Awkwafina, the New York rapper who broke into Hollywood
À 31 ans, la chanteuse américaine Awkwafina vient de gagner le prix de la Meilleure actrice dans un film comique ou musical pour son dernier rôle au cinéma dans le film L’Adieu (The Farewell) de Lulu Wang, sorti dans les salles françaises aujourd'hui. Portrait d’une artiste-interprète engagée.
Par Margaux Coratte.
Sexe, humour et punchlines : une self-made woman décomplexée
L’an dernier, elle confiait au Times : « Pretending to be a rich person is probably the hardest acting I’ve ever had to do » (jouer une personne riche est surement le rôle le plus difficile que j’ai fait jusque là). Issue d’une famille modeste et de parents immigrés résidant dans le Queens, Nora Lum -aussi connue sous le nom d’Awkwafina- s’est en effet construite toute seule. Du rap au cinéma, en passant par la télévision et Youtube, la carrière de la jeune femme connaît depuis peu un soubresaut fulgurant.
Propulsée sur le devant de la scène musicale grâce au hit My Vag, dont la grivoiseté des paroles l’a rapidement rendu viral en 2012, Awkwafina a commencé sa carrière dans le monde de la musique. « Awkwafina is a genius and her vagina is 50 times better than a penis » (Awkwafina est un génie et son vagin est 50 fois mieux qu’un pénis) : nous voilà prévenus. Son titre réponse à celui du rappeur Mickey Avalon My Dick, sujet à de violentes critiques de la part de certaines féministes, se réapproprie les codes du rap où les hommes clament haut et fort la supériorité de leur sexe et leur ascendant sur les femmes. Un « féminisme trash » pourrait-on dire, dans lequel les termes pussy et vag ne sont ni tabous ni insultants, mais bien le symbole d’une identité féminine forte. Car dans un milieu encore très masculin, les titres de la chanteuse font l’effet d’une bombe, quitte à déranger les plus timides. Reflet de son engagement contre les préjugés et le harcèlement sexuel, ils dénoncent un univers sexiste teinté de racisme.
Sexe, humour et punchlines : une self-made woman décomplexée
L’an dernier, elle confiait au magazine Time : “Jouer une personne riche est sûrement le rôle le plus difficile que j’aie eu jusqu'à maintenant”. Issue d’une famille modeste et de parents immigrés résidant dans le Queens, Nora Lum – aussi connue sous le nom d’Awkwafina – s’est en effet construite toute seule. Du rap au cinéma en passant par la télévision et Youtube, la carrière de la jeune femme connaît depuis deux ans un tournant fulgurant.
Propulsée sur le devant de la scène musicale grâce au titre My Vag, que les paroles crues ont rapidement rendu viral en 2012, Awkwafina a commencé sa carrière par la musique. “Awkwafina is a genius and her vagina is 50 times better than a penis” (“Awkwafina est un génie et son vagin est 50 fois mieux qu’un pénis”) y déclare-t-elle sans fioritures ni métaphores : nous voilà prévenus. Écrit en réponse au titre My Dick du rappeur Mickey Avalon, sujet à de violentes critiques de la part de certaines féministes, My Vag se réapproprie les codes du rap où les hommes clament haut et fort la supériorité de leur sexe et leur ascendant sur les femmes. Un "féminisme trash" pourrait-on dire, dans lequel les termes pussy et vag ne sont ni tabous ni insultants mais plutôt le symbole d’une identité féminine forte. Dans un milieu encore très masculin, les textes de la chanteuse font alors l’effet d’une bombe, quitte à déranger les plus timides. Reflets de son engagement contre les préjugés et le harcèlement sexuel, ils dénoncent un univers sexiste teinté de racisme.
Sortis à quatre ans d’intervalle, les albums Yellow Ranger (2014) et le très mégalo In Fina We trust (2018) d'Awkwafina creusent des questions sociétales essentielles, tout en renforçant l’image d’artiste à l’ego surdimensionné qu’elle s’est construite. Fière de ses origines asiatiques, elle y dénonce le racisme ambiant qui gangrène l’Amérique et s’affirme en tant que femme forte qui ne doit son succès à personne d’autre qu’à elle-même. En duo avec la célèbre actrice Margaret Cho dans son morceau Green Tea, elle balaye les représentations genrées et s’amuse des stéréotypes qui poursuivent encore les personnes asiatiques. “Flip a stereotype / How an Asian bitch got concubines ?” (“Je renverse un stéréotype / Comment une pétasse asiatique peut avoir des concubines ?”). Si l’on peut lui reprocher ses paroles parfois simplistes, l’effet percutant et efficace qu’elles produisent sur les oreilles de ceux qui l’écoutent est toutefois indéniable : rythmes binaires, voix éraillée et jeux répétitifs sur les consonances des mots constituent la recette de ses morceaux courts et accrocheurs. Depuis le piédestal où elle s’est elle-même positionnée, la chanteuse parsème ses textes de nombreux compliments envers sa propre personne, touches d’humour et d’autodérision qui ajoutent à son caractère singulier.
Du Queens au tapis rouge
Courant 2018, le parcours de la chanteuse connaît un tournant inattendu. À l’affiche de trois films en l'espace de quelques mois (Dude, Ocean’s 8 et Crazy Rich Asian), elle s’illustre dans des personnages plus ou moins secondaires aux côtés de Rihanna, Cate Blanchett ou encore Anne Hathaway. Si les deux premiers rôles de la jeune femme n’abordent pas directement les questions raciales, celui de Peik Lin Goh dans Crazy Rich Asian de Jon Chu s'intègre parfaitement dans ses thématiques favorites. Premier film Hollywoodien au casting 100% asiatique depuis Le Club de la chance (1993) de Wayne Wang, le film fait un carton au box-office américain avec plus de 120 millions de recettes. Devenant la nouvelle coqueluche des blockbusters hollywoodiens, l’actrice se forge alors petit à petit une image d’actrice extravagante et revendicatrice.
De retour au cinéma avec L’adieu, elle fait en 2019 une entrée fracassante dans le genre dramatique. Plongée au cœur d’une famille sino-américaine bouleversée par la révélation de la maladie incurable de la grand-mère, elle y incarne Billi, une écrivaine tiraillée entre deux cultures opposées. Non sans rappeler les propres origines de l’artiste et le drame personnel qu’elle a elle-même vécu (le décès de sa mère alors qu’elle n’a que 4 ans), le film interroge la complexité d’une identité culturelle double. Récompensée dimanche soir aux Golden Globes pour sa performance, Awkwafina est ainsi la première actrice asiatique à recevoir le prix de la Meilleure actrice dans un film comique ou musical. Désromais sous les feux de tous les projecteurs, cette artiste prometteuse devient à son tour la figure d’une nouvelle génération de femmes dont la voix porte haut.