24 août 2022

Le célèbre artiste Frank Stella permet d’imprimer ses sculptures en 3D grâce aux NFT

Figure majeure de l’Op art et de l’art abstrait depuis les années 60, l’Américain Frank Stella continue encore de repousser les limites du support de l’œuvre d’art. Après ses peintures en reliefs et ses sculptures composites faites d’entrelacs et de formes géométriques, l’artiste s’allie à l’organisation Artists Right Society et sa nouvelle plateforme numérique Arsnl pour un projet inédit : la mise en vente le 9 septembre de 22 sculptures virtuelles grâce à la technique du NFT, qui pourront être imprimées en 3D par leurs propriétaires s’ils le souhaitent.

Imprimer soi-même en 3D une sculpture signée par l’un des plus grands artistes de notre époque ? Tel est l’opportunité offerte par l’Américain Frank Stella, figure majeure de l’art abstrait de la seconde moitié du 20e siècle avec le concours d’Arsnl, nouvelle plateforme numérique créée par l’organisation américaine Artists Right Society. Prolongeant sa mission de protection des artistes et de leurs droits d’auteur, cette dernière s’est emparée avec ce projet inédit d’un phénomène qui a récemment bouleversé le monde de l’art : les NFT, pour “non fungible tokens” (“jetons non fongibles”), procédé informatique permettantd’encrypter des informations dans un fichier numérique et ainsi le rendre unique. Cette technique, ouvrant à l’authentification des créations virtuelles et à leur commercialisation, n’a pas manqué d’attirer la spéculation du monde de l’art depuis la vente record de l’œuvre virtuelle Everydays: The First 5 000 days de Beeple en mars 2021, adjugée alors 69,3 millions de dollars par la maison Christie’s. À travers ce premier projet qui mettra en vente 22 sculptures virtuelles le 9 septembre sur le site d’Arsnl, Frank Stella –membre de longue date de l’Artists Right Society – et la plateforme apportent une plus-value au NFT : en plus des œuvres numériques, l’artiste et la plateforme fourniront en exclusivité à leurs acquéreurs les outils pour les faire imprimer en 3D à leur guise.

 

Connu depuis le début des années 60, à une époque encore dominée par l’expressionnisme abstrait dans la peinture occidentale, Frank Stella s’est affirmé par ses compositions interrogeant le support même de l’œuvre par des jeux de formes géométriques et de couleurs unies, créant des motifs souvent hallucinatoires. Considéré comme l’une des représentants de l’Op art mais aussi l’un des précurseurs du minimalisme, l’artiste né en 1936 a toujours envisagé la peinture comme une technique allant au-delà de la toile : souvent faites de croisements et entrelacs de lignes droites, courbes et obliques, ses œuvres pensées en séries s’approchent de plus en plus du volume au fil des années et décennies, jouant sur les découpes dans l’aluminium, la gravure ou encore la teinture pour jouer avec la perception du spectateur. Si ses sculptures entamées dans les années 80 emploient des matériaux aussi divers que l’acier, le béton ou la fibre de verre, l’artiste ne s’en est pas moins montré par la suite sensible aux innovations technologiques : ainsi, dès la démocratisation de l’impression 3D, il commence à utiliser cette technique pour ses pièces en volume dont la complexité et la précision ne peuvent être obtenues que par une modélisation virtuelle. Ce n’était donc qu’une question de temps avant que l’Américain, désormais âgé de 86 ans, orchestre la rencontre entre cette technique et les nouvelles possibilités apportées aux artistes par les évolutions informatiques.

Dans une optique de démocratisation de son art, les 22 sculptures NFT de Frank Stella seront mises en vente sur le site d’Arsnl à 1000 dollars l’unité, avec 100 exemplaires disponibles pour chaque modèle. Reprenant ses principes plastiques phares, ces œuvres virtuelles intégralement blanches s’inspirent parfois directement de sculptures monumentales de l’artiste : des agrégats de volumes courbes, de lignes anguleuses ou sinueuses y dessinent des chemins parfois tortueux qui rappellent aussi bien la végétation que les montagnes russes d’un parc d’attraction. Selon les volontés et moyens de leurs propriétaires, ces formes pourront donc ainsi être imprimées à divers formats à partir de la base d’instructions fournie avec le NFT, ouvrant à une certaine liberté concernant le devenir de l’œuvre : celle-ci pourra rester uniquement virtuelle, être déclinée en miniature voire produite dans des dimensions bien plus grandes.

 

Mais le projet innovant de Frank Stella a également un objectif lié à la mission historique d’Artists Right Society, qui compte aujourd’hui plus de 70 000 artistes parmi ses membres : celle de protéger et d’encadrer les droits d’auteur sur les œuvres et leur circulation marchande dès leur origine – une mission d’autant plus importante qu’elle s’applique à un marché émergent encore difficilement contrôlé. “Nous pouvons intégrer [dans ces NFT] des droits de revente, confie l’artiste à ARTNews, quelque chose sur lequel nous travaillons, souvent en vain, depuis des décennies. Ce serait formidable que la technologie puisse nous apporter ce que le gouvernement ne nous apportera jamais.”  Intitulé Geometries, le projet de Frank Stella apporte encore une autre perspective à l’utilisation des NFT, déjà très prisée par de nombreux artistes contemporains : si Jeff Koons prévoit d’envoyer sur la Lune des sculptures miniatures dont les versions numériques seront mises en vente sur notre planète, Damien Hirst a récemment acté l’autodafé de plus de 4000 de ses œuvres sur papier, dont les acheteurs avaient préféré acquérir la version numérique en signant sciemment la destruction de leur pendant physique. Afin d’attiser l’attente jusqu’à l’ouverture de la vente des œuvres de Frank Stella le 9 septembre, Arsnl a lancé un compte à rebours sur son site depuis le 16 août dernier. Si le projet fait mouche, il ne fait aucun doute qu’Artists Rights Society utilisera cette nouvelle plateforme pour d’autres initiatives innovantes de cet ordre. On peut déjà imaginer des projets NFT concernant des artistes tels qu’Andy Warhol, Mickalene Thomas, Jenny Holzer ou encore Kenny Scharf.

 

 

Découvrez les 22 sculptures NFT de Frank Stella sur le compte Instagram d’Arsnl. Celles-ci seront mises en vente dès le 9 septembre sur arsnl.art