31 mai 2022

Cannes 2022 : les films qu’on peut déjà voir au cinéma

Alors que la 75e édition du Festival de Cannes s’est clôturée samedi dernier, avec une Palme d’or attribuée au réalisateur suédois Ruben Östlund pour Sans Filtre, certains films du palmarès sont déjà dans les salles obscures. 

C’est une seconde Palme d’or pour le réalisateur suédois Ruben Östlund. Après avoir été primé pour The Square en 2017, il l’est de nouveau pour son film Sans Filtre, qui dénonce le culte de l’apparence, le matérialisme débridé et le patriarcat avec cynisme et humour noir. Avec notamment Woody Harrelson au casting, Ruben Östlund fait voler en éclats les codes de la société moderne dans une satire jouissive avec pour décor un yacht mythique. Après la Fashion Week, Carl et Yaya, couple de mannequins et influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Les événements prennent une tournure inattendue et les rapports de force s’inversent lorsqu’une tempête se lève et met en danger le confort des passagers. Si ce film a fait éclater de rire la Croisette, il faudra attendre quelque temps pour le découvrir en salle, car aucune date de sortie n’a pour l’instant été dévoilée. Espérons que ce sera avant la fin de l’année. 

Pourtant, il est dores et déjà possible de se rendre dans les salles obscures pour découvrir un bon nombre de films sélectionnés au Festival de Cannes. Tout d’abord, la nouvelle comédie de Michel Hazanavicius avec Romain Duris et Bérénice Bejo, Coupez!qui a ouvert le festival. Le long-métrage retrace un tournage de film de zombies. Entre techniciens blasés et acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à un énième film d’horreur à petit budget. L’irruption d’authentiques morts-vivants va perturber le tournage. Adapté du film japonais sorti en 2019 Ne coupez pas!, ce remake permet à Michel Hazanavicius de déployer toute sa palette d’humour satirique et potache. 

 

Coupez!, (2022), de Michel Hazanavicius. En salle.

 

L’un des films les plus attendus du Festival de Cannes est en salle : Crimes of the Future, le nouvel ovni cinématographique du réalisateur canadien David Cronenberg. Entre science-fiction et réflexion sur les dérives de la médecine, Crimes of the Future donne à voir un monde futuriste terrifiant dans lequel évoluent les stars Léa Seydoux, Kristen Stewart et Viggo Mortensen. Alors que l’espèce humaine s’adapte à un environnement de synthèse, le corps humain est l’objet de transformations et de mutations nouvelles. Avec la complicité de sa partenaire Caprice interprétée par Léa Seydoux, Saul Tenser (Viggo Mortensen), célèbre artiste performeur, met en scène la métamorphose de ses organes dans des spectacles d’avant-garde. Dérangeant et presque gore, ce film nous ouvre une nouvelle fois les voies de l’esprit tordu mais hautement créatif du réalisateur David Cronenberg.

 

Crimes of the Future, (2022), de David Cronenberg. En salle

C’est un film bouleversant. Frère et Soeur, d’Arnaud Desplechin raconte la rivalité maladive et la haine qui s’installe parfois au sein des fratries. Un frère et une sœur à l’orée de la cinquantaine… Alice, qu’interprète une Marion Cotillard émouvante dans ses contradictions, est actrice, Louis, joué par Melvil Poupaud, tout en retenue et désespoir enfoui, fut professeur et poète. Alice hait son frère depuis plus de vingt ans. Ils ne se sont pas vus depuis tout ce temps. Le frère et la sœur vont être amenés à se revoir lors du décès de leurs parents. En réunissant ces deux monuments du cinéma français, Arnaud Desplechin réussit son pari : plonger dans les tréfonds du cœur humain, dans toutes ses contradictions et sa violence.

 

Frère et Soeur, (2022), d’Arnaud Desplechin. En salle.

Grand Prix ex-aequo avec Stars at Noon de Claire Denis, Close a fait pleurer la Croisette. Léo et Rémi, 13 ans, sont amis depuis toujours. Jusqu’à ce qu’un événement impensable les sépare. Léo se rapproche alors de Sophie, la mère de Rémi, pour essayer de comprendre… Le réalisateur belge de 31 ans Lukas Dhont parvient une seconde fois à émouvoir après le splendide Girl sorti en 2018 qui revenait sur le parcours de Lara, jeune fille transgenre qui cherchait à devenir danseuse professionnelle. En retraçant une amitié brisée entre deux adolescents, le Belge montre un film doux, pudique, qui évite les clichés et donne à Léa Drucker et Émilie Dequenne, des rôles à la hauteur de leur talent.
 

