Cannes 2024 : quelles sont les actrices favorites pour le prix d’interprétation ?
Dans une édition du Festival de Cannes riche en personnages féminins fascinants, plusieurs comédiennes sortent du lot. Et l’actrice Demi Moore s’annonce comme la favorite pour remporter le prix d’interprétation.
par Olivier Joyard.
Si le Festival de Cannes 2024 n’a pas brillé par le nombre de réalisatrices présentes en compétition, avec seulement quatre candidates à la Palme d’or (Coralie Fargeat, Payal Kapadia, Andrea Arnold et Agathe Riedinger) sur vingt-deux films présentés, le festival a mis en lumière bon nombre de personnages féminins d’ampleur, souvent au centre des récits. Entre stars et découvertes, voici nos favorites pour monter sur la scène du Grand Théâtre Lumière ce samedi soir.
Malou Khebizi, le joyau du film Diamant Brut présenté au Festival de Cannes 2024
Malou Khebizi travaillait dans la restauration à Marseille lorsqu’elle a répondu à une annonce de casting pour tromper l’ennui. Un an et demi plus tard, elle impressionne les observateurs dans le premier film de la réalisatrice française Agathe Riedinger où elle joue Liane. Cette post-ado désœuvrée et sans le sou a pour idée fixe de participer à une émission de téléréalité. À 21 ans, la jeune française incarne avec rudesse cette obsession contemporaine pour les apparences, jusqu’au vertige. Attachante et capable de beaucoup de finesse pour déjouer le stéréotype de la bimbo, Malou Khebizi s’affirme comme l’une des révélations cannoises.
L’actrice Demi Moore dans The Substance, le rôle de sa seconde vie
L’actrice star des années 1990 effectue un comeback aussi improbable que fulgurant dans le film de body horror de Coralie Fargeat, où elle s’injecte un sérum lui permettant de retrouver, une semaine sur deux, une apparence plus jeune. Dans cette fable sur Hollywood, Demi Moore ne fait pas les choses à moitié, exposant son corps nu et mutilé jusqu’à la monstruosité, déconstruisant avec rage les diktats patriarcaux. Un véritable tour de force, qui devrait plaire au Jury mené par Greta Gerwig. Personne ne criera au scandale si l’actrice de Proposition indécente (1993) brandit le trophée.
Chiara Mastroianni, fille de son père dans Marcello Mio
Plein de légèreté et d’amour du cinéma, le film de Christophe Honoré Marcello mio offre à Chiara Mastroianni, son actrice fétiche, l’un des plus beaux rôles de sa carrière. Elle y joue une version fantasmée d’elle-même, décidant un beau matin de prendre les traits de son père et de se faire appeler Marcello. Sa mère, Catherine Deneuve (elle aussi dans son propre rôle) n’en croit pas ses yeux. Et nous non plus. Fantasque et courageuse, Chiara Mastroianni évite les chausses trappes pour émouvoir, incarnant le plus joyeux des fantômes
Karla Sofía Gascón, Zoe Saldana, Selena Gomez : un trio au top chez Jacques Audiard
Et si les trois héroïnes d’Emilia Perez, la comédie musicale de Jacques Audiard, remportaient toutes ensemble le prix d’interprétation ? Les récompenses cannoises résultant avant tout d’un jeu de chaises musicales, on ne peut rien jurer, d’autant qu’un autre trio, celui du film de Mohammad Rasoulof, Les Graines du Figuier Sauvage (Soheila Golestani, Mahsa Rostami et Setareh Maleki) pourrait venir coiffer tout le monde au poteau. Mais Zoe Saldana, Selena Gomez et Karla Sofía Gascón ont durablement marqué les esprits en donnant corps à cette histoire folle d’un boss de cartel mexicain effectuant sa transition de genre. Si elle l’emporte, Karla Sofia Gascon deviendra la première femme transgenre à remporter un prix au Festival de Cannes.
Mikey Madison dans le film Anora : l’évidence
Notre préférée, c’est elle. À 25 ans, l’américaine Mikey Madison sublime son rôle de travailleuse du sexe de Brooklyn dans le très beau Anora de Sean Baker, une fable politique sur les laissés pour compte, en même temps qu’une comédie sur l’émancipation d’une Cendrilllon que les hommes traitent comme un objet. Repérée dans la série Better Things (2016-2022) et chez Quentin Tarantino (Once Upon a Time in Hollywood, 2019), la native de Los Angeles crève l’écran. Quel que soit son destin cannois, elle s’impose déjà comme l’un des visages de sa génération.