27 fév 2020

David Hockney, le peintre vivant le plus cher exposé à Londres

Pas de peintures bleues ni de piscines californiennes dans l’exposition "David Hockney : Drawings from Life" à la National Portrait Gallery de Londres. Le grand maître du paysage est ici exposé en tant que dessinateur, cette fois-ci amoureux du portrait. Alors que l’artiste de 82 ans figure parmi les plus grands – et plus chers – peintres actuels, 150 de ses dessins sont rassemblés dans cette exposition majeure qui sera présentée du 27 février au 28 juin 2020.

Les mains posées sur les genoux, des pouces que l’on devine entremêlés, le regard bleu levé au loin, rêveur. Quelques traits fins suggèrent ici et là les replis de la peau. Noire, une robe tachetée dont les pois s’éparpillent sur la feuille. Voilà la douceur d’un dessin qui, avec cinq couleurs esquissées représente la mère de l’artiste. Avec cette attention au détail sans pareille, mélange de pleins et de vides, David Hockney rend toute la tendresse qui le lie à son modèle. En une pose de face pour la plupart, les visages semblent scruter celui qui les dessine. Avec ces portraits, l’exposition rend hommage aux amitiés et relations de l’artiste qui, comme on le sait, puise dans son entourage la plupart de ses sujets.

 

Une galerie de dessins intimistes

 

Les portraits exposés à la National Portrait Gallery sont autant de souvenirs de moments partagés par le dessinateur avec sa mère Laura Hockney, son amie Celia Birtwell, son manager et curateur Gregory Evans ou encore Maurice Payne, son imprimeur. Ces quatre figures importantes dans la vie de l’homme reviennent sans cesse, des années 50 à aujourd’hui, sous un autre angle, avec d’autres couleurs, d’autres poses et les stigmates du temps. Le visage de Hockney lui-même y apparaît au travers d’autoportraits répétés, comme pour mettre en relation ces personnages de l’intime avec leur auteur. Issues de collections privées pour la plupart, ces œuvres peu connues sont longtemps restées inédites. Parmi elles, on retrouve même des dessins préparatoires, des carnets datant de ses années d’école à Bradford et une version antérieure de sa peinture My Parents.

 

C’est donc toute une partie méconnue du travail de David Hockney qui est mise à l’honneur par le musée britannique. Après la phénoménale rétrospective que lui consacrait le Centre Pompidou en collaboration avec la Tate Britain et le Metropolitan Museum de New-York en 2017, la National Portrait Gallery retrace la trajectoire de sa pratique du dessin en revisitant ces cinq sujets de prédilection. Au crayon, à la craie ou au stylo, en passant par l’aquarelle, l’encre et des outils moins traditionnels comme des applications d’Iphone et d’Ipad, les portraits revêtent les explorations plastiques de l’artiste. 

Un terrain de jeu

 

Plus qu’un regard sur le monde, on peut voir dans ces portraits un lieu d’expérimentation d’idées et d’esquisses pour les peintures que l’artiste réalisa tout au long de sa vie. On remarque d’ailleurs les évolutions de son style, passant de la simple épure au collage cubiste, trahissant des influences néo-classiques. De Hans Holbein à Matisse, sans oublier Ingres et Picasso, les inspirations de David Hockney sont multiples et se recoupent à travers les époques.

 

L’exposition rend compte notamment des exercices auquel le dessinateur s’est plié avec obsession, comme lorsque, pendant les années 80, il réalisait un autoportrait chaque jour, dans une éternelle introspection. Ainsi, l’univers de ce grand peintre, moult fois célébré et élevé au rang des plus grands maîtres, se décline ici en une variation continue d'un visage, d’une époque, d’un lieu. À travers le temps se dessinent, en filigrane, les thèmes de prédilection de David Hockney, culminant dans la série de portraits récents de ces amis cités plus haut. Une fois de plus, l'artiste se révèle être un fidèle à sa propre pratique : l'un de ceux dont le paysage intérieur baigne dans les mêmes teintes et rend grâce à ceux qui le nourrissent. 

 

"David Hockney: Drawings from life" à la National Portait Gallery de Londres, du 27 février au 28 juin 2020.