Où se tiendra la première biennale d’art curatée par un robot?
Si l'inauguration de sa neuvième édition a été reportée au 28 juin prochain, la Biennale d'art contemporain de Bucarest promet déjà de marquer l'histoire en 2022. Avec le concours du studio viennois Spinnwerk, le commissariat de sa dixième édition sera confié à un robot nommé Jarvis, qui parcourra les bases de données afin d'établir une sélection d'artistes et de créateurs exposés ensuite dans une galerie en réalité virtuelle. Un projet curatorial inédit presque intégralement réalisé par l'intelligence artificielle.
Par Matthieu Jacquet.
Ces derniers mois nous l’ont davantage prouvé que jamais : l’art peut aujourd’hui se vivre exclusivement par le virtuel. Qu’elle se trouve provoquée par des expositions virtuelles, des œuvres en réalité augmentée ou encore des jeux vidéos, l’expérience esthétique se transforme à mesure où l’art numérique s’impose dans une réalité parallèle à celle de notre monde matériel familier. Mais qu’en est-il lorsque la technologie s’invite à l’origine même de la création? L’année dernière, l’université d’Oxford dévoilait la première artiste-robot nommée Ai-Da, dont on pouvait découvrir en ses lieux plusieurs peintures. Aujourd’hui, le monde de l’art semble pousser d’un cran son investigation des technologies contemporaines en annonçant pour 2022 la toute première biennale dont le commissariat sera assuré exclusivement par l’intelligence artificielle.
Organisée depuis 2005 dans la capitale roumaine, la Biennale d’art de Bucarest est pourtant loin d’en être à sa première édition. Cette année, elle accueille notamment le commissaire néerlandais Henk Slager pour une programmation sous le thème “Farewell To Research” (“Adieux à la recherche”) dont l’inauguration a été reportée au 28 juin prochain et se tiendra finalement en ligne. Malgré ces circonstances exceptionnelles, la période actuelle est aussi l’occasion pour la biennale roumaine d’annoncer la grande nouveauté de son édition suivante : une direction artistique confiée à un robot. Pendant les deux prochaines années, ce robot nommé Jarvis – une référence à un personnage du comics Iron Man – sera en effet entraîné par son studio Spinnwerk à Vienne. Il y apprendra d’abord une série de “concepts clés” puis parcourra les bases de données des musées, universités, galeries et autres centres d’art à travers le prisme de ces concepts, comme l’a expliqué le fondateur du studio Razvan Ion au quotidien The Art Newspaper. En découlera une sélection d’artistes, de créateurs et de lieux artistiques exclusivement déterminée artificiellement, qui dressera la liste des futurs participants à la biennale.
Autre nouveauté de cette dixième édition : si la Biennale de Bucarest se tiendra, comme à son habitude, dans des espaces de la ville, elle investira également une galerie en réalité virtuelle. Dès octobre prochain, le studio Spinnwerk dévoilera la plateforme qui accueillera en mai 2022 cette manifestation inédite, accessible dans le monde entier. Une initiative immersive particulièrement visionnaire qui promet de faire date dans un calendrier international déjà très rempli par les biennales d’art contemporain.
Biennale de Bucarest, du 19 mai au 17 juillet 2022.