute d'abord les veines, puis les muscles et enfin seulement la peau que l'on patine, et à laquelle on ajoute finalement un costume.

 

 

“Des sensations, des choses impalpables liées à nos sensibilités nous ont inspiré plusieurs séquences que nous jouerons en live au moment du plan-séquence”

Répétitions d’Adieu Bohème de Jeanne Frenkel et Cosme Castro © OnP Les Films Pelléas

Le métacinéma de Jeanne Frenkel et Cosme Castro est empreint d'un rêve nostalgique de l'âge d'or du cinéma et de ses tournages animés en studio. Sans surprise, il se met au service d'une autre rêverie : l'histoire du film Adieu Bohème. “Imaginez, explique le duo de réalisateurs, qu'une fois la représentation terminée à l'Opéra Bastille, une fois les spectateurs rentrés chez eux, l'Opéra Bastille devienne le théâtre d'un autre spectacleCelui d'un professeur, le professeur Turrell, qui proposerait au 6e sous-sol (là où sont entreposés les décors) un service un peu particulier : proposer aux couples qui veulent se quitter une séparation digne des plus grands films hollywoodiens, à l'aide des décors et des figurants de l'Opéra. Le film suivra Thibaut qui n'a pas eu la chance de dire au revoir à son amour, décédée tragiquement…” Inspiré par l'univers décalé et onirique de Charlie Kaufman (scénariste de Dans la peau de John Malkovich et Eternal Sunshine of the Spotless Mind) autant que par le romantisme de la ville Lumière (“en visitant l'Opéra, confie le duo, nous avons compris que nous étions en plein cœur battant de Paris”), le film s'annonce déjà comme l'une des créations les plus ambitieuses de la 3e Scène, la plate-forme digitale de l'Opéra à l'initiative du projet.

 

 

Le film touche un moment à quelque chose de céleste, comme s'il était en apesanteur et que l'on survolait l'opéra”

 

 

Répétitions d’Adieu Bohème de Jeanne Frenkel et Cosme Castro © OnP Les Films Pelléas

Autres acteurs incontournables d'Adieu Bohème, les musiciens Lou Rotzinger et Flavien Berger travaillent depuis plusieurs semaines (toujours au 6e sous-sol de l'Opéra) à la bande originale du film. “En l'absence d'images, nous travaillons uniquement à partir du scénario, explique Flavien Berger. Des sensations, des choses impalpables liées à nos sensibilités nous ont inspiré plusieurs séquences que nous jouerons en live au moment du plan-séquence : le thème des souvenirs, celui des coulisses, un thème gospel, celui du soleil vert (à la fois chaud et froid)ou encore un autre inspiré de La Bohème de Puccini bien sûr. Des choristes nous accompagneront également le jour J, c'est peut-être là notre plus grand clin d'œil aux voix de l'Opéra.” Trois représentations-tournages auront lieu le vendredi 27 octobre, chacune diffusée en live. “Et aucune ne se ressemblera, nous assurent les deux musiciens. C'est un peu du jazz. À partir d'un cadre défini, nous nous permettrons quelques légères improvisations.” Le moment le plus fort ? “Le film touche un moment à quelque chose de céleste, comme s'il était en apesanteur et que l'on survolait l'opéra, confie Flavien Berger. Ce moment, très fort à l'écran, sera le moment le plus doux musicalement. Le silence s'imposera peut-être.”

 

Rendez-vous le vendredi 27 octobre à 20h, 21h et 22h. Plus d'infos sur www.operadeparis.fr/3e-scene/adieu-boheme

Vue du 6ème sous-sol de l’Opéra Bastille © OnP-Les Films Pelléas
Répétitions d’Adieu Bohème avec Jeanne Frenkel et Cosme Castro © OnP Les Films Pelléas
© OnP Les Films Pelléas