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À Asia Now 2022, Nicolas Trembley met l’artisanat traditionnel japonais en majesté
Asia Now poursuit son exploration des scènes artistiques du continent asiatique, en installant ses 78 galeries à la Monnaie de Paris. À cette occasion, une carte blanche est donnée à Nicolas Trembley pour une exposition consacrée au mouvement Mingei, attaché à revaloriser l’artisanat traditionnel japonais, et à ses héritiers contemporains et internationaux.
Par Thibaut Wychowanok.
Ce sont des objets du quotidien. Des céramiques traditionnelles et modestes. Des kimonos des Aïnous, un ethnie du nord du Japon. Ou encore un plateau de laque réalisé par des moines. Ce sont, parmi tant d’autres, les objets Mingei qui sont exposés par Nicolas Trembley à la foire Asia Now du 21 au 23 octobre. Lorsque le philosophe et esthète Soetsu Yanagi crée en 1925 ce mouvement au Japon – littéralement “artisanat du peuple” – avec les céramistes et potiers Kanjiro Kawai et Shoji Hamada, son objectif est simple : promouvoir un art populaire, humble, artisanal, naturel et sincère. “Le premier cercle d’artistes Mingei sillonait tout le pays à la recherche de chaussures en paille, de peaux réalisées par des paysans ou de boro, ces textiles patchés. Des objets qui n’avaient pas vraiment de valeur monétaire, explique Nicolas Trembley. Les propres œuvres de ces artistes inspirés par l’artisanat populaire devaient elles aussi, à l’origine, rester anonymes.”
Elles n’en sont pas moins devenues les nouvelles coqueluches des collectionneurs avertis (comme Takashi Murakami) et d’un monde de l’art qui, depuis quelques années, redécouvrent la céramique et le textile. Nicolas Trembley a ainsi initié sa série d’expositions Mingei avec la méga galerie Pace (le fondateur Arne Glimcher est lui-même un passionné). Il y fait dialoguer les perles japonaises avec des créations, dans le même esprit, issues de toute l’Asie ainsi qu’avec des réalisations contemporaines. À Asia Now, les frères Bouroullec présentent une nouvelle chaise produite au Japon dans la pure tradition Mingei, utilisant des techniques ancestrales ou locales pour réaliser un objet contemporain. Kazunori Hamana, l’un de ses très recherchés pots en laque japonaise.
On y découvrira aussi un sublime tabouret Butterfly de Sori Yanagi (assitant de Charlotte Perriand de 1940 à 1942). Hors les murs, Nicolas Trembley continue ses dialogues fertiles au musée Guimet, avec une pas- sionnante exposition consacrée à la trop méconnue céramique de Wilfredo Lam. L’artiste cubain, proche de Picasso et des surréalistes, auteur d’une peinture métissée, a réalisé cette série d’œuvres dans les années 70, quelques années avant sa mort. Elles converseront avec les porcelaines chinoises de la dynastie Qing du musée.