Daaaaaalí ! : que faut-il penser du nouveau délire de Quentin Dupieux ?
Edouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Gilles Lellouche… Six acteurs incarnent le peintre Salvador Dalí dans le nouveau film de Quentin Dupieux, en salle le 7 février. Mais que penser de ce Daaaaaalí ! ?
Par La rédaction.
Après le succès critique et populaire de Yannick, que réserve Quentin Dupieux à son public ?
Au mois d’août 2023, Quentin Dupieux défendait son onzième long-métrage – certainement le moins déjanté –, dans les salles obscures. Tourné à huis clos dans un théâtre parisien, Yannick, suivait un quidam qui, lassé par la pièce de théâtre à laquelle il assistait, se levait pour l’interrompre. La presse s’emballe, loue la prestation d’un irrésistible Raphaël Quenard et Yannick cartonne. Une proposition cinématographique d’1h07 qui réunit pourtant tous les codes d’un bon Dupieux : des héros désabusés, des débiles adorables, des fous furieux qui philosophent et un humour féroce.
La question que tout le monde se posait était donc : à quoi ressemblera l’après Yannick ? Car depuis longtemps, Dupieux “on adore !” ou “on déteste !” Inévitablement, le nouveau projet du réalisateur a attisé la curiosité de ses fans de la première heure… D’autant qu’on ne sait absolument pas si le cinéaste va renouer avec l’absurde et l’improbable. Dans Daaaaaalí !, en salle le 7 février, le cinéaste de 49 ans propose un “antibiopic” dans lequel une journaliste peu expérimentée (Anaïs Demoustier) souhaite interviewer l’illustre peintre espagnol Salvador Dali pour réaliser un documentaire. Et dans ce film, l’artiste sera incarné par six acteurs interchangeables : Edouard Baer et Jonathan Cohen extravagants, Pio Marmaï et Gilles Lellouche dans la retenue, Didier Flamand en peintre vieillissant et Boris Gillot en brève apparition, d’où la répétition de la lettre A dans le titre du film. Sur le principe, l’idée semble séduisante et rappelle même le procédé de Todd Haynes qui, pour les moyens de son I’m Not There (2007), avait confié le rôle du musicien Bob Dylan à six acteurs différents dont Christian Bale, Cate Blanchett, Richard Gere et Heath Ledger.
Une idée géniale pour un résultat assez décevant
Armé d’un talent hors du commun et d’une humilité légendaire, l’Espagnol excentrique Salvador Dalí s’est installé confortablement dans le monde de l’art. Selon lui, son génie était de plus en plus près des anges et son œuvre picturale assimilable à une catastrophe, une décadence inhérente aux années 30. Mégalomane insolent, il se fait expulser des Beaux-Arts de Madrid à l’âge de 18 ans, ce qui ne l’empêchera jamais de se rêver en nouveau Vélasquez. Le candidat parfait pour une œuvre cinématographique absurde et perchée. Justement, Quentin Dupieux mise sur une bande originale loufoque de Thomas Bangalter (ex-Daft Punkk), les interprétations de ses acteurs – qui ne se sont pas croisés sur le tournage –, et refuse la suite de sketchs comme c’était le cas dans Fumer faut tousser (2023). Mais son Daaaaaalí ! tient davantage du concept que du long-métrage. Entre l’humour des Monty Python et le cinéma surréaliste de Luis Buñuel, Dupieux déploie une mise en abyme interminable dans son œuvre labyrinthique qui, malgré un hommage certain à Salvador Dali et quelques scènes très drôles (celle du couloir avec Edouard Baer), raconte tout autant que le documentaire de son héroïne, c’est à dire pas grand chose. Un postulat auquel le cinéaste nous avait habitué mais son procédé cinématographique ne peut, pour cette fois, que générer une certaine frustration.
“Daaaaaalí !” (2024) de Quentin Dupieux, en salle le 7 février.