22 mar 2024

Mary Ellen Mark, Sophie Calle, la photographie japonaise : que réservent les Rencontres d’Arles 2024 ?

De Mary Ellen Mark à Sophie Calle en passant par le Japon et l’Amérique de Debi Cornwall, le festival Les Rencontres de la photographie d’Arles promet pour sa 55e édition une programmation riche et éclectique dans la cité provençale, du 1er juillet au 29 septembre 2024.

Un focus sur les photographes japonaises contemporaines, une rétrospective de Mary Ellen Mark, un projet inédit de Sophie Calle, ou encore la face cachée du rêve américain documentée par Debi Cornwall… Révélée vendredi dernier, la nouvelle programmation des Rencontres d’Arles montre une fois de plus sa richesse et sa diversité d’approches de l’image, d’hier comme aujourd’hui. Après une édition très suivie en 2023 avec plus 145 000 visiteurs enregistrés, l’incontournable festival de photographie organisera sa cinquante-cinquième édition du 1er juillet au 29 septembre prochains et investira, comme de coutume, plusieurs dizaines de lieux dans la ville provençale ainsi que des espaces d’exposition dans les régions environnantes, de Marseille à Nîmes en passant par Mougins.

 

Le Japon comme vous ne l’avez jamais vu

 

À travers plusieurs expositions, la programmation des Rencontres d’Arles met un coup de projecteur sur un pays en particulier : le Japon. Sous un prisme plutôt tragique, d’abord, avec l’exposition “Répliques – 11/03/11”, centrée sur les terribles conséquences de l’accident nucléaire de Fukushima. À travers ces clichés, les visiteurs découvriront comment les artistes japonais se sont à l’époque mobilisés pour exprimer leur désarroi face aux conséquences désastreuses de la radioactivité. Si l’édition 2023 mettait l’accent sur les photographes nordiques avec une exposition collective, le palais de l’Archevêché réunit cette année les travaux de vingt photographes japonaises, actives des années 50 à nos jours, à travers l’exposition “Quelle joie de vous voir”. Réunies pour la première fois dans le cadre du festival, ces œuvres apportent une multiplicité de regards sur le Japon et montrent les évolutions du médium au fil des dernières générations. 

 

Les photographies de l’artiste Uraguchi Kusukazu, exposées à l’abbaye de Montmajour, rendront quant à elles hommage aux “femmes de la mer” qui depuis plus de trois mille ans, plongent en apnée dans les eaux de la côte du Pacifique afin d’y récolter algues et mollusques. La salle Henri-Comte exposera enfin les images de Miyako Ishiuchi, photographe japonaise âgée de 76 ans et active depuis une quarantaine d’années. Lauréate du prix Women in Motion 2024, l’artiste présentera notamment dans cette exposition la série Mother’s à travers laquelle elle a capturé avec tendresse les vêtements et accessoires (chaussures, rouge à lèvre) autrefois portés par sa mère. “Cela fait vingt-quatre ans que ma mère est morte, commente l’artiste. Malheureusement, les photographies de la série Mother’s ne pourront jamais être reléguées dans le passé, car elles sont ranimées à chaque fois qu’elles sont montrées.

Mary Ellen Mark et Sophie Calle : de grands noms de la photographie

 

Comme chaque année, les Rencontres d’Arles mettent à l’honneur des artistes historiques, notamment dans les salles de l’espace Van Gogh. Après y avoir présenté Lee Miller en 2022, l’ancien hôtel-Dieu accueillera une rétrospective de la photographe américaine Mary Ellen Mark (1940-2015). Les visiteurs se réjouiront de (re)découvrir les clichés crus et parfois provocants de celle qui fût longtemps photojournaliste pour la prestigieuse agence Magnum. 

 

Autre nom bien connu des amoureux de l’image, l’artiste française Sophie Calle investira le site souterrain des cryptoportiques. La série de photographie Les Aveugles, qu’elle devait à l’origine montrer à Paris dans sa grande exposition au musée Picasso avant qu’elles ne soient dégradées par l’eau infiltrée de son studio, finiront ainsi leur lente décomposition dans les tréfonds de la ville d’Arles.

 

Les jeunes talents à l’honneur avec la Fondation Louis Roederer

 

Traditionnellement exposés à l’église des Frères Prêcheurs, aux abords du Rhône, les sept lauréats du Prix Découverte 2024 Fondation Louis Roderer présenteront cette fois-ci leurs projets au premier étage du Monoprix, à quelques pas de la gare d’Arles. Les visiteurs pourront y découvrir, entre autres, les portraits intimes de Nanténé Traoré et une installation mystérieuse de Marilou Poncin, centrée sur les relations affectives et sensorielles que l’on peut nouer avec des objets technologiques.

Aux Rencontres d’Arles, la question centrale du territoire

 

Cette année encore, les Rencontres d’Arles feront la part belle à des photographes de la région, voire originaires d’Arles même. Le photographe grenoblois Vasantha Yogananthan, qui explore depuis 2020 la Provence à travers les paysages et des personnages qui l’habitent, présentera le premier volet de son projet au long cours intitulé Images Imaginaires dans les murs du cloître Saint-Trophime. Posant un regard nouveau sur les écosystèmes qui nous entourent, la photographe Marine Lanier (diplômée de l’École Nationale supérieure de la Photographie d’Arles en 2007) a exploré le jardin du Lautaret (le plus haut d’Europe) perché à 2100 mètres d’altitude. En résulte une série de photographies déroutantes baptisée Le jardin d’Hannibal, qui sera exposée dans le jardin d’été de la ville.

 

Des dizaines de lieux arlésiens aux espaces hors-les-murs, à Marseille ou encore au Centre de la photographie de Mougins, la photographie documentaire est très présente dans cette nouvelle édition du festival, qui tisse des liens certains avec l’actualité. Réunissant une quarantaine d’artistes internationaux, l’exposition “Au nom du nom” parcourt par exemple en images la pratique du graffiti, outil de contestation politique mais aussi ludique voire romantique.

 

Alors que la France entière se mettra cet été au pas des jeux Olympiques de Paris 2024, le festival rendra un hommage aux amoureux du sport. L’exposition “Le sport à l’épreuve” présentera ainsi les vastes collections photographiques du Musée Olympique et du musée Photo Elysée à Lausanne. Enfin, alors que les élections présidentielles américaines de 2024 arrivent à grands pas, le travail documentaire et critique de la photographe Debi Cornwall semble plus que jamais d’actualité. Au Monoprix, elle présentera “Citoyens Modèles” une exposition interrogeant l’exercice du pouvoir de l’État outre-Atlantique. 

 

Rencontres d’Arles 2024, du 1er juillet au 29 septembre 2024 à Arles et dans sa région.
Découvrez la programmation complète sur le site du festival.