Close, (2022), de Lukas Dhont. En salle.

Place aux grands noms américains qui ont une nouvelle fois illuminé le festival. Tom Cruise a fait son grand retour à Cannes. Celui qui n’était pas venu depuis 1992 a présenté hors-compétition Top Gun : Maverick, la suite du mythique Top Gun (1986), avec une B.O. composée par Lady Gaga. Après avoir été l’un des meilleurs pilotes de chasse de la Marine américaine pendant plus de trente ans, Pete “Maverick » Mitchell continue à repousser ses limites en tant que pilote d’essai. Il refuse de monter en grade car cela l’obligerait à renoncer à voler. Il est chargé de former un détachement de jeunes diplômés de l’école Top Gun pour une mission spéciale qu’aucun pilote n’aurait jamais imaginée. Lors de cette mission, Maverick rencontre le lieutenant Bradley “Rooster” Bradshaw, le fils de son défunt ami, le navigateur Nick “Goose” Bradshaw. Face à un avenir incertain, hanté par ses fantômes, Maverick va devoir affronter ses pires cauchemars au cours d’une mission qui exigera les plus grands des sacrifices. Accueilli sous les acclamations de la foule au festival, le héros de Mission Impossible a montré que sa carrière n’était décidément pas près de s’arrêter.

 

Top Gun : Maverick, (2022), de Joseph Kosinski. En salle.

Des films moins spectaculaires, aux scénarios plus émouvants et sensibles, sont actuellement en salles. C’est le cas de Hi-Han du réalisateur polonais Jerzy Skolimowski, lauréat du Prix du Jury au Festival de Cannes. Le film dans lequel on retrouve Isabelle Huppert, donne à voir un monde mystérieux, car vu à travers les yeux d’un animal. EO, un âne gris aux yeux mélancoliques, rencontre sur son chemin des gens bien et d’autres mauvais, fait l’expérience de la joie et de la peine, et la roue de la fortune transforme tour à tour sa chance en désastre et son désespoir en bonheur inattendu. Mais jamais, à aucun instant, il ne perd son innocence. Original par sa forme et son scénario, ce film a su séduire le jury du Festival et séduira sans aucun doute le public.

 

Hi-Han, (2022), de Jerzy Skolimowski. En salle.

 

C’est la première fois que la réalisatrice Kelly Reichardt monte les marches du Festival, après 28 ans d’une carrière bien remplie (Wendy et Lucy, Night Moves). Elle présente Showing Up, le portrait d’une artiste en quête de sens. Michelle Williams, son actrice fétiche, y incarne Lizzie, une sculptrice en résidence dans une école d’art. Les quelques jours précédant le vernissage de son exposition dans une galerie de la ville constituent la matière de ce film à la fois minuscule et magnifique. La réalisatrice explore le quotidien d’une artiste et son rapport aux autres, ainsi que le chaos de sa vie qui va devenir peu à peu sa source d’inspiration…

 

Showing Up, (2022), Kelly Reichardt. En salle

 

Le film roumain R.M.N. du réalisateur Cristian Mungiu a marqué les esprits lors du Festival : quelques jours avant Noël, Matthias est de retour dans son village natal, multiethnique, de Transylvanie, après avoir quitté son emploi en Allemagne. Il s’inquiète pour son fils, Rudi, qui grandit sans lui, pour son père, Otto, resté seul et il souhaite revoir Csilla, son ex-petite amie. Il tente de s’impliquer davantage dans l’éducation du garçon qui est resté trop longtemps à la charge de sa mère, Ana, et veut l’aider à surpasser ses angoisses irrationnelles. Quand l’usine que Csilla dirige décide de recruter des employés étrangers, la paix de la petite communauté est troublée, les angoisses gagnent aussi les adultes. Les frustrations, les conflits et les passions refont surface, brisant le semblant de paix dans la communauté. Un film émouvant et fort.

 

R.M.N., (2022), de Cristian Mungiu. En salle.