OSNI 2 de Cartier : une expérience olfactive et mystique à la rencontre d’une panthère magique
Cartier propose aux Invalides, et jusqu’au 11 décembre 2022, une expérience olfactive empreinte de magie et de poésie. La célèbre panthère de la maison s’y révèle en animal au parfum mystique et irrésistible, apparaissant tel un fantôme au sein d’installations artistiques mystiques.
Texte par Thibaut Wychowanok.
OSNI, les œuvres d’art olfactives de Cartier
En 2017, le parfumeur de la maison Cartier Mathilde Laurent levait le voile sur un projet étonnant et d’une folle poésie : un Objet Sentant Non Identifié (OSNI), expérience artistique inédite proposant une nouvelle forme d’interaction avec le parfum. Le bassin du Palais de Tokyo accueillait alors un cube de verre gigantesque au sein duquel le public était invité à emprunter un escalier en colimaçon. À son sommet, un nuage parfumé de l’Envol de Cartier l’accueillait pour le plonger comme en plein ciel, à la pointe d’un Olympe enivrant. La créatrice de la maison propose cette année, avec OSNI 2, un émerveillement tout aussi singulier. Parcourant des salles plongées dans un noir profond, le visiteur fait d’abord une rencontre lumineuse avec la Dame à la Panthère, un dessin réalisé par l’artiste Georges Barbier en 1914 pour une invitation Cartier et reproduit sur un vaste mur. Malgré l’obscurité, le dessin s’éclaire petit à petit comme par magie pour dévoiler les traits d’une femme tout droit sortie de la Grèce antique. À ses pieds, une majestueuse panthère trône, son parfum envahit la pièce. L’apparition fantomatique s’accompagne de la lecture, tout aussi délicate, d’un texte du jeune poète et maître du spoken word Rhael Cape, dit LionHeart.
“Sur l’autel de nos sens (aériens)
Délicatement suspendue
Une panthère, éther de particules sacrées faites prière, Se dévoile (dans) les airs ;
Cette odeur suave
Œuvre puissamment aux besoins de la chair”
Une installation lumineuse et olfactive dédiée à la panthère de Cartier
C’est que la panthère, comme le rappelle Mathilde Laurent en introduction de cet OSNI 2 intitulé Le Mythe Parfumé, a depuis l’Antiquité acquis une aura particulière : “Aristote, Plutarque ou encore Théophraste ont raconté le mythe de la panthère parfumée, capable d’exercer un pouvoir d’attraction irrésistible sur les autres animaux sauvages grâce à la bonne odeur qui émane naturellement d’elle. Un halo invisible et pourtant puissant.” Cette panthère magique surprend à nouveau le visiteur dans un second espace fascinant entouré de “rideaux” de pluie, déluge puissant aux gouttes délicates et tropicales. L’animal y surgit fièrement dans un faisceau lumineux, comme naissant des particules infimes de l’eau. Elle y déambule, séduit, puis disparaît sous la forme de milliers d’étoiles. La panthère a disparu mais son parfum musqué et terrien, avec quelques pointes truffées, demeurent. L’expérience, méditative et mystique, n’est pas sans évoquer le cinéma animiste du Thailandais Apichatpong Weerasethakul qui nous plonge au cœur d’une forêt habitée autant par les hommes que par leurs réincarnations en animaux sauvages et en fantômes (Tropical Malady, Oncle Boonmee). “Le parfum est bien plus qu’une odeur que l’on plaque sur soi, explique Mathilde Laurent. Manifestation de l’invisible et de l’impalpable, il floute les frontières qui séparent l’échelle moléculaire de l’échelle cosmique.” Un parfum spirituel, directement connecté au divin, qui voit ici célébrer ses attributs transcendantaux, capables de connecter la terre et le ciel, le réel et l’imaginaire.